Le Maroc dans un monde économique en recomposition
Point presse d’Allianz Trade animé par Luis Dalmau Taules, économiste pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez Allianz Trade © LeBrief / Ayoub Jouadi
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C’est dans une salle sobre du Kenzi Tower Hôtel à Casablanca que s’est tenu, un point presse organisé par Allianz Trade. Devant une audience composée de journalistes économiques, de banquiers et d’analystes, Luis Dalmau Taules, économiste en charge de l’Afrique et du Moyen-Orient chez Allianz Trade, a déroulé un exposé dense, ponctué de chiffres, de comparaisons régionales et de projections mondiales. Objectif : offrir une grille de lecture claire sur la situation macroéconomique actuelle. Une sorte de boussole dans un monde où l’incertitude semble être devenue la norme.
Une inflation qui s’installe, malgré la politique monétaire
Premier sujet abordé : l’inflation. Si les taux d’inflation ont reculé par rapport aux pics atteints en 2022, ils restent globalement au-dessus des objectifs fixés par les banques centrales. Luis Dalmau parle d’une désinflation lente, marquée par la résilience des prix des services et une augmentation structurelle des salaires dans les économies développées.
Le Maroc trace une nouvelle voie pour son commerce extérieur
La Banque centrale européenne, par exemple, devrait maintenir une posture prudente malgré une inflation en repli : « Elle ne peut pas encore baisser les taux brutalement », explique l’économiste. Même prudence du côté de la Fed, la banque centrale américaine, qui jongle entre maintien de la croissance et maîtrise de l’inflation cœur.
Cette inflation persistante a des conséquences : elle freine la consommation, pénalise l’investissement et complique les arbitrages budgétaires dans les pays émergents, particulièrement ceux où les marges de manœuvre fiscales sont déjà étroites.
Le commerce mondial en perte de vitesse
Autre signal faible confirmé par Allianz Trade : le ralentissement du commerce international. « Nous observons une fragmentation croissante », souligne Luis Dalmau. Concrètement, cela signifie que les échanges internationaux sont moins dynamiques, davantage régionalisés et souvent perturbés par des considérations géopolitiques.
La montée du protectionnisme, les tensions entre grandes puissances et la volonté de relocaliser certaines productions stratégiques modifient durablement le paysage commercial mondial. Ce phénomène touche de plein fouet les économies exportatrices comme l’Allemagne, la Chine ou le Japon.
Mais il ouvre aussi des fenêtres d’opportunité pour des pays comme le Maroc, qui bénéficient d’un effet de redéploiement des chaînes de valeur : « Certains pays qui étaient perçus comme périphériques peuvent devenir des partenaires centraux dans un monde plus polarisé », affirme l’économiste.
La Chine, l’Europe et les États-Unis à des vitesses différentes
Luis Dalmau dresse ensuite un panorama des grandes économies. Aux États-Unis, la croissance reste relativement solide, portée par la consommation intérieure, mais pourrait se tasser sous l’effet des taux d’intérêt élevés. En Europe, la situation est plus fragile : « On est dans un contexte de stagnation prolongée », observe-t-il, notamment en Allemagne, poids lourd industriel très dépendant du commerce mondial.
Quant à la Chine, elle entre dans une nouvelle phase de sa trajectoire économique. « La croissance y est toujours là, mais elle repose désormais moins sur l’immobilier et plus sur la demande interne et la technologie ». Toutefois, l’économiste reste prudent : l’endettement massif des collectivités locales et la démographie déclinante pourraient peser sur les perspectives à moyen terme.
Economie : ça sera bien plus compliqué pour les pays en développement
Et le Maroc dans tout ça ?
Même si le point presse était centré sur les tendances globales, l’économie marocaine n’a pas été oubliée. À la question d’un journaliste de LeBrief sur la résilience du Maroc, Luis Dalmau a souligné la capacité du Royaume à attirer les investissements étrangers, à diversifier ses partenaires commerciaux, et à maintenir une stabilité macroéconomique dans un environnement mondial agité.
Le pays bénéficie de ses accords de libre-échange, de sa proximité géographique avec l’Europe, mais aussi de l’émergence de nouveaux secteurs comme l’automobile, l’aéronautique ou encore les énergies renouvelables. « Le Maroc a une carte à jouer dans la nouvelle géographie économique », conclut l’économiste, tout en rappelant que les vulnérabilités liées à la sécheresse et à la dépendance énergétique demeurent des défis à long terme.
Le tableau dressé à Casablanca par Allianz Trade n’est pas apocalyptique, mais lucide. Le monde ne s’effondre pas, mais il ralentit. Il ne se désintègre pas, mais il se reconfigure. Dans ce contexte, la clé sera l’adaptabilité. Pour les entreprises comme pour les États, la résilience passera par la diversification, l’investissement stratégique et la capacité à lire les signaux faibles. En somme, faire preuve de clairvoyance dans un monde qui, lui, l’est de moins en moins.
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Sabrina El Faiz - 30 août 2025
Excellent travail , j’aimerai bien votre façon d’explication et comment vous dirigez les informations vers nous merci bien et bonne continuation