Drones, capteurs, intelligence artificielle. Cette semaine au SIAM, l’agriculture marocaine s’affiche sous des airs futuristes. Le « smart farming » est présenté comme la solution miracle : optimiser les récoltes, économiser l’eau, et propulser le secteur dans l’ère numérique. La promesse est séduisante. Une révolution technologique prête à transformer les champs marocains en hubs d’innovation. Mais derrière les démonstrations et les discours enthousiastes, une réalité bien moins brillante se dessine : à qui profite réellement cette modernité ?
Le Maroc affiche depuis des années son ambition de digitaliser son agriculture. Génération Green, startups agri-tech, partenariats internationaux… tout semble aligné pour faire des terres marocaines un laboratoire du futur. Pourtant, sur le terrain, ce futur paraît lointain. La majorité des agriculteurs marocains gèrent de petites exploitations, souvent familiales, avec des ressources limitées et des difficultés accrues face à la sécheresse et aux fluctuations des marchés. Pour eux, le « smart farming » reste un concept, plus proche du slogan que de la réalité quotidienne.
La fracture est évidente. Tandis qu’une minorité d’acteurs, bien capitalisés, peut accéder à ces technologies, le reste du tissu agricole observe cette révolution depuis la marge. Ce décalage risque d’amplifier les inégalités au sein même du secteur, creusant l’écart entre une agriculture industrielle connectée et une agriculture vivrière laissée à l’abandon numérique.
Au-delà de l’accès aux outils, c’est la question de la dépendance technologique qui se pose. Ces solutions high-tech sont rarement conçues localement. Elles viennent de multinationales ou de startups étrangères, avec des systèmes propriétaires, des plateformes cloud externes et des contrats qui lient davantage qu’ils ne libèrent. En misant aveuglément sur ces technologies importées, le Maroc pourrait troquer sa vulnérabilité climatique contre une vulnérabilité numérique. La souveraineté agricole ne se mesure pas seulement en hectares cultivés, mais aussi en contrôle des outils qui permettent de produire.
Refuser l’innovation serait une erreur stratégique. Face à la crise hydrique, à la pression démographique et aux exigences des marchés internationaux, le Maroc doit moderniser son agriculture. Mais cette modernisation ne peut être une simple importation de solutions toutes faites. Elle doit être pensée, adaptée et maîtrisée.
Le pays doit investir dans des technologies développées localement, accessibles aux petites et moyennes exploitations. Il est essentiel d’accompagner les agriculteurs par la formation et de structurer des coopératives capables de mutualiser ces outils. Enfin, la donnée agricole marocaine, véritable or numérique, doit rester sous contrôle national, protégée des appétits extérieurs.
L’agriculture intelligente ne se résume pas à l’accumulation de capteurs ou à l’usage d’algorithmes sophistiqués. Elle repose sur une vision où l’innovation renforce l’autonomie, l’inclusion et la résilience du secteur.
Le danger n’est pas la technologie. Le vrai danger, c’est de croire qu’elle suffira à elle seule à régler des problèmes profondément enracinés, sans repenser le modèle agricole dans son ensemble.
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