À l’approche du 1ᵉʳ mai, l’agenda social reprend ses droits, comme chaque printemps. Le chef du gouvernement et ses ministres retrouvent, autour de la table, les leaders des principales centrales syndicales et les représentants du patronat. À l’ordre du jour : les habituels dossiers sensibles — réforme des retraites, révision du Code du travail, amélioration des revenus et autres revendications sociales majeures.
Cette scène, devenue presque rituelle, semble répondre davantage à une logique de calendrier qu’à une urgence sociale réelle. À première vue, un rituel démocratique. Mais à y regarder de plus près, une mécanique bien rodée, qui tourne à vide. Le décor est familier. Les rôles sont distribués. Mais l’enjeu, lui, reste flou, comme suspendu entre intentions affichées et actes différés.
D’un côté, le patronat. Toujours prompt à freiner des quatre fers dès qu’une réforme touche à ses marges. Il demande des garanties, pose des conditions, réclame du temps. La compétitivité, dit-il. L’investissement, répète-t-il. Mais pendant ce temps, les inégalités s’aggravent et la précarité s’installe. On parle d’effort collectif, mais certains semblent toujours en être dispensés, presque naturellement, sans remise en question. Et c’est bien là que le bât blesse. Car le discours patronal, s’il se veut rationnel et tourné vers la croissance, oublie sciemment les déséquilibres sociaux qu’il contribue à entretenir, voire à approfondir.
De l’autre, les syndicats. Moins combatifs qu’ils ne le furent, plus portés sur la négociation que sur la revendication. L’accord signé en 2024 sur les salaires ? Utile, sans doute, mais largement insuffisant. Il a offert une respiration, pas une solution pérenne. Les grandes réformes, elles, sont restées à quai. Le dossier des retraites, par exemple, avance à pas comptés — et sans véritable ligne syndicale claire.
Le gouvernement, lui, orchestre l’ensemble en veillant à ne fâcher ni l’un ni l’autre. Ce déséquilibre empêche tout progrès réel. On entretient la fiction d’un dialogue équilibré, alors qu’il s’agit souvent d’un échange asymétrique où les décisions majeures sont diluées dans des compromis techniques, souvent vidés de leur substance.
Le risque, à terme, est une perte de confiance généralisée : dans les institutions, dans les représentants des travailleurs, dans le principe même de concertation sociale. Or, le pays ne peut plus se contenter de ces demi-mesures. Les attentes sont fortes, les tensions sociales bien réelles, et le statu quo devient dangereux. Ce dialogue ne produira d’effets que si les lignes bougent réellement.
À force de répéter les mêmes scènes, le théâtre social finit par lasser. Il serait temps de revoir le scénario.
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