Carburants : le Maroc à contre-courant des prix internationaux
Une voiture dans une station de service © depositphotos
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Malgré quelques baisses timides enregistrées ces dernières semaines, les prix des carburants restent anormalement élevés comparés aux niveaux que justifieraient les cours internationaux du pétrole et le taux de change du dollar. Cette incohérence est d’autant plus flagrante dans le contexte actuel où les prix du brut s’effondrent sur les marchés mondiaux.
Après l’entrée en vigueur des droits de douane annoncés par Donald Trump, les cours du pétrole ont fortement chuté. Ce mercredi matin, vers 8H30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin reculait de 3,69% à 60,50 dollars, après avoir atteint un plus bas de 60,13 dollars — un niveau inédit depuis février 2021. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en mai, dégringolait de 3,89% à 57,26 dollars, après avoir touché 56,70 dollars. Dans ce contexte de baisse marquée des prix à l’international, le maintien de prix élevés à la pompe au Maroc interroge plus que jamais.
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Pour Houcine Yamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz, cette situation est le résultat d’un marché verrouillé par une minorité d’acteurs et d’un manque flagrant de régulation. Il estime que si la formule de calcul des prix appliquée avant la libéralisation de 2015 était toujours en vigueur, les prix à la pompe seraient bien inférieurs à ceux pratiqués aujourd’hui. Yamani dénonce une concurrence faussée par la domination de quelques opérateurs qui contrôlent la distribution, le stockage et les infrastructures portuaires, leur permettant de fixer des marges élevées sans réel contrôle. Il appelle l’État à intervenir de manière ferme et urgente pour réguler le marché, encadrer les prix et garantir aux citoyens un accès équitable à une énergie abordable.
Des prix à la pompe au-dessus des niveaux justifiés
Depuis début avril 2025, les prix des carburants dans les stations-service atteignent des sommets : plus de 11 DH le litre de gasoil, et jusqu’à 13 DH pour l’essence. Or, selon Houcine Yamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz, ces prix sont largement supérieurs à ce qu’ils devraient être.
« Si l’on appliquait la formule de calcul utilisée avant la libéralisation du secteur en 2015, le litre de gasoil ne dépasserait pas 9,73 DH, et celui de l’essence 11,12 DH », explique-t-il. Ces chiffres sont basés sur les cours internationaux du pétrole et sur le taux de change du dollar.
Pour Yamani, l’écart entre les prix théoriques et les prix réels est révélateur : « Cela montre clairement que les marges réalisées par les distributeurs sont exagérées », dit-il. Il déplore l’inefficacité des autorités de régulation, notamment du Conseil de la concurrence, dont les interventions restent sans impact concret sur les prix.
Cette hausse des prix des carburants pèse lourdement sur les ménages, en particulier ceux à revenu modeste. « Le carburant est un produit stratégique. Quand son prix augmente, c’est toute l’économie domestique qui est impactée, du transport aux produits alimentaires », rappelle Yamani.
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Appel à une réforme globale
Au-delà des prix, Yamani critique la structure même du marché. « Ce n’est pas un marché libre. Une poignée d’opérateurs contrôlent la majorité des parts, les installations de stockage et les infrastructures portuaires », dénonce-t-il. Ce déséquilibre empêche tout véritable jeu de la concurrence et bloque la baisse des prix au profit des consommateurs. Pour lui, la libéralisation du secteur opérée en 2015 a échoué.
À cet égard, Yamani appelle à des mesures urgentes pour protéger le pouvoir d’achat : plafonnement temporaire des prix, révision de la fiscalité sur les carburants, et régulation des marges.
Parmi les solutions proposées, la relance de la raffinerie La Samir à l’arrêt depuis 2015 revient avec insistance. « Cette infrastructure est essentielle pour assurer la souveraineté énergétique du Royaume, réduire la facture d’importation et créer des emplois », soutient Yamani, également président du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole. Il plaide d’ailleurs pour une réforme fiscale sur les produits pétroliers et une réduction des coûts logistiques.
Enfin, pour Yamani, l’heure est grave. « Il ne s’agit pas seulement de carburant. C’est toute une logique de rente qui se perpétue au détriment du citoyen. L’État doit reprendre la main ». Il appelle à une réforme globale du secteur, encadrée par une volonté politique forte. « Nous ne pouvons pas continuer à laisser une minorité dicter les règles du jeu. L’accès à une énergie abordable est un droit fondamental et un levier essentiel pour la justice sociale », conclut-il.
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