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Pain cancérigène au Maroc : les précisions des professionnels du secteur

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La Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC) a bouleversé les Marocains en avançant que le pain commercialisé sur le marché contiendrait des produits toxiques qui provoquent des maladies graves, dont le cancer. Une affirmation qui a été très vite condamnée et rejetée par plusieurs professionnels du secteur du pain. L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a en plus assuré que la production nationale de blé est conforme en matière de sécurité sanitaire et que la totalité des céréales importées est rigoureusement contrôlée par ses inspecteurs.

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La Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC) a remis en question la qualité du pain vendu sur le marché marocain, affirmant qu’il contient des produits qui provoquent des maladies graves, dont le cancer. La FMDC a déclaré dans un communiqué récent que les céréales utilisées dans le pain commercialisé au Maroc sont des « organismes génétiquement modifiées »(OGM). Ces OGM provoqueraient, selon la même source,un changement dans la texture du pain en raison de l’augmentation des quantités d’amidon. Ainsi,la FMDC met en garde contre l’élimination des fibres alimentaires et contre la surutilisation ou l’ajout d’autres produits inutiles, notamment le sel et le sucre. La fédération a dénoncé que le pain vendu surlemarchécontient plus de trois grammes de sucre par unité. Elle a également déplorél’utilisation de la levure chimique et d’eau contenantdu chlore lors de la préparation du pain. Les produits utilisés dans ce dernier, en l’absence de fibres alimentaires, entrainent plusieurs maladies, telles que le cancer du côlon, l’obésité, la dépression, l’eczéma, ainsi que des allergies, affirme Bouazza El Kharrati, le président de la FMDC.

Étantle produit leplus consommé au Maroc, l’utilisation de composants cancérigènes pour sa préparation alarme les citoyens, en particulier les personnes qui ne peuvent pas ou n’ont pas le temps pour préparerdu pain à la maison. De plus, l’associationdes droits des consommateurs a également condamné le manque de contrôle de qualité, en particulier au niveau des moulins, des points de vente et de la distribution du blé et du pain. À travers son communiqué, la FMDC a exigé queles agriculteurs et les producteurs disposent d’un registre énumérantles pesticides qu’ils utilisent, et a souligné la nécessité d’une accréditation sanitaire et d’une mise en place de systèmes de contrôle sanitaire des importations des céréales. De plus, elle a mis en garde contre l’utilisation de farine sans fibres et du sucre dans la production de pain, et a réclamé que les boulangeries définissent les quantités exactes de sel ajouté.

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La FMDC n’a aucune preuve

Face à la gravité des affirmations de la FMDC et de son président, les autres composantes du secteur du pain, notamment la Fédération nationale de la minoterie (FNM), la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie (FNBP), et l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), se sont empressées de réagir pour rassurer les consommateurs. Abdellatif Izem, le directeur de la FNM, a assuré à TelQuel que les minoteries du Royaume ne fabriquent «que des produits non modifiés génétiquement», et qu’elles «disposent de laboratoires qui veillent à ce que le guide des bonnes pratiques soit respecté». Publié sous forme d’arrêté ministériel, ledit guide de bonnes pratiques sanitaires est nécessaire à la délivrance des autorisations sanitaires aux moulins par l’ONSSA, explique Abdellatif Izem. Et de préciser que les minoteries font régulièrement l’objet de contrôles, visant à garantir la qualité sanitaire des produits fabriqués.

De son côté, Lhoucine Azaz, président de la FNBP, juge que le communiqué de la FMDC est «bizarre», d’autant plus que «l’ONSSA suit de très près la production, le stockage et la distribution du blé, avant, mais aussi pendant et après sa transformation». «Si la fédération dispose de preuves ou de résultats d’analyses qui indiquent que le pain que consomment les Marocains est cancérigène, qu’elle les partage avec les composantes de la chaîne de production, pour qu’on puisse y remédier», a-t-il lancé. Oukked Mohamed, président de l’association des boulangeries et pâtisseries à Salé, a pour sa part affirmé à la chaine de télévision Al Oula: «je voudrais rassurer les consommateurs et leur dire que l’ensemble des produits que nous utilisons sont validés par l’ONSSA. Nous ne pouvons en aucun cas utiliser des composants illicites. Les garde-fous sont omniprésents pour dissuader les éventuels contrevenants».

Les précisions de l’ONSSA

Contacté par notre rédaction, le service communication de l’ONSSA nous a indiqué que «le blé marocain ne contient pas de produits toxiques ni d’OGM. La production nationale de blé est conforme en matière de sécurité sanitaire. La totalité du blé importé est contrôlée sur le plan physico-chimique (mycotoxines, résidus de pesticides et des métaux lourds). D’ailleurs, il n’existe pas de blé OGM commercialisé au niveau international». La même source a également tenu à préciser que «les céréales sont bien évidemment contrôlées à l’importation et au niveau du marché local. Le blé importé est soumis au contrôle systématique des services de l’ONSSA, notamment en matière de conformité et de sécurité sanitaire». S’agissantdu marché local, des inspecteurs sont mobilisés parl’ONSSA pour contrôler «les céréales au niveau des établissements de stockage autorisés, et ce dans le cadre des visites sanitaires de suivi en procédant également aux vérifications nécessaires de leur conformité et sécurité sanitaire». «Aussi plus de 90 établissements de stockage des céréales et 132 minoteries industrielles sont autorisés sur le plan sanitaire et contrôlé régulièrement par l’ONSSA», soutient notre source.

Enfin, concernant «les boulangeries qui fabriquent et vendent directement le pain au consommateur final, elles sont contrôlées par des commissions mixtes préfectorales regroupant plusieurs départements ministériels».L’ONSSA avance dans ce sensqu’en 2020 «ces commissions mixtes ont réaliséplusde 20.000 visites de contrôle, y compris celles des boulangeries. Pour les boulangeries industrielles, elles sont soumises à l’autorisation et au suivi sanitaire régulier de l’ONSSA. Actuellement, il y a116 unitésautorisées par l’ONSSA sur le plan sanitaire».

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