Industrie automobile, ou le défi de se repositionner dans un nouvel ordre mondial

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L’industrie automobile mondiale négocie un virage à 360° dicté par le contexte post-Covid. Les chaines de valeurs seront inéluctablement redessinées, et celles logistiques raccourcies. Le Maroc sera-t-il capable de se mettre au niveau et même de bénéficier de cette restructuration ?

Se positionner rapidement ou quitter la course

Un nouvel ordre mondial se profile, ou plutôt désordre mondial, commente l’Économiste dans son édition du mercredi 27 mai. Désordre, car la tendance sera à la relocalisation des usines en Europe, à la préférence nationale et au protectionnisme, voire une nouvelle génération de normes et exigences techniques, environnementales, des barrières non tarifaires… Comment donc le Maroc pourrait-il rester compétitif dans la course mondiale à l’attraction des investissements étrangers (IDE) dans le secteur? Ou, simplement, comment devra évoluer la chaîne de production pour limiter les dégâts?

Hakim Abdelmoumen, président de la Fédération de l’automobile (FA), estime qu’il va falloir se positionner sur la nouvelle mobilité, notamment avec la mise en place des Cités des métiers. Objectif: se positionner rapidement sur le marché des véhicules électriques, hybrides, voire autonomes, et former de nouvelles compétences marocaines dans ces périmètres encore inexploités. De même, pour améliorer l’ancrage territorial des investissements, les régions doivent être impliquées pour créer des «spécialités locales» à l’avenir. Autre levier stratégique, la mise en place de mécanismes de financements dédiés à ce type de montages et d’activités fortement capitalistiques, ainsi que renforcer la présence de capitaux marocains dans le tissu industriel automobile.

Relance d’un secteur paralysé, le cahier de doléances de la CGEM

Le poids qui repose sur les épaules de la Fédération de l’automobileest grand, et pas que sur le volet industriel mais également sur celui de la demande interne. Une enquête menée par la CGEM, dont la FA est membre, auprès des entreprises dudit secteur a révélé une baisse d’environ 50% du CA et de près de 60% de l’emploi, rapporte Les Inspirations Eco dans sa mouture du 27 avril. Un effondrement qui se traduit principalement par une activité industrielle à l’arrêt ou au ralenti et un plongeon de la demande en voitures neuves (-86% en avril).

Pour soutenir l’industrie automobile, l’intégration locale et l’activité d’export, il a été proposé de structurer les importations de pièces de rechanges déjà produites localement et de renforcer le contrôle normatif au laboratoire. Via la CGEM, la FA demande également d’arrêter les importations de véhicules d’occasion et de pièces de rechange d’occasion. Enfin, elle exige l’exonération des charges de CNSS et d’IR à partir de juin et ce jusqu’en décembre 2020 pour le maintien de l’emploi (80%) et des contrats affectés sur le Maroc. Autant de mesures nécessaires, sinon vitales, pour venir en aide à un secteur encore florissant il y a quelques mois et désormais paralysé par le Covid-19, commente le quotidien.

Départs envisageables de Renault et de PSA, l’estocade portée à tout un secteur

Pour ne rien arranger, les mastodontes installés au Maroc, Renault et PSA, pourraient reconsidérer leurs implémentations actuelles. Le président Français Emmanuel Macron a annoncé, mardi 26 mai, un vaste plan de soutien à l’industrie automobile française, victime également d’un coup d’arrêt dû à la crise sanitaire.

Depuis l’usine de l’équipementier Valeo à Etaples (Pas-de-Calais), le chef de l’État a égrainé une série de mesures destinées à sauvegarder la filière automobile française et ses 400000 emplois directs : renforcement des aides à l’achat de voitures électriques et hybrides, hausse des primes à la conversion des voitures polluantes, informeMedias 24. Ambition de ce plan de secours : «faire de la France la première nations productrices de véhicules propres en Europe en portant à plus d’un million par an, sous cinq ans, la production de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hybrides». Les constructeurs du secteur ont «pris, en contrepartie, une série d’engagements forts qui consistent à relocaliser la production à valeur ajoutée en France et à consolider et maintenir la production industrielle sur nos sites», a annoncé Emmanuel Macron.

En échange du prêt de 5 milliards d’euros garanti par l’État à Renault, le président de la République aexigé des garanties pour les salariés de Maubeuge et Douai. Après avoir reçu à l’Elysée Jean-Dominique Sénard, son PDG, qui doit dévoiler le 29 mai prochain un plan d’économies de deux milliards d’euros. Cependant, selon Le Figaro, le plan de Renault inclut la suppression de 5000 postes en France d’ici à 2024, principalement par des départs à la retraite non remplacés. Contacté par l’AFP, le constructeur automobile n’a pas souhaité commenter ces informations. La société emploie en France quelque 48000 personnes, soit 27% de ses effectifs globaux. Pour l’instant, aucune information n’a filtré sur les plans futurs de Renault au Maroc, mais il est certain que, face à l’impact sévère que cette crise a engendré et les chaines de valeurs qui vont être redessinée, aucune éventualité n’est à exclure.

Un redémarrage sous le signe de la prudence

Pour l’instant, l’heure est au redémarrage de l’activité de Renault sur son site de Tanger, le deuxième en termes d’importance pour la fabrication des modèles de la marque Dacia, après Pitesti en Roumanie. Selon les dernières informations obtenues par l’Économiste, le site implanté à Melloussa renouvellera une partie de la gamme de modèles fabriqués. Il s’agit de la première révision du Dokker et du Sandero, les deux modèles phares de l’usine de Tanger. Cette dernière assure en temps normal 10% de la production totale de ce constructeur dans le monde. L’usine a repris graduellement depuis le 28 avril en appliquant un vaste plan de sécurité pour éviter les contagions moyennant des caméras de détection de température corporelle, une campagne de sensibilisation du personnel ainsi que des dépistages massifs.

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