Confronté aux nombreux problèmes du secteur de l’éducation nationale du Maroc depuis son accession au poste ministériel en janvier 2018, Said Amzazi fait face désormais à un casse-tête d’un tout autre genre. La pandémie du Covid-19 a pratiquement paralysé l’année scolaire 2019-2020. Ainsi, les élèves du primaire, collège et de la première année de lycée ne retourneront pas sur les bancs des écoles avant le mois de septembre prochain. Seules les épreuves de la première et deuxième année du baccalauréat seront maintenues. Si la prochaine année scolaire est officiellement prévue pour le 3 septembre prochain, la véritable rentrée scolaire n’interviendra que le 1er octobre 2020. La période entre les deux dates servira à combler les déficits enregistrés lors de cette première expérience d’enseignement à distance, a annoncé le ministre de l’Éducation nationale.
Ce dernier était l’hôte mercredi dernier de la Commission de l’enseignement au parlement. L’occasion pour le ministre de faire part d’uneactionque son département compte menerafin de mieux préparer la prochaine rentrée scolaire. Il s’agit dela conception d’un système national d’e-learning, financé par le ministère de l’Économie. L’objectif de ce système étant de développer l’enseignement à distance et de tirer profit de ses multiples avantages, rapporte le quotidien les Inspirations éco dans son édition du vendredi 15 mai 2020.
«À partir de l’année prochaine, nous aurons un système d’enseignement à distance intégré. Car, nous devons nous habituer à vivre avec le virus. Qui nous garantit qu’en septembre prochain, nous n’aurons pas une autre séquence encore plus difficile ? Il faut que nous soyons prêts, pas comme cette fois-ci où la pandémie nous a pris de court», a déclaré Said Amzazi devant la Commission de l’enseignement. Le projet sera discuté au sein de la chambre des représentants lundi prochain.
Le « e-learning »entre prouesses et dysfonctionnements
L’enseignement à distance a enregistré des prouesses, mais aussi quelques blocages. Les premiers chiffres officiels font état d’un grand engouement autour de la plateforme TilmidTice.
Avec 600000 visites quotidiennes et la participation de 83000 enseignants, la plateforme bat de très loin le record des dix dernières années. Cependant, cette pratique a aussi connu quelques obstacles, dont l’accès aux nouvelles technologies, notamment dans les milieux ruraux, les problèmes liés à la connexion qui handicape la fluidité des cours, mais aussi le manque de maîtrise de certains enseignants des nouvelles technologies. Le ministère devra prendre ces paramètres en considération avant la conception de son système national d’enseignement à distance.
Les établissements scolaires privés, l’autre grand perdant du Covid-19
Depuis l’annonce de la suspension des cours dans les écoles, les directeurs d’établissements scolaires font face à une double peine. D’un côté, les parents d’élèves refusent de payer les frais de scolarité du mois d’avril, mai et juin, et de l’autre, les enseignants n’ont pas été pris en charge par le Fonds de soutien contre la pandémie du Covid-19, ce qui met les écoles dans une situation de déficit budgétaire.
De plus, la décision d’Amzazi de fermer les écoles jusqu’en septembre prochain a été mal perçue par les directeurs d’écoles. Ces derniers tablaient sur une reprise des classes avant l’été, afin de pouvoir encaisser les frais de scolarité des élèves. D’après l’Alliance de l’enseignement privé au Maroc, à peine 2,2% des écoles privées auraient les reins assez solides pour sortir indemnes de la situation actuelle.
Pendant ce temps, le ministère de l’Éducation fait la sourde oreille. Dans son allocution devant la Commission de l’enseignement mercredi, Amzazi a insisté sur la continuité pédagogique au service des enfants. Le ministre a indiqué que 96% des établissements ont adhéré à la continuité pédagogique et indique que les 4% qui ne l’ont pas fait feront l’objet de sanctions.
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