La presse écrite dans la tourmente

Avatar de Mohamed Laabi
Temps de lecture :

Prix de la presse parlementaire : dépôt des candidatures jusqu’au 31 maiImage d'illustration © DR

A
A
A
A
A

La presse marocaine est en train de vivre ses plus mauvais jours. La suspension, jusqu’à nouvel ordre de la publication et de la distribution des supports papier intervenue le 22 mars 2020, a plongé plusieurs entreprises dans une crise infernale. Un coup dur pour l’ensemble des éditeurs du royaume.

Dans le milieu de la presse nationale, personne ne s’attendait à une telle situation. La foudre s’est abattue sur les patrons depresse après l’annonce, le 22 mars 2020, de la suspension de la publication et de la distribution des supports papier. Unedécision intervenuedans le cadre de l’état d’urgence sanitaire et de la lutte contre la propagation du Coronavirus. Cettesuspension de la vente des journaux a entraîné une récession de la publicité puisque des annonceurs ont suspendu leur contrat avec les groupes de presse.

Devant ce cas de figure, certains supports se retrouvent face au mur, n’ayant aucune visibilité sur les mois à venir, ces derniers sont livrés à eux-mêmes. Parmi eux, Abdelmounaim Dilami, patron du groupe Eco-Médias (L’Économiste, Assabah et Atlantic radio). «On va pouvoir assurer les salaires du mois de mars, mais après, ça va être très difficile. Et je n’ose même pas imaginer la situation de nos confrères qui risquent de mettre la clé sous la porte», déclare Dilami à nos confrères de Telquel.

Même son de cloche pour Mohamed Haitami, président-directeur généraldu groupe le Matin. «Nous avons, d’un côté, des charges fixes incompressibles, et de l’autre, des revenus en baisse. Certains clients ne sont plus en mesure de payer leurs factures et les annonceurs se font de plus en plus rares. Nous avons de quoi tenir quelques semaines, en revanche, nous n’avons pas de visibilité et risquons de nous retrouver, à un moment ou à un autre, avec un souci de trésorerie».

Younes Maskine, directeur de publication d’Akhbar Alyaoum, est également au fond du gouffre. «Le ministère ne peut pas demander à des journaux et magazines de passer, du jour au lendemain, du print au digital. Cette décision met vraiment en péril l’existence de l’ensemble de ces structures, déjà fragiles. Notre situation est encore plus compliquée que celles de nos confrères. Les salaires du mois de février n’ont toujours pas été versés… cette décision d’arrêt de diffusion du journal nous assomme».

La solution… le patron de la CNP n’en a pas encore

Younes Moujahid, président du Conseil national de la presse (CNP), dit ne pas savoir comment régler cette crise après la fin de cette conjoncture. «Le gouvernement a déjà donné ses instructions pour le paiement des arriérés des entreprises. Je crois que c’est la première solution, car les entreprises de presse sont aussi concernées. Mais je ne crois pas que cette mesure, à elle seule, soit suffisante», indique le patron du CNP dans une interview parue ce vendredi 3 avril 2020 dans le journal les Inspirations Éco.

Si le patron de la CNP assure qu’une commission de suivi a été constituée en vue de discuter des mesures à prendre, il insiste sur le paiement des journalistes. «Les journalistes doivent travailler et être payés, surtout en période de crise. Certes, il y a les médias publics, mais les médias privés doivent aussi continuer à travailler. Pour jouer leur rôle, les entreprises de presse, qui ont une responsabilité sociale, doivent payer les journalistes».

Le flou est donc total concernant les mesures qui permettraient aujourd’hui à la presse écrite marocaine de sortir de cette zone noire. Si l’État ne réagit pas dans les prochaines semaines, cela «pourrait» marquer la fin du support papier au Maroc.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Port de Dakhla : recul de 21% des débarquements de pêche

Économie - Le port de Dakhla a vu ses débarquements de pêche chuter de 21% à fin juillet 2025, selon l’ONP.

Ilyasse Rhamir - 19 août 2025
Inflation juillet 2025 : hausse des prix alimentaires et carburants

Économie - L’inflation a progressé de 0,5% en juillet 2025, tirée par la hausse des prix alimentaires et des carburants.

Ilyasse Rhamir - 19 août 2025
L’IPC en juillet 2025 révèle des hausses modérées et un recul du transport

Économie - L’IPC en juillet 2025 affiche des hausses modérées, portées par l’alimentation, l’enseignement et les services, tandis que le transport recule fortement.

Ilyasse Rhamir - 19 août 2025
Marhaba, MRE et les billets qui font tourner l’été

Économie - Il faut faire en sorte que les MRE ne se sentent pas seulement « bons à envoyer de l’argent » mais aussi « capables de bâtir ici ».

Sabrina El Faiz - 16 août 2025
Le dirham a gagné 1,3% face au dollar américain entre juin et juillet 2025

Économie -Le dirham s’est apprécié de 1,3% face au dollar et reculé de 0,2% face à l’euro entre juin et juillet 2025, selon Bank Al-Maghrib.

Mbaye Gueye - 15 août 2025
Tourisme : hausse des nuitées dans les EHTC au premier semestre 2025

Économie -Le tourisme au Maroc poursuit sa dynamique en 2025 : les nuitées dans les EHTC ont augmenté de 13% au premier semestre.

Mbaye Gueye - 15 août 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Ces Marocains qui s’endettent pour les vacances

L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.

Sabrina El Faiz - 2 août 2025
Télécoms : en route vers un duopole ?

Dossier - Un accord entre Télécoms c’est toujours bon à prendre, mais qu’est-ce que cela engendre pour le consommateur final ?

Sabrina El Faiz - 28 juin 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire