Coronavirus : l’impact économique des restrictions

Avatar de Nora Jaafar
Temps de lecture :

Coronavirus : l’impact économique des restrictions

A
A
A
A
A

Alors que le Maroc confirme son deuxième cas de contamination au coronavirus, le gouvernement a adopté des mesures drastiques pour empêcher la propagation du virus. Il a décrété, ce jeudi 5 mars, l’annulation de tous les événements de grande envergure du pays. La ville de Meknès, elle, déplore une lourde perte économique suite à l’annulation du Salon International de l’Agriculture (SIAM). Au-delà du SIAM, les répercussions de l’épidémie du COVID-19 pourraient s’étendre à tout le pays et avoir des retombées encore plus dramatiques sur l’économie nationale.

C’est officiel ! Le virus est bien parmi nous et va nous obliger à revoir nos routines quotidiennes. Ce matin, une deuxième personne atteinte du Covid-19 vient d’être identifiée au Maroc. Cette dame de 89 ans, arrivée sur le territoire le 25 février dernier en provenance de Bologne, est actuellement dans un état critique. Suivant cette annonce, le gouvernement marocain a pris ces dispositions pour interdire la tenue de tout évènement rassemblant plus de 1000 personnes ou faisant intervenir des étrangers. L’impact économique découlant de ces dernières évolutions se fait déjà ressentir sur les évènements nationaux, àl’image de la 15e édition du Salon International de l’Agriculture de Meknes (SIAM), annulée juste après l’annonce du premier cas d’infection au Maroc. La perte économique résultant de cette annulation est estimée à plus de 100 millions de dirhams dans la région de Fès-Meknès.

Grande perte pour les coopératives et le pôle machinisme

Selon Les Inspirations Éco, l’annulation du SIAM impacte principalement les coopératives agricoles et les groupements d’intérêt économique (GIE). Ces derniers risquent de perdre entre 60 à 80% de leur chiffre d’affaires annuel (CAA), précise le quotidien dans son édition du 5 mars 2020. L’annulation de ce salon devrait couter à ce segment plus de 12 millions de dirhams en perte de marchandises. En outre, vu que la plupart des petits agriculteurs profitent des promotions proposées lors de cet événement pour acheter des machines et des équipements, le pôle machinisme pourrait également perdre cette année entre 30 à 50% de son CAA. Confirmant ces chiffres alarmants, Fouad Mansouri, vice-président à la Chambre de l’agriculture de la région Fès-Meknès, souligne que le SIAM «rassemble toutes les conditions nécessaires pour permettre aux exposants de chiner des opportunités et nouer des contacts tant au niveau régional, national qu’international». Toutefois, poursuit-il, son annulation «aura un impact direct sur les coopératives et les entreprises de la région qui vendent leurs produits durant le Salon».

La ville de Meknès est «aux abois»

Cette année, le SIAM comptait créer 4000 opportunités d’emploi ainsi qu’accueillir près de 1400 exposants et 900000 visiteurs. Cependant, son annulation menace de provoquer l’effondrement de l’économie de la ville de Meknès. D’après L’Économiste, Adil Terrab, président du Conseil préfectoral du tourisme (CPT de Meknès), déplore que la capitale ismaélienne accusera une «perte sèche de 20 à 30% du chiffre d’affaires annuel de ses établissements touristiques», et que «l’impact sur son secteur informel serait encore plus importante». Les Inspirations Éco estime, pour sa part, que cette perte s’élèverait à plus de 100 millions de dirhams. Le journal explique que «par extrapolation, si on estime que chaque visiteur du million attendu dépense seulement 100 dh durant la période du Salon, cela fait déjà 100 millions de dirhams injectés dans le marché local».

Par ailleurs la même source indique que plusieurs opérateurs touristiques de la région Fès-Meknès affirment que la saison touristique 2020 est compromise, surtout après la propagation du COVID-19 au Maroc. Les professionnels de ce secteur à Fès anticipent une chute de près de 40% de leur chiffre d’affaires pendant la période du SIAM. Aziz Lebbar, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Fès, alerte : «nous n’avons jamais assisté à une crise pareille». Et d’ajouter : «Normalement, 2020 devait être une excellente année ; malheureusement avec l’apparition du COVID-19 les prévisions se sont inversées».

L’impact économique du COVID-19 commence à se faire sentir

En plus de la région Fès-Meknès, les conséquences du virus chinois vont affecter toute l’économie du pays. Selon Telquel, vu que «plus rien ne sort de Chine», un des principaux partenaires commerciaux du Maroc, les secteurs industriel, agricole et télécoms sont menacés. En citant Reda Sekkat, président de la Fédération nationale de l’électricité, de l’électronique et des énergies renouvelables, le média précise que ces «trois secteurs sont touchés de plein fouet». Sekkat explique que «la quasi-totalité des produits électriques importés proviennent directement de Chine … De même, le pays asiatique est le premier fournisseur au monde des cellules et panneaux photovoltaïques. Elle est aussi un grand approvisionneur d’intrants pour l’industrie électronique marocaine». Aussi, Telquelajoute qu’en plus de ces secteurs, ceux de construction, du thé et du tourisme risquent également d’être affectés par la progression du COVID-19. Les premiers effets de cette épidémie sur le tourisme sont visibles, de nombreuses réservations d’hôtels ont été annulées, de même pour les vols directs en provenance et vers la Chine et l’Italie, sans oublier la fermeture de l’espace aérien de l’Arabie Saoudite.

Annulation d’évènements et restriction de déplacement

Depuis que le comité national de pilotage a recommandé le «report des manifestations sportives et culturelles programmées dans le pays ainsi que l’annulation des rassemblements de masse», et que le ministère de la Santé a confirmé 2 cas d’infection au coronavirus au Maroc, la panique générale a atteint son paroxysme. En plus de l’annulation du SIAM, d’autres évènements ont également été reportés ou annulés, notamment la 24e édition du défilé « Caftan du Maroc », la 6e édition du Forum Crans Montana de Dakhla, la session ordinaire de Conseil national du parti Authenticité et Modernité (PAM) et très certainement le report du Salon de l’automobile Auto Expo. La Botola se jouera par ailleurs à huis clos au moins jusqu’à fin mars.

De son côté, le quotidien Assabah nous apprend, ce jeudi, que le chef de l’exécutif, Saad Dine El Otmani, a exhorté tous les ministres et les membres de son gouvernement à limiter leurs déplacements à l’étranger. Notons qu’aujourd’hui, le COVID-19 continue de faire des morts et de contaminer des personnes dans le monde. Le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fait état de 3307morts et de 96 390 cas de contamination.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Bourse de Casablanca : un nouveau programme pour propulser les industries

Economie - La Bourse de Casablanca lance un programme stratégique pour booster les industries marocaines avec ses partenaires clés.

Mouna Aghlal - 3 octobre 2025
Saham Bank reçoit sa première notation internationale

Une notation internationale pour Saham Bank, symbole de confiance et de solidité dans le paysage bancaire marocain.

Rédaction LeBrief - 3 octobre 2025
Aéronautique au Maroc : quel manque à gagner face aux investissements ?

Economie - Plongée dans une table ronde sur la culture industrielle aéronautique et ses défis stratégiques.

Mouna Aghlal - 3 octobre 2025
OMPIC : plus de 65.000 entreprises créées en sept mois 

Economie - Le tissu entrepreneurial marocain s'élargit avec 65.754 nouvelles entreprises selon l'OMPIC en seulement sept mois.

Mouna Aghlal - 2 octobre 2025
Salon du Cheval d’El Jadida : SOREC et EXPASA concluent un partenariat

Économie - La SOREC a conclu un partenariat stratégique avec l’entreprise publique espagnole EXPASA, visant à renforcer la coopération dans l’élevage équin, la recherche et la formation.

Ilyasse Rhamir - 2 octobre 2025
Aéronautique : comment éviter la fuite des cerveaux ?

Economie - Face au risque de fuite des cerveaux, les patrons de l'aéronautique doivent trouver des solutions pour attirer et fidéliser les talents clés.

Mouna Aghlal - 2 octobre 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Ces Marocains qui s’endettent pour les vacances

L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.

Sabrina El Faiz - 2 août 2025
Pourquoi le Maroc ne croit pas en son tourisme rural ?

Dossier - La vérité, c’est que le tourisme rural n’a jamais été considéré comme un projet national. Il n’est ni stratégique, ni prioritaire. Et pourtant, il concentre tout ce que le Maroc pourrait offrir de plus noble.

Sabrina El Faiz - 30 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire