Par une chaleur d’été pesante, le Royaume bascula dans l’Histoire. Le 23 juillet 1999, en début de soirée, la télévision nationale interrompt brusquement ses programmes. L’écran devient noir. Puis s’affiche un visage grave, celui d’un présentateur, qui annonce d’une voix solennelle ce que tout un peuple redoutait sans jamais s’y préparer vraiment : « Le roi Hassan II, commandeur des croyants, s’est éteint ce jour ». Le Maroc entre alors dans une période de deuil national.

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Pendant plus de 38 ans, Hassan II aura régné sur le Maroc d’une main ferme, souvent lucide, toujours stratégique. Né en 1929, fils de feu le roi Mohammed V, le jeune prince Moulay Hassan avait été façonné dès l’enfance à la politique et aux responsabilités de souveraineté. Après l’indépendance, il devient Roi en mars 1961, à la mort de son père. Il n’a que 31 ans. Très vite, il impose sa marque qui sera la centralisation du pouvoir, l’institutionnalisation de la monarchie constitutionnelle et la modernisation progressive du pays.

Mais ce 23 juillet 1999, c’est un autre visage du Maroc qui se dessine. Celui d’un pays confronté à l’absence de celui qui, pendant près de quatre décennies, a personnifié l’État. Le choc est immense. À Rabat, à Casablanca, à Fès comme dans les plus petits douars du Royaume, l’émotion est palpable. Dans les rues, des scènes de pleurs, de tristesse accablante. Les mosquées se remplissent de fidèles venus réciter des sourates pour le repos de l’âme du Roi défunt. Les télévisions passent en boucle des images de son règne : discours historiques, réceptions diplomatiques, sermons religieux, rencontres populaires.

23 juillet 1999 : disparition de feu le roi Hassan II

Il s’éteint en fin d’après-midi, à l’hôpital Ibn Sina de Rabat, victime d’un arrêt cardiaque. Il avait 70 ans. Dans la tradition monarchique marocaine, la transition est immédiate. Le même jour, son fils aîné, Sidi Mohammed, est proclamé Roi sous le nom de Mohammed VI. Un discours solennel est prononcé dans la soirée : le nouveau Roi, qui lui succède officiellement après 40 jours de deuil national, jure de poursuivre l’œuvre de son père tout en répondant aux aspirations du peuple marocain à davantage de justice, de progrès et de démocratie.

Le lendemain, les chefs d’État du monde entier affluent à Rabat pour assister aux funérailles nationales. L’enterrement, d’une sobriété saisissante, se déroule dans le mausolée royal de la Mosquée Hassan, où reposait déjà feu le roi Mohammed V. Parmi les dignitaires présents : Jacques Chirac, Yasser Arafat, Abdelaziz Bouteflika et bien d’autres. Tous saluent la mémoire d’un Souverain.

Au-delà de ses frontières, Hassan II était une figure incontournable du monde arabe et du continent africain. Artisan du dialogue interreligieux, médiateur entre l’Occident et les pays du Golfe, instigateur des accords de paix israélo-arabes de Madrid en 1991, il avait su faire du Maroc une exception diplomatique. Même ses adversaires les plus critiques lui reconnaissaient une intelligence politique redoutable.

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