BAM table sur le rebond de l’économie

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Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), présente au Souverain le rapport annuel de la banque centrale marocaine sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2020 © DR

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Plus d’un an après que la pandémie de la Covid-19 a plongé le monde dans une crise sanitaire, sociale et économique sans précédent, Bank Al-Maghrib (BAM) a publié son rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2020. Ce document a été présenté par Abdellatif Jouahri, Wali de BAM, au roi Mohammed VI. Malgré la gravité des répercussions de la pandémie, la réponse des pouvoirs publics a su limiter l’impact économique et social de cette dernière. Toutefois, la situation des finances publiques a été aggravée par les déficits budgétaires et l’alourdissement de l’endettement public.

Ce samedi 31 juillet au Palais royal de Fès, le roi Mohammed VI a reçu Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM). Ce dernier a présenté au Souverain le rapport annuel de la banque centrale marocaine sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2020. Récemment publié, ce document a révélé qu’en raison des conséquences de la pandémie ainsi que de celles des conditions climatiques défavorables, le Produit intérieur brut (PIB) a baissé de 6,3%, en volume, soit la plus forte baisse depuis le début de la compilation des comptes nationaux. Ce rapport concernant le soixante-deuxième exercice de l’Institut d’émission, marqué par la propagation de la Covid-19, a par la suite indiqué que le déficit du compte courant est revenu à 1,5% du PIB, résultat de la forte diminution des échanges extérieurs. Les avoirs officiels de réserve de BAM se sont, quant à eux, renforcés pour atteindre l’équivalent de plus de 7 mois d’importations de biens et services. L’inflation s’est limitée à 0,7%.

Le choc de la pandémie a été ressenti dans plusieurs branches d’activité, à divers degrés d’intensité. L’hôtellerie et la restauration ainsi que le transport et le commerce ont affiché des contreperformances records, alors que les industries extractive, alimentaire et la chimie para-chimie ont réussi à maintenir des taux de croissance positive.

La crise a fait disparaître 432.000 emplois

Près d’un an et demi après le début de la pandémie de Covid, le marché du travail n’a toujours pas retrouvé ses couleurs d’antan. Fin 2020, environ 432.000 emplois avaient disparu au Maroc, dont la majorité dans les secteurs de l’agriculture et des services. Plus de 110.000 actifs se seraient ainsi résignés, selon la banque centrale, à quitter le marché, induisant une baisse sensible du taux d’activité à 44,8%. Par conséquent, le taux de chômage a enregistré une nette aggravation, s’établissant à 11,9% au niveau national et 15,8%, en milieu urbain.

Cette tendance est similaire à celle recensée dans les économies les plus avancées du monde industrialisé, qui ont perdu quelque 22 millions d’emplois pendant la crise sanitaire, et ce, de façon définitive. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en réalité, la crise de la Covid n’a fait qu’exacerber un certain nombre de tendances amorcées au cours de la dernière décennie. Une inégalité croissante des revenus , des emplois plus exigeants sur le plan techniqueet des opportunités moins stables pour les travailleurs peu qualifiés. Le retour au niveau pré-pandémie n’interviendra pas avant fin 2022, sans compter les différentes vagues de coronavirus et leurs variants.

Alourdissement du déficit budgétaire

Bien que la pandémie a causé une crise au Maroc comme dans le reste du monde, «la réponse des pouvoirs publics a certes réussi à limiter l’impact économique et social de la pandémie. Toutefois, elle n’a pas été sans conséquence sur la situation des finances publiques qui a été marquée par une sensible aggravation des déficits budgétaires et un alourdissement préoccupant de l’endettement public», a indiqué Jouhari. De ce fait, la dette publique a augmenté, pour s’établir à 76,4% du PIB. Pour pallier ce problème, le gouvernement a élaboré une loi de finances rectificative, la première depuis 1990. Malgré le financement d’une grande partie des mesures de soutien aux entreprises et aux ménages par les dons mobilisés à travers le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie, le déficit budgétaire s’est dégradé, s’établissant à 7,6% du PIB, contre 4,1% en 2019. Abdellatif Jouahri a ajouté que le déficit du compte courant est revenu à 1,5% du PIB, résultat de la forte diminution des échanges extérieurs, alors que les avoirs officiels de réserves de BAM se sont renforcés pour atteindre l’équivalent de plus de sept mois d’importations de biens et services, l’inflation s’étant quant à elle limitée à 0,7%.

Face à cette situation, la banque centrale a abaissé à deux reprises son taux directeur, le ramenant à 1,5%, et a libéré intégralement le compte de la réserve obligatoire. Selon Jouhari, BAM a en parallèle triplé le potentiel de ses opérations de refinancement des banques, tout en répondant à l’intégralité de leurs demandes de liquidité. De plus, la banque a mis en place de nouvelles lignes de refinancement au profit des banques participatives et des associations de microcrédit et a élargi son programme dédié aux Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME). Elle a également allégé de manière temporaire certaines règles prudentielles.

La lumière au bout du tunnel

Malgré les inquiétudes qui entourent l’évolution de la pandémie, Jouahri a déclaré que grâce au leadership et au suivi étroit du Roi, le Maroc traverse cette crise progressivement avec des avancées notables dans la campagne de vaccination et une nette reprise de l’économie. En effet, la mise en œuvre du plan de relance de 120 milliards de DH, lancé par le Souverain, conjuguée à l’assouplissement des restrictions, laissent espérer un rebond de l’activité et un rattrapage des revenus et des emplois mis à mal par la crise, a-t-il souligné. Il a estimé que la priorité à court terme devrait porte sur la consolidation et l’accélération de la reprise économique, amorcée ces derniers mois. Selon lui, ces efforts devraient s’inscrire dans une perspective de moyen et long terme. L’objectif est d’améliorer la compétitivité de l’économie nationale et la préparer à l’ère post-Covid. La concrétisation de cet objectif reste tributaire du renforcement de la confiance des opérateurs et de la redynamisation de l’investissement privé. Ainsi, une impulsion est attendue de l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, et d’un recours plus conséquent aux partenariats public-privé.

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