Ramadan : mystère autour du maintien des restrictions

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Distribution de nourriture aux plus démunis, à la sortie d’un supermarché de Rabat © EPA-EFE/JALAL MORCHIDI

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Après l’annonce hier de la décision de prolonger les mesures restrictives de deux semaines, et à l’approche du mois de Ramadan, de nombreux Marocains s’interrogent sur les conditions qui seront appliquées par les autorités pendant ce mois sacré. Y aura-t-il un couvre-feu nocturne, une interdiction des rassemblements familiaux et religieux au moment de la rupture du jeûne, notamment la prière des Tarawih… ? Et alors que les cafés et les restaurants, qui sont déjà en difficulté, réclament une ouverture nocturne pendant Ramadan, leur fermeture à 20h sera-t-elle maintenue ?

Ce lundi 15 mars, le gouvernement a annoncé la prorogation de mesures restrictives de deux semaines, à compter du mardi 16 mars à 21h. Cette décision concerne les mesures de précaution adoptées le 13 janvier dernier pour lutter contre le nouveau coronavirus, notamment un couvre-feu sur tout le territoire national de 21h à 6h et la fermeture des commerces, petits et grands, des cafés et des restaurants à 20h. Plusieurs raisons justifient le maintien des restrictions, même si elles sont pesantes et coûteuses. En effet, bien que l’opération vaccination se passe bien et que les chiffres de contamination soient supportables pour l’appareil sanitaire, les variants créent des tensions.

Lire aussi : Prolongation de deux semaines des restrictions

Saad Dine El Otmani, Chef du gouvernement, est passé par Facebook pour expliquer les raisons derrière la décision des autorités. Selon lui, cette décision, qui intervient sur la base des recommandations du Comité scientifique et technique concernant la nécessité de maintenir les mesures nécessaires pour lutter contre la Covid-19, a été prise sur la base d’indicateurs et de critères précis concernant l’évolution de la situation épidémiologique. El Otmani a expliqué que si les indicateurs épidémiologiques au Maroc sont globalement stables, certains signaux commencent à inquiéter. En effet, ces statistiques montrent que le nombre hebdomadaire de nouveaux cas a légèrement augmenté pour la deuxième semaine consécutive. Dans le détail, du 1er au 7 mars, 2569 nouveaux cas ont été recensés, soit une augmentation de 2,8% par rapport à la semaine précédente, a confirmé le Chef du gouvernement, ajoutant que du 8 au 14 mars, 2714 nouveaux cas ont été enregistrés, ce qui représente une hausse de 5,6% par rapport à la semaine précédente. Ainsi, afin d’éviter la détérioration de la situation épidémique, les mesures de précaution ont été prolongées de deux semaines supplémentaires.

Qu’en est-il du mois de Ramadan ?

Suite à l’annonce de la décision de prolonger les mesures restrictives de deux semaines, et alors que le monde musulman s’apprête à entamer son mois de jeûne, de nombreux Marocains craignent la possibilité d’un Ramadan confiné. Les citoyens s’interrogent donc à savoir si le volet social et convivial du Ramadan va se trouver perturbé. Les perspectives restent positives, car la situation épidémiologique au Royaume semble stable et étant donné que la campagne de vaccination va bon train. Toutefois, rien ne prouve que le Maroc est à l’abri d’une recrudescence. Ainsi, des questions se posent quant aux conditions qui seront appliquées par les autorités pour l’après-ftour pendant le mois sacré de l’Islam d’ordinaire synonyme de prières et de rassemblements. Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, avait déclaré début janvier à la chaîne 2M que les mesures restrictives seraient levées au mois de Ramadan, et ce, si la situation épidémiologique reste stable et la campagne de vaccination démarre. Toutefois, jusqu’à présent, rien n’a été confirmé.

Contacté par Les Éco, Mustapha Ennaji, membre du Comité scientifique et technique consulté par le gouvernement avant la prise de décision concernant les restrictions, a souligné qu’un «confinement n’est pas exclu si la situation épidémiologique rechute». Soulignant que le virus est imprévisible, il a appelé les citoyens à continuer à respecter les mesures de prévention et les gestes barrières. Mis à part les informations communiquées par cet expert, l’opinion publique ne dispose pas d’éléments supplémentaires, notamment s’agissant du couvre-feu nocturne et d’une éventuelle interdiction des rassemblements familiaux et religieux. Par ailleurs, en ce qui concerne les prières des Tarawih, on ne sait toujours pas si les citoyens pourront les accomplir au sein des mosquées. À ce stade, on sait seulement que «la décision ne dépend pas du seul ministère des Habous et des Affaires islamiques, mais elle doit émaner de plusieurs autres départements ministériels».

Mécontentement des cafés et restaurants

Fortement impactés par trois mois de confinement ainsi que par les mesures de restrictions (fermeture à 20h, interdiction de diffuser les matchs de foot, capacité d’accueil réduite à 50% et paiement de la totalité des taxes et autres droits), les cafés et restaurants risquent de perdre leur gagne-pain si des restrictions, notamment un couvre-feu nocturne, étaient imposées pendant Ramadan. Les professionnels appellent ainsi au soutien du gouvernement pour permettre une reprise plus soutenue dans ce secteur en convalescence. Pour ce mois sacré, le secteur espère au moins un allègement du couvre-feu avec une fermeture programmée un peu plus tard (sans inclure la fin des prières de Tarawih, à supposer qu’elles soient autorisées), souligne TelQuel.

Contacté par l’hebdomadaire, Noureddine El Harrak, président de l’Association nationale des patrons de cafés et restaurants du Maroc (ANPCRM), a lancé : «nous avons bien compris que c’est une situation exceptionnelle et nous avons été impliqués dans toutes les mesures prises par les comités de veille locaux et nationaux. Mais les autorités devraient au moins discuter de la situation avec nous pour réfléchir ensemble afin de surmonter cette situation». Compte tenu de la situation désastreuse du secteur, et après plusieurs tentatives auprès des ministères, l’ANPCRM a envoyé une lettre au roi Mohammed VI dans laquelle elle dresse un état des lieux du secteur post-Covid. Toutefois, El Harrak a indiqué «nous avons essayé depuis le début de la pandémie de calmer la situation, ce n’est plus possible maintenant». Ainsi, l’ANPCRM a menacé d’enclencher un mouvement de grève nationale. «Nous tiendrons une réunion ce mercredi 17 mars avec les chefs des différentes sections pour déterminer la marche à suivre et son calendrier», a-t-il confirmé à TelQuel.

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