Tout savoir sur la tuberculose bovine
Du lait © DR
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La tuberculose reste une menace sanitaire complexe, à la croisée entre santé humaine et animale. Si la forme respiratoire humaine demeure la plus fréquente, une autre variante, moins connue du grand public, inquiète les experts : la tuberculose bovine, transmise notamment par la consommation de lait cru non pasteurisé.
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La tuberculose, du bœuf à l’homme
Selon Dr Tayeb Hamdi, médecin et expert en politiques de santé, «la tuberculose humaine est une infection respiratoire causée par une bactérie appelée Mycobacterium tuberculosis. Elle se manifeste par une toux persistante, de la fatigue, une perte de poids et d’appétit, ainsi que des fièvres récurrentes. Seuls des traitements antibacillaires spécifiques permettent de la guérir». Si les poumons sont les premiers touchés, la maladie peut aussi se développer ailleurs dans le corps : reins, intestins, os, peau, voire cerveau. On parle alors de tuberculose extra-pulmonaire.
Dans 90% des cas, la tuberculose humaine est transmise d’homme à homme, par voie respiratoire. Une personne infectée peut contaminer son entourage en toussant, éternuant ou simplement en parlant. Mais dans environ 10% des cas, notamment dans les pays où la tuberculose animale circule, la contamination peut venir des animaux. «C’est ce qu’on appelle une infection zoonotique», explique l’expert.
Cette forme de tuberculose, provoquée par Mycobacterium bovis, se transmet principalement par la consommation de lait non pasteurisé ou de produits laitiers fabriqués à partir de lait cru. Chez l’homme, elle se manifeste souvent par des ganglions enflés, notamment au niveau du cou, pouvant évoluer en abcès puis en fistule. «Cette forme est souvent résistante à certains antibiotiques classiques. Il est donc crucial de poser un bon diagnostic et d’utiliser des traitements spécifiques», ajoute le médecin.
Au Maroc, où le lait cru est encore largement consommé, parfois vendu à même la rue, le risque est bien réel. «Ce n’est pas un problème anodin. Dans les pays où la tuberculose bovine circule chez les animaux, les cas humains zoonotiques existent bel et bien», alerte Dr Hamdi.
Le lait cru, un risque réel pour la santé publique
Le lait non pasteurisé, aussi appelé lait cru, représente un risque important pour la santé, notamment en matière de maladies infectieuses. Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas uniquement la tuberculose qu’il peut transmettre. Comme l’explique Dr Tayeb Hamdi, «il ne faut pas se focaliser seulement sur la tuberculose et oublier le reste des risques liés à la consommation de lait cru».
Ce type de lait peut contenir de nombreux germes, qui proviennent soit de l’animal malade lui-même, soit d’une contamination survenue lors de la traite, du transport ou du stockage. Même si le lait sort de la vache en bon état, il peut être infecté par la suite, en l’absence de conditions d’hygiène rigoureuses. Ces contaminations peuvent entraîner des intoxications alimentaires, des diarrhées sévères, voire des insuffisances rénales potentiellement mortelles, et bien sûr, dans certains cas, la tuberculose d’origine bovine.
«Même dans les pays où l’élevage est fortement encadré par des vétérinaires et des normes sanitaires strictes, la consommation de lait cru n’est pas recommandée. Elle l’est encore moins pour les personnes vulnérables», insiste Dr Hamdi.
Dans le contexte marocain, où du lait cru est encore vendu à même la rue, les risques sont multipliés : on ignore souvent l’état de santé des animaux, les conditions d’élevage, ou encore l’hygiène lors de la traite. Ce lait n’est généralement ni réfrigéré ni conservé dans de bonnes conditions sanitaires, ce qui favorise la prolifération des bactéries.
Qu’en est-il des fromages et autres produits dérivés ?
Interrogé sur les autres produits laitiers, Dr Tayeb Hamdi appelle à faire la part des choses selon l’origine du produit et les conditions de production.
«Lorsqu’on parle de lait cru, c’est-à-dire non pasteurisé, non traité thermiquement, en provenance d’une source inconnue, sans suivi vétérinaire des animaux ni contrôle médical du personnel en élevage, ou transporté dans des conditions ne respectant pas la chaîne du froid, sa consommation est à proscrire. Et cela vaut aussi bien pour le lait lui-même que pour ses dérivés», explique-t-il.
En ce qui concerne les fromages à base de lait cru, la situation varie selon les pays. Dans certains États, où l’élevage est fortement encadré, les animaux vaccinés et surveillés, et le personnel formé et suivi, la vente de fromages au lait cru est autorisée, mais leur consommation est déconseillée aux personnes vulnérables : femmes enceintes, jeunes enfants, personnes âgées, diabétiques ou immunodéprimées. «Même dans ces cas, la prudence reste de mise», souligne-t-il.
D’autres pays, en revanche, interdisent purement et simplement la commercialisation de ces fromages, estimant que le risque sanitaire est trop important.
Quant aux autres produits laitiers comme le Raïb ou le Lben issus de lait cru non pasteurisé, le risque est identique : sans pasteurisation, la présence de bactéries pathogènes reste possible, quelle que soit la forme du produit. «Lorsque le lait cru provient d’une filière non contrôlée, il est formellement déconseillé d’en consommer, sous quelque forme que ce soit», rappelle l’expert.
Comment réduire les risques ?
La transmission de la tuberculose par le lait cru ou les produits dérivés n’est pas une nouveauté. «C’est un phénomène connu depuis longtemps», rappelle Dr Tayeb Hamdi.
Le risque existe toujours, et tant que la tuberculose bovine n’est pas éradiquée, il persistera. Pour limiter cette transmission, un contrôle strict du bétail est essentiel, comme l’ont démontré les pays ayant réussi à réduire la tuberculose chez les bovins. Comment ? Un suivi vétérinaire rigoureux. Quand un animal est infecté, il peut facilement transmettre la bactérie à ses congénères, voire à l’humain. Malheureusement, la vaccination des animaux reste peu efficace, et le coût du diagnostic, du traitement et du suivi est élevé.
De plus, dans de nombreux pays, renouveler le bétail est jugé plus rentable que de maintenir un suivi rigoureux des animaux malades. Toutefois, c’est cette politique de contrôle vétérinaire strict qui permet de réduire les risques et de limiter la transmission de la tuberculose de l’animal à l’homme.
«Pour éradiquer ce fléau, un effort global de surveillance et de contrôle vétérinaire est nécessaire. C’est à ce prix-là que l’on pourra éliminer cette branche de la transmission de la tuberculose», conclut Dr Hamdi.
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