Accueil / Société / Tout comprendre sur le retour de la rougeole

Tout comprendre sur le retour de la rougeole

Temps de lecture

L'épidémie de rougeole © DR

Dans un contexte mondial où la rougeole marque son retour de manière alarmante, frappant de plein fouet plusieurs régions d’Europe, d’Afrique, ainsi que les États-Unis, le Maroc ne fait pas l’exception. Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a tiré la sonnette d’alarme, révélant une augmentation des cas de rougeole, en particulier depuis septembre 2023. Les explications de Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé.

Le département de Khalid Aït Taleb a pointé du doigt la région de Souss-Massa comme épicentre de la recrudescence de la rougeole. Face à cette situation, une mobilisation exceptionnelle a été déclenchée. Les services régionaux et provinciaux du ministère se sont engagés dans une lutte acharnée contre cette maladie hautement contagieuse, déployant une série de mesures préventives et réactives sur le terrain.

Lire aussi : Couverture sanitaire universelle : on y est !

La rougeole, qu’est-ce que c’est ?

La rougeole, maladie virale que l’on pensait reléguée aux archives de l’histoire grâce aux progrès de la vaccination, resurgit avec une virulence qui rappelle son potentiel destructeur. Ce fléau continue en effet de sévir, révélant des statistiques inquiétantes. De façon alarmante, un enfant meurt de la rougeole toutes les quatre minutes. En 2021, le bilan mondial a atteint les 128.000 décès.

La contagiosité extrême de la rougeole constitue l’un de ses traits les plus redoutables. Le virus se transmet aisément par l’air lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue. Les surfaces contaminées sont également des facteurs de contagion, rendant le contrôle de sa propagation particulièrement difficile. D’ailleurs, un enfant malade peut infecter entre 16 et 20 personnes. Et parmi les proches non vaccinés, 90% risquent de contracter la maladie.

Lire aussi : Afghanistan : la rougeole tue 156 personnes

Ce virus cible initialement l’appareil respiratoire avant de se répandre dans tout l’organisme. Généralement, les symptômes débutent par une fièvre, un écoulement nasal, des yeux rouges, une toux, de l’abattement, et de l’irritabilité. Ces symptômes sont rapidement suivis par une éruption cutanée rouge caractéristique. Cependant, le danger de la rougeole ne réside pas uniquement dans ses symptômes initiaux, mais dans ses complications potentiellement mortelles. Les conséquences de la maladie peuvent en effet être sévères, entraînant parfois des séquelles à vie. On peut citer à titre d’exemple de sérieux problèmes respiratoires, une encéphalite, la cécité ou encore la déshydratation.

L’importance de la vaccination

Face à cette menace sanitaire d’ampleur, l’heure est à l’action. Le pilier de la réaction repose sur la vaccination, un moyen préventif reconnu pour sa capacité à contrer efficacement la rougeole. En effet, le protocole vaccinal recommandé consiste en l’administration d’une première dose à l’âge de 9 mois. Celle-ci est suivie d’un rappel quelques mois plus tard. Ce qui garantit une protection robuste et durable.

Selon Tayeb Hamdi, l’efficacité du vaccin contre la rougeole ne fait aucun doute. La vaccination s’impose comme la stratégie de prévention la plus fiable pour éloigner le spectre de l’infection, protéger les populations de la maladie et prévenir les flambées épidémiques destructrices. «Le vaccin contre la rougeole est responsable du sauvetage d’environ cinq vies par minute à l’échelle mondiale. De plus, entre 2000 et 2021, la vaccination a contribué à sauver plus de 56 millions de vies, soulignant l’impératif de poursuivre l’effort d’élargir la couverture vaccinale à l’échelle globale», précise-t-il.

Il est d’ailleurs important de savoir que les individus, enfants ou adultes qui ne sont pas ou insuffisamment vaccinés – c’est-à-dire n’ayant pas reçu de vaccin ou ayant reçu une unique dose sans le rappel nécessaire –, restent exposés au risque d’infection. Lesquelles personnes contribuent à la persistance du risque épidémique au sein de la population.

Le cas du Maroc : besoin de relancer l’effort de vaccination

Le Maroc, souvent cité en exemple pour ses programmes de vaccination réussis, se trouve aujourd’hui face à un défi de taille. La recrudescence des cas de rougeole met en lumière la fragilité de la santé publique face à des obstacles imprévus, tels que la baisse de la couverture vaccinale.

Pour expliquer les raisons derrière cette augmentation des cas au Maroc, Tayeb Hamdi explique que les épidémies de rougeole se déclarent principalement lorsque le virus pénètre au sein de communautés où une part importante de la population n’est pas vaccinée. Selon lui, une couverture vaccinale inférieure à 95% offre un environnement favorable à la propagation de la maladie. En particulier dans des circonstances où la vaccination régulière est entravée par des catastrophes naturelles, des conflits ou d’autres crises qui impactent les infrastructures sanitaires. En outre, la surpopulation, la promiscuité et le manque d’hygiène sont aussi des facteurs de contagion aggravants.

Le Maroc a établi un standard en matière de vaccination pour garantir un haut niveau de protection vaccinale. Grâce à mobilisation nationale (comme par exemple, la campagne de rattrapage contre la rougeole et la rubéole en 2013 à destination de 10 millions de personnes de 9 mois à 19 ans), le pays a en effet  atteint des taux de couverture vaccinale supérieurs à 95% pour les maladies ciblées chez les enfants. Cependant, l’émergence récente des cas de rougeole, particulièrement dans la région de Souss-Massa, met en lumière des préoccupations concernant une éventuelle réduction de la vaccination dans certaines zones. Tayeb Hamdi met en avant la nécessité de diagnostiquer les raisons de cette réduction de la couverture vaccinale et de trouver des solutions adéquates pour combler ce manque. Le spécialiste préconise également de se préparer à contrer d’éventuelles épidémies dans d’autres régions potentiellement à risque.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Sekkouri présente une version modifiée du projet de loi sur le droit de grève

Société - Younès Sekkouri, annonce la suppression des articles interdisant la grève politique, alternée et solidaire.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Le Groupe scolaire de Bourgogne ferme son établissement sans préavis

Société - La fermeture du groupe scolaire est attribuée à des problèmes juridiques signalés dès le début de l’année scolaire.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Al Haouz : 2,7 MMDH déjà versés pour la reconstruction

Société - Aziz Akhannouch, a présidé la 13ᵉ réunion de la Commission interministérielle dédiée au programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées par le séisme d’Al Haouz.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Reconstruction d’Al Haouz : l’action s’accélère

Société - La première réunion du conseil de l’Agence pour le développement du Haut Atlas s’est tenue marquant le lancement officiel des travaux de reconstruction dans les régions touchées par le séisme d’Al Haouz.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Berkane inaugure le 1er parking intelligent au Maroc

Entreprise, Société - Parqour s’associe avec les autorités locales de Berkane pour lancer le premier parking intelligent au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Berrechid : circulation suspendue de mardi à mercredi

Société - Dans le cadre des travaux d’élargissement de l’autoroute Casablanca-Berrechid, ADM a annoncé la suspension temporaire de la circulation entre les échangeurs Berrechid-Nord et Berrechid-Sud.

Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024

Palestine : Barid Al-Maghrib émet un timbre-poste arabe commun en solidarité

Société - Le groupe Barid Al-Maghrib a lancé un timbre-poste spécial intitulé Avec Gaza en signe de solidarité avec le peuple palestinien.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Journée mondiale des transports durables : l’ONU fait un timbre spécial Al Boraq

Société - A l’occasion de la Journée mondiale des transports durables, proclamée par les Nations Unies, l’Administration postale des Nations Unies (APNU) a émis un timbre commémoratif représentant le train à grande vitesse Al Boraq.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024
Voir plus

L’immeuble yacoubian

Société - Témoin d'une époque, Alaa El Aswany pose, sans juger, un regard tendre sur des personnages qui se débattent dans le piège d'une société dominée par la corruption politique, la montée de l'islamisme, les inégalités sociales, l'absence de liberté sexuelle et la nostalgie du passé.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2023

Bidonvilles, pourquoi y en a-t-il encore ?

Dossier - Ces habitats se concentrent dans les périphéries ou au sein de bidonvilles, où les efforts de résorption peinent à suivre.

Sabrina El Faiz - 30 novembre 2024

Palestine : Barid Al-Maghrib émet un timbre-poste arabe commun en solidarité

Société - Le groupe Barid Al-Maghrib a lancé un timbre-poste spécial intitulé Avec Gaza en signe de solidarité avec le peuple palestinien.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Berrechid : circulation suspendue de mardi à mercredi

Société - Dans le cadre des travaux d’élargissement de l’autoroute Casablanca-Berrechid, ADM a annoncé la suspension temporaire de la circulation entre les échangeurs Berrechid-Nord et Berrechid-Sud.

Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024

Mères célibataires et mères divorcées : un vrai calvaire !

Dossier - Le statut des mères célibataires et divorcées au Maroc n’est pas de tout repos, entre traditions ancrées et exigences de modernité.

Sabrina El Faiz - 19 octobre 2024

Héritage, la succession qui déchire

Société - L'heure n'est pas aux comptes, et pourtant les familles se divisent pour l'indivisible. Immersion dans un héritage déchirant.

Sabrina El Faiz - 9 novembre 2024

Journée mondiale des transports durables : l’ONU fait un timbre spécial Al Boraq

Société - A l’occasion de la Journée mondiale des transports durables, proclamée par les Nations Unies, l’Administration postale des Nations Unies (APNU) a émis un timbre commémoratif représentant le train à grande vitesse Al Boraq.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Rue du Pardon

Société - Rue du Pardon : c’est dans cette petite rue très modeste de Marrakech que grandit la narratrice de ce roman, Hayat («la vie» en arabe). Le quartier est pauvre, seule la méchanceté prospère.

Rédaction LeBrief - 26 décembre 2023

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire