Tourisme : comment s’annonce cette fin d’année ?

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Tourisme : une saison record en 2024La place Jemaa El Fna dans la médina de Marrakech avec des feux d'artifice © DR

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Nous nous approchons de la fin d’année. Cette période, considérée comme la deuxième haute saison après l’été, représente une opportunité majeure pour renforcer l’attractivité du Maroc. Le pays doit en profiter pour attirer davantage de visiteurs. Le point avec l’expert en tourisme, Saïd Tahiri.

Le secteur touristique continue d’afficher une croissance spectaculaire. Grâce à une stratégie bien définie, le Maroc a su attirer un flux croissant de visiteurs tout au long de l’année. Avec déjà 13,1 millions de touristes accueillis à fin septembre dernier, le Royaume se rapproche de nouveaux sommets historiques.

Renforcer l’attractivité sur les marchés classiques et émergents

Selon Saïd Tahiri, expert en tourisme, le potentiel du Maroc sur le marché touristique international est immense. «Il y a plus de 86 millions de touristes dans le bassin méditerranéen qui manifestent un intérêt pour notre destination», souligne-t-il. Pour capter une part importante de ce potentiel, le spécialiste recommande de renforcer la visibilité du Maroc par des campagnes marketing internationales, en particulier sur les marchés émetteurs clés comme la France, l’Espagne, l’Allemagne ou encore les pays scandinaves, attirés par le climat agréable en hiver.

Tahiri insiste également sur l’importance de diversifier les efforts de promotion vers des marchés moins traditionnels comme l’Europe de l’Est et l’Inde, «un pays avec un nombre croissant de milliardaires».

L’accessibilité aérienne est un autre enjeu clé : l’expert appelle à développer de nouvelles liaisons directes et à collaborer avec les compagnies aériennes pour améliorer la desserte. «Nous devons organiser davantage d’événements internationaux, à l’image des rencontres de la Banque mondiale et du FMI, ainsi que des festivals et marchés culturels pour valoriser notre artisanat et nos traditions», ajoute-t-il.

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Propositions innovantes et expériences immersives

La période de fin d’année, marquée par une forte affluence, est une opportunité pour les opérateurs de proposer des services novateurs. Tahiri préconise de créer des expériences immersives autour de la culture locale : «Ateliers de cuisine, séjours dans des villages traditionnels, circuits thématiques au-delà des itinéraires classiques comme les villes impériales ou le Grand Sud, autant d’idées qui pourraient séduire les visiteurs».

L’expert insiste sur l’importance des nouvelles technologies pour enrichir l’expérience touristique : «Le mobile est l’avenir. Il faut encourager l’utilisation d’applications pour faciliter les réservations, offrir des visites virtuelles et proposer des services de conciergerie numériques.» Le développement de packages tout inclus, combinant transport, hébergement et activités, est également primordial pour attirer les familles, couples et groupes d’amis.

Notre interlocuteur souligne, par ailleurs, l’importance d’une offre d’hébergement adaptée et rappelle que le Maroc travaille à augmenter ses capacités avec 13.000 nouveaux lits par an. Toutefois, l’accent doit être mis sur l’amélioration des infrastructures existantes, en veillant à ce qu’elles respectent les normes internationales.

L’expert met également en avant le rôle central du personnel touristique : «Nos hommes et femmes sont les véritables ambassadeurs de notre culture et de nos valeurs. Il est impératif qu’ils bénéficient d’une formation d’excellence». Enfin, il insiste sur la nécessité de développer des synergies entre les différents acteurs du secteur et de renforcer les infrastructures de transport pour assurer une expérience fluide aux visiteurs.

Avec une combinaison de promotion ciblée, d’innovation et de collaboration, le Maroc se positionne pour faire de la haute saison de fin d’année une réussite, consolidant ainsi son statut de destination de choix sur la scène touristique mondiale.

Entre 16 et 17 millions de visiteurs d’ici à la fin de l’année

Le Maroc s’inscrit dans une dynamique exceptionnelle de croissance touristique, comme le souligne Saïd Tahiri, qui prévoit entre 16 et 17 millions de visiteurs d’ici à la fin de l’année 2024. Ces projections optimistes s’appuient sur des résultats records : 13,1 millions de touristes accueillis à fin septembre et 76 milliards de DH de recettes en devises à fin août 2024.

Tahiri rappelle que le Maroc avait déjà franchi un cap important en 2023 avec 14,3 millions de touristes et 105 milliards de DH de recettes en devises, des performances jamais atteintes auparavant. «Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard mais le résultat d’un travail de fond», souligne-t-il, attribuant cette réussite à plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci, la campagne «Maroc, Terre de Lumière», lancée simultanément dans 22 pays en avril 2022, a joué un rôle clé en renforçant l’attractivité de la destination.

Les efforts en matière de promotion digitale et d’innovation ont également été déterminants, en collaboration avec la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), pour mettre en valeur le patrimoine culturel du pays. Selon Tahiri, ces actions ont permis de positionner le secteur touristique comme un pilier stratégique du développement économique et social du Maroc.

Le Maroc à Dubaï : de grandes ambitions pour le tourisme

Mais pour garantir l’atteinte des 16 à 17 millions de visiteurs d’ici à la fin de l’année, Tahiri insiste sur la nécessité de continuer à améliorer l’accessibilité aérienne et les infrastructures. «Nous devons travailler sur les routes, les ports et surtout les aéroports, afin d’assurer une expérience fluide pour les voyageurs», précise-t-il. Le développement de nouvelles liaisons aériennes directes et le renforcement des capacités d’accueil sont également prioritaires.

Toutefois, Tahiri appelle à la vigilance face aux facteurs externes, notamment les tensions géopolitiques au Proche-Orient (Liban, Gaza, Palestine, Iran) et les éventuels chocs économiques mondiaux. «En temps de guerre ou de crise économique, le tourisme est l’un des premiers secteurs touchés. Nous espérons donc que la situation internationale se stabilisera pour maintenir cette trajectoire positive», dit-il.

En dépit des incertitudes mondiales, Tahiri se montre confiant : «Nous sommes en phase avec les objectifs de relance post-pandémie et la feuille de route que nous avons tracée. Les résultats escomptés pour 2026 pourraient même être atteints dès 2025, si nous maintenons cette dynamique», conclut-il.

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