Sondage : plus de 70% des Marocains préfèrent la démocratie

Mbaye Gueye
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Sondage : plus de 70% des Marocains préfèrent la démocratieImage d'illustration © DR

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Dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), la démocratie reste largement plébiscitée, mais les attentes des citoyens vont bien au-delà du simple droit de vote. Selon la dernière enquête du Baromètre arabe, les habitants de la région, Marocains compris, associent la démocratie à la dignité, à l’égalité et à la sécurité économique. Un soutien fort, mais conditionné à des résultats tangibles sur le terrain.

Dans un contexte de mutations politiques lentes mais profondes, les sociétés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) confirment leur attachement à la démocratie. Toutefois, cette aspiration ne se limite plus au simple exercice du vote. C’est ce que révèle la dernière enquête du Baromètre arabe, menée entre 2023 et 2024 dans huit pays de la région, dont le Maroc. L’étude met en lumière une exigence croissante de résultats concrets, notamment en matière de justice sociale, de sécurité économique et d’égalité devant la loi.

Au Maroc, les résultats témoignent d’un regain de confiance envers le modèle démocratique. Près de 73% des Marocains estiment que la démocratie est le meilleur système de gouvernance, un chiffre en hausse de 19 points par rapport à 2021. De plus, l’idée que la démocratie est le seul système acceptable a gagné 16 points. Ces hausses traduisent un nouvel espoir, voire une attente forte, placée dans les institutions démocratiques. Le Royaume se situe désormais dans la moyenne régionale, en phase avec les aspirations exprimées ailleurs dans le monde arabe.

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Cependant, ce soutien reste tributaire de la capacité de la démocratie à produire des résultats tangibles. Pour de nombreux Marocains, démocratie ne rime pas simplement avec élections libres ou alternance politique, mais surtout avec justice sociale, accès aux services de base et amélioration des conditions de vie. La moitié des sondés continuent d’associer la démocratie à une gouvernance faible ou hésitante, bien que cette perception tende à s’atténuer. Signe encourageant, 49% des Marocains considèrent que leur pays est aujourd’hui plus démocratique qu’en 2011.

Par ailleurs, lorsqu’on leur demande d’évaluer des régimes étrangers, les Marocains accordent des notes élevées à l’Allemagne (8,6/10) et aux États-Unis (8,7/10). Environ 39% considèrent même ces derniers comme une démocratie parfaite. Ces jugements révèlent une perception idéalisée de certains modèles occidentaux, bien qu’ils soient de plus en plus remis en question ailleurs.

Une tendance régionale : démocratie oui, mais pas à n’importe quel prix

Le Maroc n’est pas un cas isolé. Dans l’ensemble de la région MENA, le soutien à la démocratie demeure massif. Il atteint 85% au Koweït, 84% en Jordanie, 79% en Tunisie et 77% en Mauritanie. Des scores légèrement plus bas sont enregistrés en Palestine, au Liban et en Irak (74% chacun), mais la tendance générale reste favorable. Toutefois, l’adhésion exclusive à la démocratie comme seul système acceptable progresse lentement, voire recule dans certains pays comme le Liban, marqué par une grave crise institutionnelle.

Tunisie : la démocratie menacée

Un paradoxe persiste : bien que les citoyens expriment une préférence pour la démocratie, beaucoup continuent de l’associer à une mauvaise performance économique. En Irak (76%) et en Tunisie (73%), les deux tiers des personnes interrogées estiment que la démocratie nuit à la croissance et à la stabilité. Et pourtant, même dans ces contextes difficiles, la démocratie est préférée aux systèmes autoritaires. Ce paradoxe souligne une tension entre idéal démocratique et attentes socio-économiques.

Autre fait marquant : les perceptions populaires redéfinissent les critères de la démocratie. Dans sept pays sur huit, les citoyens jugent qu’une véritable démocratie repose d’abord sur l’égalité devant la loi, l’accès aux services essentiels (éducation, santé, emploi) et la sécurité. Les élections libres arrivent en bas de la liste des priorités. En Tunisie, au Liban, en Irak et en Palestine, la démocratie est d’abord perçue comme un moyen d’obtenir une vie digne, et non comme une fin en soi.

Une démocratie encore incomplète

Malgré un attachement clair au principe démocratique, la réalité sur le terrain reste fragile. Seul le Koweït compte plus d’un quart de citoyens se considérant réellement en démocratie. Ailleurs, les niveaux de satisfaction restent faibles. Si la Tunisie et le Maroc se démarquent par un optimisme relatif depuis 2011, la majorité des pays sondés estiment que peu de choses ont changé depuis les soulèvements arabes.

L’enquête du Baromètre arabe 2023-2024 révèle une région où la démocratie est toujours désirée, mais à condition qu’elle rime avec dignité, résultats concrets et justice. Un message clair adressé aux gouvernements comme aux partenaires internationaux : les peuples arabes ne veulent pas seulement voter, ils veulent vivre mieux.

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