Santé : le Maroc revoit sa politique des prix des médicaments

Mbaye Gueye
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Santé : plus de 1.800 projets pour réduire les inégalités en milieu ruralAmine Tahraoui, ministre de la santé et de la protection sociale © Mounir Mehimdate

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Le gouvernement marocain lance une réforme ambitieuse de la tarification des médicaments, visant à garantir un meilleur accès aux soins tout en préservant la viabilité du système de santé. Une démarche saluée comme structurante, dans un contexte où les prix pratiqués suscitent de vives critiques depuis plus d’une décennie. Les détails.

Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a annoncé le lancement d’une réforme du système de tarification des médicaments au Maroc. Cette déclaration a été faite lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, en réponse à une question du groupe Haraki sur la politique nationale des médicaments.

Selon le ministre, cette réforme vise à instaurer un équilibre entre la protection du pouvoir d’achat des citoyens, la promotion de l’accès aux médicaments innovants et la garantie de la viabilité du système de couverture sanitaire. Un nouveau modèle de tarification est actuellement en cours d’élaboration, dans un cadre de concertation avec l’ensemble des parties prenantes. L’objectif est de mettre en place un système juste, transparent et équitable, basé sur des références internationales, tout en tenant compte des spécificités nationales.

Des pratiques dénoncées par les autorités financières

En janvier, lors d’une journée d’étude organisée par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, avait dénoncé les hausses excessives du prix de certains médicaments, allant jusqu’à 300%, les rendant inaccessibles pour de nombreux citoyens. Il a insisté sur la nécessité de transparence dans la formation des prix, et sur le fardeau que représente ce coût pour les patients ainsi que pour les systèmes de sécurité sociale.

Fouzi Lekjaa a affirmé que le gouvernement reprendra prochainement les discussions avec les différents acteurs du secteur pharmaceutique. Il a précisé que les importateurs peuvent légitimement réaliser des marges allant jusqu’à 10%, mais sans abus. Il a également critiqué certaines pratiques, comme l’importation de médicaments sous couvert de production locale, puis leur revente à des prix très supérieurs aux standards internationaux. Il a jugé impératif de protéger l’industrie pharmaceutique nationale, capable de produire localement à des coûts raisonnables.

Dans cette optique, il a appelé à rapprocher les prix des médicaments fabriqués au Maroc de ceux pratiqués à l’international, tout en évitant les abus de position dominante. Il a aussi dénoncé le phénomène de revente à prix élevé de médicaments importés depuis longtemps à bas coût.

Lire aussi : Mission économique aux États-Unis : le Maroc promeut ses franchises et produits phares

Il convient de souligner que cela fait plus d’une décennie que plusieurs institutions marocaines, dont la Cour des comptes et le Conseil de la concurrence, tirent la sonnette d’alarme sur le prix élevé des médicaments. Ces rapports pointent un paradoxe majeur : bien que les prix soient officiellement fixés par l’État, ceux pratiqués sur le marché marocain restent, pour de nombreux produits, supérieurs à ceux observés dans des pays au niveau de vie comparable, voire plus élevé.

Par exemple, les médicaments vendus au Maroc coûtent parfois plus cher qu’en France ou en Belgique, ce qui constitue une contradiction flagrante selon le système de benchmarking.

Ces anomalies ont été régulièrement dénoncées dans les rapports publics, sans qu’aucune réforme structurelle n’aboutisse jusqu’ici. Pour certains experts de l’industrie pharmaceutique, une partie du problème réside dans l’opacité du processus de fixation des prix, historiquement piloté par la Direction du Médicament et de la Pharmacie (DMP), critiquée pour sa gestion opaque et ses lenteurs administratives.

L’AMMPS, nouveau pilier de la régulation pharmaceutique

C’est dans ce sens qu’elle a été remplacée par l’Agence marocaine des médicaments et des produits de Santé (AMMPS), conformément aux orientations royales pour une réforme majeure du système national de santé. Elle a pour mission de renforcer la régulation du secteur pharmaceutique national.

L’AMMPS, dotée d’une autonomie administrative et financière, devrait désormais prendre le relais de la DMP. Opérationnelle depuis la nomination de son directeur général en octobre dernier, suivie de la tenue de son premier conseil d’administration, l’AMMPS est appelée à jouer un rôle clé dans la structuration et le développement du secteur pharmaceutique.

Elle est notamment chargée de l’amélioration des procédures d’autorisation de mise sur le marché, du contrôle qualité, de l’implication des acteurs publics et privés, ainsi que du renforcement de la souveraineté pharmaceutique et de l’innovation industrielle nationale.

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