RGPH 2024 : vieillissement de la population, urbanisation et défis économiques
Le Haut-commissaire au Plan Chakib Benmoussa lors de la présentation des résultats du recensement général de la population et de l’habitat 2024. DR LeBrief
A
A
A
A
Le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2024, réalisé sous la supervision du Haut-Commissariat au Plan (HCP), constitue une radiographie essentielle du Maroc. S’appuyant sur des méthodes modernes de collecte et d’analyse des données, il offre une vue détaillée sur les dynamiques démographiques, les défis socio-économiques et les évolutions sociétales du pays.
Ce recensement, marqué par un recours accru à la technologie, met en lumière des phénomènes clés tels que le ralentissement de la croissance démographique, l’accélération du vieillissement et les mutations du marché du travail.
Un ralentissement de la croissance démographique
Le RGPH de 2024 révèle une croissance démographique en nette baisse. La population légale marocaine s’élève à 36,8 millions d’habitants, contre 33,8 millions en 2014, affichant un taux d’accroissement annuel moyen de 0,85%, bien inférieur à celui de la période 2004-2014 (1,25%). Cette tendance s’explique principalement par la baisse continue de la fécondité, l’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) est désormais de 1,97 enfant par femme, en deçà du seuil de remplacement des générations (2,1).
Lire aussi : Solitude urbaine : l’invisible poids des villes
L’urbanisation joue un rôle moteur dans cette dynamique. La population urbaine a bondi de 20,4 millions en 2014 à 23,1 millions en 2024, avec un taux de croissance annuel de 1,24%, contre seulement 0,22% pour la population rurale. Certaines régions, comme Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra, concentrent désormais plus de 70% de leur population en milieu urbain.
Vieillissement de la population : un défi majeur
Le Maroc fait face à un vieillissement accéléré de sa population. En dix ans, la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus est passée de 9,4% à 13,8%, soit près de 5 millions de personnes. En parallèle, la part des jeunes de moins de 15 ans a reculé à 26,5% en 2024 contre 28,2% en 2014. Cette inversion de la pyramide des âges entraîne de profonds enjeux pour la prise en charge des personnes âgées, surtout en matière de santé et de protection sociale.
Lire aussi : Comment la population marocaine a-t-elle évolué de 1960 à 2024 ?
Ce vieillissement est particulièrement marqué dans certaines régions rurales, où les jeunes générations quittent les campagnes pour rejoindre les villes. À l’opposé, des régions comme Drâa-Tafilalet et Dakhla-Oued Ed-Dahab maintiennent un niveau de fécondité plus élevé, ralentissant ce phénomène.
Une société mieux éduquée et connectée
Le recensement témoigne de progrès notables dans le domaine de l’éducation et du capital humain. La durée moyenne de scolarisation a augmenté pour atteindre 6,3 années en 2024, contre 4,4 en 2014. Toutefois, des disparités persistent, en milieu urbain, cette moyenne s’élève à 7,9 années, contre seulement 3,2 années en milieu rural.
L’alphabétisation s’améliore également avec un taux d’analphabétisme de 24,8% en 2024, en baisse par rapport à 32,2% dix ans plus tôt. Cette réduction est plus marquée chez les femmes et en milieu rural, bien que les défis demeurent importants dans certaines régions comme Béni Mellal-Khénifra et Marrakech-Safi.
Parallèlement, la digitalisation progresse rapidement, 59,6% des Marocains âgés de 15 ans et plus utilisent Internet, un chiffre qui atteint 70,2% en milieu urbain. Cette tendance est portée par les jeunes et les personnes instruites, illustrant un Maroc de plus en plus connecté.
Une économie marquée par un chômage structurel
Le RGPH 2024 dresse un constat préoccupant sur l’évolution du marché du travail. Le taux d’activité est en net recul, passant de 47,6% en 2014 à 41,6% en 2024. Cette baisse concerne particulièrement les femmes, dont le taux d’activité est passé de 20,4% à 16,8%.
Le chômage, quant à lui, s’est aggravé, atteignant 21,3% en 2024, contre 16,2% dix ans plus tôt. Les régions les plus touchées, comme Guelmim-Oued Noun et l’Oriental, affichent des taux avoisinant les 30%, soulignant l’urgence d’interventions ciblées.
Lire aussi : RGPH 2024 : coûts, refus, innovations…Lahlimi dresse le bilan
Ce contexte économique difficile s’accompagne d’une montée des inégalités, notamment en matière d’accès à l’emploi pour les jeunes et les femmes. La fragilité de l’emploi en milieu rural reste également un défi majeur pour le développement équilibré du pays.
Des ménages aux conditions de vie améliorées
Malgré les défis, le recensement met en évidence une nette amélioration des conditions de vie des ménages. L’accès à l’électricité a atteint 97,1% à l’échelle nationale, contre 91,6% en 2014. De même, la proportion de ménages raccordés au réseau d’eau potable est passée de 73% à 82,9%.
Les logements sommaires ou insalubres reculent, en particulier en milieu urbain, où leur part a chuté de 5,2% en 2014 à 3,3% en 2024. Toutefois, certaines régions comme Casablanca-Settat et Fès-Meknès restent plus affectées par ce phénomène. En milieu rural, la modernisation des logements progresse, avec une diminution notable des habitations traditionnelles en pisé.
Lire aussi : Recensement 2024 : 36,8 millions d’habitants au Maroc
En parallèle, la taille moyenne des ménages continue de diminuer, passant de 4,6 personnes en 2014 à 3,9 en 2024, témoignant de changements profonds dans les structures familiales marocaines.
Le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2024 offre un diagnostic précis des transformations que connaît le Maroc. Entre ralentissement démographique, vieillissement, progrès éducatifs et défis économiques, il dessine les contours d’un pays en pleine mutation. Ces données constituent une boussole essentielle pour orienter les politiques publiques et anticiper les besoins des citoyens dans un contexte de développement durable et inclusif.
Société -La Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc organise un sit-in le 9 septembre à Rabat devant le ministère de la Santé.
Mbaye Gueye - 17 août 2025Société -L’Agence nationale des Eaux et Forêts (ANEF) alerte sur un risque extrême d’incendies de forêts du 17 au 20 août dans plusieurs provinces.
Mbaye Gueye - 16 août 2025L’OMDH crée une commission d’enquête après les incendies dévastateurs à Chefchaouen pour protéger les droits humains.
Mouna Aghlal - 15 août 2025Société - Le Maroc fait face à un cocktail météo extrême : averses orageuses accompagnées de grêle et rafales, tandis qu’une vague de chaleur intense s’abat sur plusieurs provinces.
Ilyasse Rhamir - 15 août 2025Société - À Casablanca, le « thon o’lahrour » n’est pas qu’un simple sandwich : c’est un symbole gourmand, ancré dans les souvenirs d’enfance et les moments partagés.
Ilyasse Rhamir - 15 août 2025Société -L’incendie de forêt déclaré mardi dans la province de Chefchaouen a été totalement maîtrisé jeudi, grâce à une mobilisation massive des autorités et de moyens aériens.
Mbaye Gueye - 14 août 2025Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.
Sabrina El Faiz - 12 avril 2025Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.
Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.
Sabrina El Faiz - 24 mai 2025Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !
Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025Société - Les mails de Casablanca traversent une période de transformation, entre défis liés à l’entretien, évolution des attentes et adaptation à un nouveau contexte économique.
Hajar Toufik - 8 août 2025Société - La date de l’Aïd Mawlid ne se décide pas au hasard. Entre observation du ciel et calculs astronomiques précis, l’astronome Abdelhafid Bani explique comment se fixe cette fête religieuse.
Ilyasse Rhamir - 1 août 2025