Parc automobile : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et coûteuse

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Séoul débloque 1,9 milliard USD pour son secteur automobileIllustration automobile au Maroc. DR

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Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes pointe des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du parc automobile marocain. Coûts élevés, mauvaise organisation et impact environnemental préoccupant nécessitent des réformes urgentes pour optimiser ce secteur vital. Détails.

Le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes met en lumière des failles critiques dans la gestion du parc automobile marocain, qu’il s’agisse des véhicules publics ou privés. La Cour dresse un tableau préoccupant où l’absence de stratégie claire, les coûts exorbitants d’entretien et les impacts environnementaux grandissants freinent l’efficacité du secteur. Face à ces défis, les recommandations émises appellent à une révision complète de la gouvernance et à des initiatives visant à moderniser cette ressource essentielle à la mobilité.

Des lacunes organisationnelles et budgétaires préoccupantes

Une gestion mal structurée et opaque

Le rapport de la Cour des comptes souligne une mauvaise organisation du parc automobile, en particulier en ce qui concerne les véhicules publics. Dans plusieurs cas, il n’existe pas d’inventaire actualisé des véhicules en circulation, ce qui complique leur suivi et leur optimisation. De nombreux véhicules restent inutilisés, mal entretenus ou affectés à des missions peu justifiées, entraînant des dépenses superflues.

La Cour critique également l’absence de cadres réglementaires clairs pour le renouvellement et l’entretien des véhicules. Ces lacunes alimentent des inefficacités, notamment dans les budgets consacrés à l’achat de pièces détachées et au carburant.

Lire aussi : Cour des comptes : radiographie des finances publiques

Des coûts d’entretien qui explosent

L’entretien du parc automobile représente une charge croissante. Selon les constats de la Cour, les réparations sont souvent réalisées de manière réactive plutôt que préventive, ce qui engendre des surcoûts considérables. De plus, la qualité des services de maintenance varie fortement selon les régions, aggravant les inégalités en matière de mobilité.

Les dépenses liées aux carburants et à la maintenance sont également mal contrôlées, en raison d’un suivi insuffisant des consommations et de l’absence d’indicateurs de performance pour évaluer l’utilisation des véhicules.

Enjeux environnementaux et solutions à envisager

Un parc automobile vieillissant et polluant

L’âge moyen des véhicules en circulation au Maroc dépasse les 15 ans, selon les données mentionnées par la Cour des comptes. Ce vieillissement contribue directement à l’augmentation des émissions de CO2 et des particules fines, particulièrement dans les zones urbaines. Le rapport rappelle que les véhicules anciens consomment davantage de carburant et produisent plus de polluants, aggravant ainsi les problèmes de santé publique et de pollution atmosphérique.

La transition vers une mobilité durable est freinée par des obstacles structurels, notamment le coût élevé des véhicules électriques et hybrides. Bien que la Cour ait salué certaines initiatives gouvernementales, comme les exonérations fiscales pour ces véhicules, elle estime que leur impact reste limité en l’absence d’un plan d’action global.

Lire aussi : Collectivités territoriales : des défis structurels pointés par la Cour des comptes

Les recommandations de la Cour des comptes

Pour remédier aux défaillances identifiées, la Cour des comptes propose plusieurs pistes :
– Mettre en place un système d’inventaire centralisé pour améliorer la gestion et le suivi du parc automobile, en particulier pour les véhicules publics.
– Encourager le renouvellement du parc en adoptant des politiques incitatives, telles que des primes à la casse pour les véhicules anciens et des facilités de financement pour l’achat de véhicules moins polluants.
– Renforcer le contrôle des dépenses en instaurant des audits réguliers des budgets alloués à l’entretien et à l’achat des véhicules.
– Développer les infrastructures pour la mobilité électrique, notamment les bornes de recharge, afin d’accélérer la transition énergétique.

Ces mesures, combinées à une sensibilisation accrue des usagers, pourraient transformer la gestion du parc automobile en un levier de développement durable.

Ce rapport de la Cour des comptes offre un éclairage essentiel sur les défis auxquels fait face le parc automobile marocain. Vieillissant, mal entretenu et surtout, mal géré, il engendre des coûts financiers et environnementaux importants. Les recommandations formulées appellent à une réforme structurelle urgente pour moderniser ce secteur et en faire un pilier de la transition vers une mobilité durable et responsable.

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