Marché des capitaux : le rebond après la tempête
Siège de l'AMMC © DR
A
A
A
A
Le marché des capitaux est souvent considéré comme un thermomètre de l’économie. Au Maroc, après une année 2022 plombée par l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et une forte volatilité, l’exercice 2023 a été placé sous le signe de la stabilisation. C’est en tout cas ce que montre le rapport « Le marché des capitaux en chiffres 2024 », publié par l’AMMC au début de l’année 2024. Entre amélioration des performances boursières, regain des émissions obligataires et retour de la confiance des investisseurs étrangers, plusieurs tendances se dégagent.
Un marché boursier qui reprend des couleurs
Après avoir enregistré une perte de 19,75% en 2022, le MASI, principal indice de la Bourse de Casablanca, a rebondi de 13,74% en 2023. Cette performance témoigne d’un retour progressif de la confiance des investisseurs, soutenue par des résultats financiers solides dans certains secteurs, notamment les télécoms, les banques et les assurances.
Lire aussi : Bourses, diplômes, encadrement : ce qui change en 2025
Le volume global échangé sur le marché central des actions a atteint 53,48 milliards de dirhams, en légère hausse par rapport à l’année précédente. Ce rebond s’est accompagné d’une hausse du nombre de transactions et d’un intérêt renouvelé pour les grandes capitalisations.
Cependant, malgré cette embellie, la capitalisation boursière reste concentrée. Les dix premières valeurs cotées représentent plus de 60% de la capitalisation totale, ce qui limite la profondeur du marché et sa résilience face aux chocs externes.
Des introductions en Bourse toujours rares
Si la Bourse a connu une meilleure performance globale, elle continue de souffrir d’un faible renouvellement de ses émetteurs. En 2023, aucune introduction en Bourse n’a été enregistrée, une situation qui dure depuis plusieurs années et qui freine le développement du marché.
Cette absence de nouvelles entrées s’explique notamment par un contexte encore perçu comme incertain par les entreprises, mais aussi par un manque d’incitations fiscales ou réglementaires suffisantes pour encourager les PME à franchir le pas de la cotation.
Lire aussi : Bourse : performances et perspectives pour 2025
En revanche, deux sociétés déjà cotées ont procédé à des augmentations de capital pour un montant total de 0,86 milliard de dirhams, preuve que les entreprises utilisent encore le marché pour lever des fonds, bien que timidement.
Un marché obligataire en forte croissance
C’est l’un des faits marquants de l’année, le marché obligataire privé a connu une nette accélération, avec un volume d’émissions atteignant 64,14 milliards de dirhams, soit une hausse de 64% par rapport à 2022.
Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, les taux d’intérêt, bien qu’en hausse, sont restés relativement attractifs pour les entreprises cherchant à diversifier leurs sources de financement. D’autre part, l’appétit des investisseurs institutionnels pour des produits à revenu fixe a soutenu la demande sur ce segment.
Les secteurs les plus actifs en matière d’émissions obligataires ont été les banques, les sociétés de financement et les entreprises industrielles. Notons également que les émissions de dette verte ou durable restent marginales, bien que l’AMMC encourage ce type d’instruments dans une perspective de finance durable.
Les investissements étrangers reprennent
Autre signal positif, la part des investisseurs étrangers sur le marché boursier marocain a légèrement progressé, atteignant 26,7% de la capitalisation en 2023. Cela témoigne d’un regain de confiance des opérateurs internationaux envers le marché marocain, malgré un environnement géopolitique mondial tendu.
Lire aussi : L’AMMC fixe ses priorités pour 2025
En termes d’achats nets, les investisseurs étrangers ont réalisé un solde net positif de 1,7 milliard de dirhams, contre un solde négatif l’année précédente. Cette évolution est principalement due à des opérations ciblées sur des valeurs liquides et à fort potentiel de croissance.
Ce retour des investisseurs étrangers constitue un levier important pour améliorer la liquidité du marché, mais reste insuffisant pour compenser la faible participation des investisseurs individuels marocains, encore peu présents sur le marché.
Une régulation qui s’adapte aux enjeux
En parallèle de ces évolutions chiffrées, l’AMMC a poursuivi ses efforts de régulation, en adaptant son cadre légal et en lançant de nouvelles initiatives de sensibilisation à la culture financière.
En 2023, plusieurs textes ont été publiés pour renforcer la transparence des opérations financières, améliorer la protection des investisseurs et préparer l’introduction de nouveaux instruments comme la finance participative ou les produits dérivés.
Lire aussi : PME industrielles : moteur d’emploi et d’innovation au Maroc
L’AMMC a également intensifié ses actions de formation et de communication, en organisant des campagnes de vulgarisation à destination du grand public et des professionnels.
Une reprise fragile mais prometteuse
Le marché des capitaux marocain sort renforcé d’une année 2023 plutôt positive, marquée par un regain d’activité boursière, une forte dynamique du marché obligataire et un retour progressif de la confiance des investisseurs. Toutefois, plusieurs défis structurels demeurent notamment le manque d’introductions en Bourse, la concentration du marché et la faible participation des petits porteurs.
Pour franchir un nouveau palier, le marché marocain devra miser sur une meilleure inclusion financière, une diversification des produits et une plus grande mobilisation des épargnants nationaux. L’AMMC semble en avoir conscience et pose déjà les premiers jalons d’un marché plus profond, transparent et accessible à tous.
Économie - Au terme des sept premiers mois de 2025, le déficit budgétaire du Royaume a atteint 55 milliards de dirhams, contre 40,2 MMDH en 2024.
Mbaye Gueye - 22 août 2025Économie - Le Maroc enregistre une croissance modérée au deuxième trimestre 2025 : ralentissement marqué de l’inflation, progression du crédit bancaire et amélioration du solde commercial.
Ilyasse Rhamir - 22 août 2025Économie - À l’occasion du 62e anniversaire du roi Mohammed VI, Bank Al-Maghrib lance une pièce commémorative en argent de 250 dirhams.
Ilyasse Rhamir - 21 août 2025Économie - Le port de Dakhla a vu ses débarquements de pêche chuter de 21% à fin juillet 2025, selon l’ONP.
Ilyasse Rhamir - 19 août 2025Économie - L’inflation a progressé de 0,5% en juillet 2025, tirée par la hausse des prix alimentaires et des carburants.
Ilyasse Rhamir - 19 août 2025Économie - L’IPC en juillet 2025 affiche des hausses modérées, portées par l’alimentation, l’enseignement et les services, tandis que le transport recule fortement.
Ilyasse Rhamir - 19 août 2025Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…
Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.
Hajar Toufik - 25 avril 2025Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.
Hajar Toufik - 14 juillet 2025Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !
Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.
Sabrina El Faiz - 2 août 2025Dossier - Un accord entre Télécoms c’est toujours bon à prendre, mais qu’est-ce que cela engendre pour le consommateur final ?
Sabrina El Faiz - 28 juin 2025