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Maladies respiratoires en Chine, comme un déjà-vu ?

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Au cours des derniers jours, le monde observe, avec inquiétude, l’augmentation des cas de pneumonie pédiatrique à Mycoplasma (dite pneumonie ambulante) en Chine, dépassant les frontières. Aujourd’hui, les Pays-Bas et le Danemark sont les derniers pays à signaler une propagation de la bactérie, tandis que l’Inde, Taiwan et le Vietnam ont commencé à prendre des mesures préventives pour préparer leurs systèmes de santé. Une situation qui ramène un sentiment de déjà-vu. Qu’est-ce que cette maladie ? Faut-il s’en inquiéter ? LeBrief fait le point.

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Novembre 2023, les images provenant de Chine commencent à inquiéter : les centres de soins sont débordés par le nombre de cas de pneumonie infantile et le personnel en combinaison Hazmat dans les écoles et les hôpitaux a du mal à suivre. Lundi 20 novembre, le système de veille du Programme de surveillance des maladies émergentes (ProMED) de la Société internationale des maladies infectieuses (ISID), réseau mondial qui rassemble à ce jour 40.000 médecins, biologistes et chercheurs internationaux, a émis une alerte sur des hôpitaux chinois «submergés d’enfants malades». Tous avaient contracté une infection respiratoire inconnue. Les hôpitaux sont surpeuplés et les cours ont été annulés pour une durée indéterminée.

Regarder aussi : Chine : l’OMS inquiète d’une hausse des maladies respiratoires

Depuis cette mystérieuse épidémie, une nouvelle souche bactérienne de pneumonie, appelée «syndrome du poumon blanc», se serait emparée de nombreux pays à travers le monde, notamment la France, le Danemark, les États-Unis, le Canada et les Pays-Bas.

Après que le ministère chinois de la Santé a signalé une épidémie de maladies respiratoires dans plusieurs régions du nord du pays, principalement à Pékin et au Liaoning, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé à la Chine des informations détaillées sur les problèmes de santé respiratoire, tout en conseillant à la communauté de prendre d’importantes précautions. La Chine s’est conformée, répondant qu’«aucun agent pathogène inhabituel ou nouveau n’a été trouvé» dans les données fournies.

Pneumonie à Mycoplasma ambulante, syndrome du poumon blanc : quésako ?

Actuellement, dans la ville de Tianjin située à 150 km de Pékin, un hôpital pédiatrique reçoit environ 30.000 à 40.000 enfants chaque jour, a déclaré un expert. Cette maladie respiratoire touche surtout les enfants âgés de cinq à quinze ans. L’évolution vers la pneumonie est rare chez les enfants de moins de cinq ans.

Celle-ci présente généralement des symptômes légers (mal de gorge – éternuements – toux – écoulement nasal – respiration sifflante – mal de tête – infection de l’oreille – douleur à la poitrine), mais peut parfois entraîner de graves complications. «C’est typiquement une pneumonie légère, avec un peu de fièvre, de toux, un écoulement nasal, des maux de tête. Par rapport aux autres pneumonies, il y a moins de fièvre forte et de douleurs de poitrine», explique le Dr Jesse Papenburg, infectiologue pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Chez les adultes, la maladie est habituellement bénigne ou sans symptômes. L’infection peut toutefois être grave chez les personnes âgées ou immunodéprimées. La maladie, qui entraîne une augmentation des hospitalisations, est particulièrement grave lorsqu’elle est associée à la grippe, au virus respiratoire syncytial (VRS), aux mycoplasmes, l’adénovirus ou à la Covid-19. La maladie se transmet par la toux, les éternuements, la parole, le chant et la respiration, transportés par de minuscules gouttelettes respiratoires.

Au 23 novembre 2023, la cause de l’épidémie reste inconnue. Le principal responsable semble cependant être la bactérie Mycoplasma pneumoniae.

«Pas de nouveaux virus» : vérité ou affirmation pratique ?

«Ce n’est pas une indication d’un nouveau pathogène. C’était attendu. C’est ce à quoi la plupart des pays ont été confrontés il y a un an ou deux», a nuancé Maria Van Kerkhove, directrice par intérim du département de préparation et de prévention des épidémies et pandémies de l’OMS. «Nous avons posé des questions sur les comparaisons avant la pandémie. Et les vagues qu’ils voient maintenant, le pic n’est pas aussi élevé que celui qu’ils ont vu en 2018-2019», a-t-elle expliqué.

Généralement, les épidémies de Mycoplasma pneumoniae se manifestent à des intervalles de un à trois ans. La plus récente a été recensée dans les années 2019-2020, surtout en Europe et en Asie. Comme c’est le cas pour plusieurs virus respiratoires, la présence de cette bactérie a fortement diminué lors de la pandémie de COVID-19, en raison des nombreuses mesures sanitaires mises en place.

Regarder aussi : COVID-19 : de l’histoire ancienne ?

L’une des probables raisons de l’augmentation de cas serait liée à la levée des restrictions liées à la Covid-19. Après la levée des mesures sanitaires, certains pays ont connu un premier hiver très difficile, avec le retour de plusieurs infections respiratoires. Pour sa part, la Chine a levé ses mesures sanitaires en décembre 2022, plus d’un an après que la majorité des pays eurent retiré les leurs. C’est pourquoi l’OMS croit que la Chine vit une sorte de «rattrapage», comme c’était le cas dans de nombreux pays à l’automne et à l’hiver derniers.

«C’est leur premier hiver [sans mesures contre la COVID-19]. Ils ont trois cohortes d’enfants qui n’ont pas connu de virus respiratoires. C’est un peu normal de voir des taux faramineux. Ici, c’est notre troisième hiver où les virus respiratoires ont recommencé à circuler. Il ne faut pas oublier qu’il y a deux automnes, on a eu une saison de VRS monstrueuse», dit Dr Caroline Quach, pédiatre microbiologiste infectiologue à l’Hôpital Sainte-Justine.

«La Chine a connu un confinement bien plus long et plus strict que les autres pays», rappelle, de son côté le professeur François Balloux, de l’University College of London, rattaché au Science Media Centre (SMC) britannique. «Tant qu’il n’y a pas de nouvelle preuve, il n’y a pas de raison de soupçonner l’émergence d’un nouveau pathogène», assure-t-il.

L’heure n’est pas non plus à l’inquiétude parmi la population locale. «Je ne suis pas inquiète de cette annonce de l’OMS. C’est l’hiver, donc c’est normal qu’il y ait plus de cas de maladies respiratoires. C’est dû à la saison», a assuré Li Meiling, une mère de famille âgée de 42 ans, interrogée fin novembre par l’AFP.

Bactérie connue, mais résistante

S’il s’agit d’une bactérie bien connue, la pneumonie semble toutefois résister aux antibiotiques, traitement privilégié pour traiter les infections des voies respiratoires. Selon le Dr Piyush Goel, consultant principal en pneumologie, la résistance aux antibiotiques est désormais très courante en raison de l’utilisation généralisée d’antibiotiques pour des infections très bénignes. Ainsi, les micro-organismes des gens sont devenus résistants à ces antibiotiques.

«Ça fait plusieurs années que [la Chine] a des souches résistantes, ce qu’on n’observe pas tant ici [NDLR, sur le continent américain]», ajoute le Dr Papenburg.

Même si l’on ne peut pas encore parler d’une nouvelle pandémie, le fait que la grippe aviaire fasse partie d’un mélange de causes potentielles suscite des inquiétudes. Les experts préconisent de prendre toutes les précautions, comme pour la Covid-19, car il s’agit d’une infection par gouttelettes, dont les raisons demeurent inconnues.

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