Lutte contre la cyberviolence : le Maroc en première ligne

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Lutte contre la cyberviolence : le Maroc en première ligneImage d'illustration. DR Depositphotos

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Dans un monde de plus en plus connecté, le Maroc s’engage à protéger les femmes et les filles des dangers numériques. Lors d’un colloque international à Salé, les acteurs institutionnels, experts et représentants de la société civile ont débattu des moyens de lutte contre la cyberviolence. Une réflexion essentielle face à un phénomène en pleine expansion.

La révolution numérique a apporté des avancées considérables, mais elle a aussi ouvert la voie à de nouvelles formes de violence, particulièrement envers les femmes et les filles. La cyberviolence, dissimulée et dévastatrice, est devenue un enjeu majeur pour les autorités marocaines.

Lors d’un colloque organisé à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Rabat, les efforts déployés par le Maroc pour contrer cette menace ont été mis en lumière. À travers un cadre législatif renforcé et des initiatives stratégiques, le Royaume aspire à devenir un modèle dans la lutte contre les violences numériques.

Un cadre législatif en constante évolution

Pour faire face à la montée des violences numériques, le Maroc a adapté ses lois et institutions. La création de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) témoigne de cette volonté. Avec des lois comme la loi n°31.13 sur le droit d’accès à l’information ou la loi n°20.05 dédiée à la cybersécurité, le pays pose des bases solides pour garantir un espace numérique sécurisé.

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La Stratégie Nationale de Cybersécurité 2030 et la feuille de route Digital Morocco 2030 renforcent ces initiatives. Fatima Berkane, secrétaire générale de la Délégation interministérielle aux droits de l’Homme, a souligné que ces efforts ne visent pas seulement la protection juridique mais aussi la sensibilisation des citoyens aux dangers du numérique.

Les femmes, premières victimes de la cyberviolence

Les interventions lors du colloque ont mis en évidence une réalité préoccupante, les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables en ligne. Selon Maryama El Iraqi, contrôleur général à la DGSN, la dépendance croissante aux technologies expose davantage de victimes à des formes variées de cyberviolence, allant du harcèlement à la diffusion non consentie d’images privées.

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Pour y répondre, la DGSN a mis en place une stratégie mobilisant des ressources humaines et matérielles conséquentes tout en renforçant la coordination avec les acteurs judiciaires et institutionnels. Mais au-delà des statistiques, c’est la nécessité d’une action concertée qui est mise en avant, comme l’a rappelé la Rapporteuse spéciale des Nations Unies, Reem Alsalem, dans son intervention.

Des acteurs mobilisés pour un avenir numérique sécurisé

La lutte contre la cyberviolence nécessite une mobilisation à plusieurs niveaux. Les forces de sécurité, et notamment la Gendarmerie Royale, jouent un rôle crucial dans la prévention et la répression des crimes numériques. Rajae Maroudi, commandant de la Gendarmerie Royale, a détaillé les efforts entrepris pour moderniser les outils d’investigation et former des spécialistes en cybercriminalité.

Par ailleurs, des initiatives académiques viennent compléter ces actions. À l’UM6P, des formations innovantes sensibilisent les étudiants et le personnel aux dangers du cyberespace, comme l’a indiqué Bouchra Rahmouni, directrice du Social Innovation Lab de l’université. Ces efforts s’inscrivent dans une dynamique nationale où chaque acteur, public ou privé, a un rôle important à jouer.

Vers une coopération internationale renforcée

La cyberviolence n’a pas de frontières et sa lutte nécessite une coopération internationale. Le colloque a mis en avant l’importance de collaborations transnationales pour partager les bonnes pratiques et développer des solutions efficaces. Stefan Meersschaert, chargé d’affaires à l’Ambassade de Belgique au Maroc, a salué les efforts marocains, estimant qu’ils peuvent inspirer d’autres pays.

Les participants ont également souligné l’importance d’améliorer les dispositifs de prise en charge des victimes. Les discussions ont abouti à des recommandations visant à renforcer les partenariats, surtout avec les organismes internationaux et les plateformes numériques, pour mieux protéger les femmes et les filles.

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Le colloque de Salé a rappelé l’urgence d’une action collective pour contrer la cyberviolence. Le Maroc, en renforçant ses lois et en mobilisant ses institutions, se positionne comme un acteur engagé face à ce défi. Cependant, la route reste longue pour garantir un cyberespace réellement sécurisé et équitable pour tous et en particulier pour les femmes. Ce combat, porté par des initiatives nationales et internationales, est plus que jamais nécessaire à l’ère du numérique.

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