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Le Maroc confronté à un nouveau climat, selon un expert

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Au cœur de l’hiver, le Maroc fait face à une vague de chaleur sans précédent, établissant des records historiques qui montrent avec acuité les répercussions du réchauffement climatique. La Direction générale de la météorologie (DGM) a révélé que le Royaume a vécu son mois de janvier le plus chaud depuis le début des relevés en 1940. Un phénomène inquiétant qui ne fait que confirmer la tendance globale au bouleversement climatique.

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Le Maroc traverse une période de chaleur exceptionnelle, conséquence d’un réchauffement climatique à l’échelle globale. Cette crise est aggravée par une augmentation constante des émissions de gaz à effet de serre. Les observations de Copernicus ont identifié cet hiver comme le plus chaud jamais enregistré à travers le monde. Ainsi, cet événement ne concerne pas uniquement le Maroc mais a des répercussions sur les écosystèmes et les communautés vulnérables partout dans le monde.

Lire aussi : Changement climatique : le CMC livre ses recommandations

Le Maroc confronté à un nouveau climat

Avec des températures frôlant les 37°C dans certaines régions, le Maroc endure sa sixième année consécutive de sécheresse. La situation est d’autant plus alarmante que la température moyenne en janvier a excédé les normales de la période 1991-2020 de +3,8°C. Ce record surpassant les précédents établis en janvier 2016 et 2010, témoigne de l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes. Le mois de février n’a pas été en reste. Plusieurs régions ont observé une hausse de plus de 10°C par rapport aux moyennes mensuelles habituelles. La ville de Safi a même battu un record mensuel le 14 février, enregistrant 35,6°C.

Il s’agit d’une phase de transformation profonde. Ce que le professeur de climatologie à l’Université Hassan II de Casablanca, Mohamed Saïd Karrouk, qualifie de « nouveau climat ». Selon lui, cette métamorphose climatique, loin d’être une fluctuation passagère, est le reflet d’un changement fondamental dans le bilan énergétique de la Terre. C’est d’ailleurs un concept clé pour appréhender les dynamiques atmosphériques et environnementales à l’échelle globale.

Pour notre interlocuteur, l’augmentation du bilan énergétique terrestre conduit à une hausse systématique de la température globale. Ce qui altère ainsi les composantes climatiques et environnementales. «Cette transformation impose de reconnaître et de s’adapter à une réalité climatique inédite, où ce qui était autrefois considéré comme exceptionnel devient la norme. La hausse des températures, signe le plus manifeste de ce « nouveau climat », nous confronte à des défis inédits, appelant à une réévaluation de notre relation avec l’environnement», explique-t-il.

Karrouk pointe également l’impact des phases successives de réchauffement climatique. Chacune entraîne des conséquences spécifiques. Il cite l’exemple de la période 2006-2018. Celle-ci a été marquée par un retour des précipitations dans l’hémisphère nord, y compris au Maroc. Ce changement a été dû à une modification de la circulation atmosphérique résultant directement de l’augmentation des températures au sol.

Par ailleurs, le climatologue met en lumière l’influence significative des phénomènes climatiques tels que El Niño sur la température globale. Ces événements, caractérisés par un réchauffement des eaux superficielles du pacifique, injectent dans l’atmosphère des quantités supplémentaires de chaleur, exacerbant ainsi les tendances au réchauffement.

La température planétaire sur une trajectoire ascendante

Selon les analyses du climatologue, les tendances observées à l’échelle planétaire indiquent une augmentation ininterrompue de la température terrestre moyenne, malgré les efforts internationaux déployés depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992. Cette progression témoigne de la difficulté à transcender notre dépendance au pétrole. La quête d’alternatives énergétiques capables de remplacer l’or noir sans compromettre les besoins de l’humanité reste un défi majeur. Ce qui souligne la complexité de la transition énergétique nécessaire pour contrer le réchauffement climatique.

D’après les dires de Karrouk, tant que le bilan énergétique de la Terre continue de croître, la température moyenne globale suivra la même trajectoire ascendante. Cela entraîne des perturbations majeures dans tous les systèmes environnementaux. Le cycle de l’eau, la biosphère et la cryosphère sont les principaux concernés.

Face à cette réalité, le scientifique nous invite à nous préparer à une hausse des températures continuelle. Son issue demeure incertaine tant que l’humanité n’a pas trouvé des solutions durables. «L’incertitude règne également dans la manière dont les systèmes naturels répondront à cette hausse continue des températures. Toutefois, une chose est claire : si le réchauffement dépasse le seuil de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, les humains rencontreront des difficultés majeures à maintenir leur mode de vie actuel», prévient-il.

Lire aussi : Réchauffement climatique : des années sombres devant nous 

L’urgence de s’adapter à la crise climatique

Interrogé sur la sécheresse, Mohamed Saïd Karrouk considère ce phénomène non pas comme un incident isolé, mais comme une réalité à laquelle nous devons nous adapter. Il évoque l’exemple du Japon qui, face à des diverses catastrophes naturelles telles que les séismes, les éruptions volcaniques et les tsunamis. Le pays a, pourtant, su développer une résilience notable.

Karrouk souligne enfin que le Maroc a historiquement adopté des mesures proactives. En témoigne, la mise en place d’une politique ambitieuse de construction de barrages dès les années 60 sous l’impulsion de feu le roi Hassan II, et poursuivie sous le règne du roi Mohammed VI. «Aujourd’hui, le Maroc bénéficie d’un réseau de barrages capables de stocker jusqu’à 20 milliards de m3 d’eau. C’est une fierté nationale. Elle témoigne de la capacité du pays à relever les défis. Toutefois, l’enjeu majeur réside dans l’exploitation sociale de ces ressources en eau, nécessitant une remise en question des méthodes de gestion actuelles», conclut-il.

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