Kiev et ses partenaires européens tentent d’afficher un front uni face au plan Trump

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Kiev et ses partenaires européens tentent d’afficher un front uni face au plan TrumpVolodymyr Zelensky et Vladimir Poutine © AFP

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L’Ukraine et plusieurs capitales européennes s’efforcent, ce samedi, d’élaborer en urgence une réponse commune au plan présenté par Washington pour mettre fin à près de quatre années de guerre. Donald Trump presse Volodymyr Zelensky d’accepter rapidement sa proposition, sèchement rejetée par Kiev.

« Il faudra bien que cela lui convienne, et si ce n’est pas le cas, ils n’auront qu’à continuer à se battre », a lancé le président américain après le refus ukrainien, un plan largement perçu dans le pays comme une capitulation.

Ce document de 28 points, dans lequel Washington demande à l’Ukraine d’importantes concessions, dont des renoncements territoriaux et l’abandon de l’objectif d’adhésion à l’Otan, a déclenché une intense activité diplomatique. Ursula von der Leyen a annoncé qu’une réunion des dirigeants européens présents au sommet du G20 de Johannesburg se tiendrait dès samedi.

Vendredi, en pleine série d’appels et de visioconférences, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga a échangé avec plusieurs homologues européens, notamment français et britannique, pour définir les « prochaines étapes ». Sur X, la cheffe de la diplomatie britannique Yvette Cooper a insisté sur le droit de l’Ukraine à « déterminer son avenir et demandé un cessez-le-feu complet suivi de négociations ».

Lire aussi: Ukraine : 25 morts dans une frappe russe au moment d’efforts diplomatiques en Turquie

« Perte de dignité »

Alors que les Européens, une fois encore marginalisés, tentent d’afficher leur unité, Vladimir Poutine s’est dit prêt à considérer le plan américain comme une possible « base » pour un règlement du conflit déclenché en février 2022. Il a menacé qu’en cas de refus ukrainien, les revers subis récemment à Koupiansk « se reproduiraient sur d’autres secteurs clés du front ».

La publication des détails du plan, qui reprend nombre de revendications historiques du Kremlin, a soulevé une profonde inquiétude en Ukraine. Vendredi, Volodymyr Zelensky a évoqué un « choix très difficile : la perte de dignité ou le risque de perdre un partenaire essentiel », en référence aux États-Unis. Selon lui, l’Ukraine traverse « l’un des moments les plus difficiles » de son histoire.

Il a dénoncé des propositions qui dessineraient « une vie sans liberté, sans dignité, sans justice », promettant de défendre des alternatives et réaffirmant : « Je ne trahirai jamais mon serment envers l’Ukraine ».

Garanties de sécurité contestées

Zelensky s’est entretenu dans la foulée avec le vice-président américain JD Vance, affirmant vouloir « respecter » la volonté de Donald Trump de mettre un terme à la guerre. Le chancelier allemand Friedrich Merz a, lui, discuté directement avec le président américain et évoqué un accord sur « les prochaines étapes ».

Lire aussi: Trump prévoit une rencontre avec Poutine à Budapest pour parler de la guerre en Ukraine

Selon le plan, les régions de Donetsk, Lougansk et la Crimée, annexée en 2014, seraient reconnues « de facto » comme russes, y compris par Washington. Moscou obtiendrait par ailleurs d’autres zones actuellement tenues par Kiev. La Russie verrait également la fin progressive de son isolement, une réintégration au G8 et un allègement des sanctions. L’Ukraine devrait, elle, renoncer définitivement à l’Otan et limiter ses forces armées à 600.000 soldats, sous protection partielle d’aviations européennes basées en Pologne.

Un responsable américain souligne toutefois que le plan inclut des garanties de sécurité équivalentes à celles de l’Otan en cas de nouvelle agression russe, un point jugé insuffisant par de nombreux Ukrainiens, épuisés par un conflit qui entre dans un nouvel hiver, marqué par des bombardements quotidiens. Mercredi, une frappe sur un immeuble résidentiel de Ternopil a fait 32 morts, dont six enfants.

« Rien de tout cela ne promet quoi que ce soit de bon pour l’Ukraine. Nous devons nous battre, il n’y a pas d’autre issue », estime Volodymyr Oleksandrovytch, un retraité de 75 ans interrogé à Kiev.

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