Journalisme au Maroc : l’éthique à l’épreuve

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Journalisme au Maroc : l’éthique à l’épreuveImage prise lors de la table ronde organisée par le Conseil National de la Presse concernant l’éthique journalistique © Lebrief.ma

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Face à l’essor du numérique et à la montée des dérives médiatiques, l’éthique journalistique au Maroc est plus que jamais au cœur du débat. Entre responsabilités professionnelles, respect des règles déontologiques et nécessité d’une régulation efficace, les journalistes doivent naviguer dans un cadre où la liberté d’informer se heurte parfois aux exigences de rigueur et de vérité.

Lors de la table ronde sur l’éthique journalistique à l’hôtel Hyatt Regency, plusieurs experts ont souligné l’importance d’un équilibre entre liberté d’expression et responsabilité professionnelle, tout en mettant en lumière les dérives observées ces dernières années.

L’éthique journalistique : un socle fondamental mais fragile

L’éthique journalistique ne se limite pas au respect de la loi, elle repose aussi sur des principes de déontologie qui garantissent une information de qualité. Comme l’a souligné Hamid Saadani, directeur de l’information à 2M TV, un journaliste respectable doit non seulement respecter la loi, mais aussi les valeurs fondamentales du métier.

Lire aussi : La déontologie, cette pièce qui manquait à notre paysage politique

De son côté, Khalid El Horri, membre du Comité provisoire pour les affaires de presse et d’édition, a insisté sur la nécessité de former les journalistes à la distinction entre la loi et la déontologie, afin d’éviter certaines dérives qui nuisent à la profession.

Un journalisme en proie aux plaintes et aux dérives

Le Conseil national de la presse a reçu 183 plaintes entre 2019 et 2024, visant 16 journalistes professionnels et 72 institutions journalistiques. Parmi ces institutions, 18 ne sont même pas déclarées aux autorités compétentes, posant ainsi un problème de régulation et de responsabilité.

Les plaintes émanent en majorité de particuliers (151 plaintes), tandis que 32 ont été déposées par des institutions publiques et privées (ministères, syndicats, entreprises…).

Les fautes professionnelles les plus courantes : une menace pour la crédibilité des médias

Parmi les principaux manquements éthiques recensés dans ces plaintes, on retrouve :

• La diffusion de fausses nouvelles et accusations (31 cas) : propagation de rumeurs, désinformation, diffamation…

• Le manque de rigueur dans le traitement des informations (plusieurs cas signalés) : publication d’informations non vérifiées, absence de sources fiables.

Lire aussi : SNPM : dépassements professionnels et éthique lors de la couverture de l’incident Rayan

• L’accès non éthique à l’information (1 cas recensé) : recours à des moyens malhonnêtes pour obtenir des données.

Selon la Charte d’éthique journalistique, un journaliste doit rechercher la vérité avec rigueur et éviter toute publication qui pourrait nuire injustement à la réputation d’autrui. Pourtant, ces manquements montrent que la profession n’est pas à l’abri d’abus, notamment dans l’ère des réseaux sociaux où la rapidité prime parfois sur la vérification.

Quelles solutions pour un journalisme plus responsable ?

Pour améliorer la situation, plusieurs pistes sont évoquées par les experts :

• Un meilleur encadrement des médias non déclarés afin de responsabiliser l’ensemble des acteurs du secteur.

Lire aussi : Fin du soutien exceptionnel, quels changements pour le secteur de la presse

• Une formation continue des journalistes sur les enjeux éthiques et juridiques pour éviter les fautes professionnelles.

• Une application plus stricte des règles déontologiques avec des sanctions plus dissuasives contre les infractions graves.

Un équilibre à trouver entre liberté et responsabilité

L’éthique journalistique est un pilier essentiel pour garantir une presse crédible et respectée. Mais entre pressions économiques, explosion des médias numériques et manque de régulation stricte, les défis restent nombreux.

Lire aussi : Le SNPM appelle à accélérer l’adoption des lois du Code de la presse et de l’édition

La table ronde a mis en évidence la nécessité de responsabiliser les journalistes et les médias, tout en assurant une formation continue pour éviter les dérives qui ternissent l’image du journalisme au Maroc.

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