Temps de lecture : 4 minutes

Accueil / Économie / Hausse du SMIG : entre engagements et attentes

Hausse du SMIG : entre engagements et attentes

Temps de lecture : 4 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 4 minutes

La promesse gouvernementale d’augmenter le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) s’est traduite par une hausse totale de 10% étalée sur deux ans, avec une première phase de 5% mise en place en septembre 2022. La seconde tranche, équivalente, est attendue pour début septembre prochain. Par cette démarche, le gouvernement ambitionne de renforcer le pouvoir d’achat de la population tout en répondant aux attentes sociales de plus en plus pressantes.

Temps de lecture : 4 minutes

Selon l’accord signé le 30 avril 2022 entre le gouvernement, les syndicats et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) a été réévalué en septembre 2022, passant de 14,81 DH l’heure à 15,55 DH, soit un total mensuel de 2.970 DH pour les professions libérales et les secteurs de l’industrie du commerce, alors que le salaire minimum agricole garanti (SMAG) a atteint 84,37 DH au lieu 76,70 DH par journée de travail. Un autre ajustement de 5% est prévu pour début septembre prochain. Cela portera le salaire à 16,29 DH par heure, soit un total de 3.111 DH mensuels pour 144 heures de travail.

La hausse n’est pas négociable

Contacté par nos soins, le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, a fermement confirmé que la deuxième augmentation salariale envisagée n’est absolument pas sujette à discussion ou renégociation.

«Cette décision est attendue pour être effectivement mise en application dès le 1ᵉʳ septembre prochain puisqu’elle s’inscrit parfaitement dans les lignes directrices de l’accord social datant du 30 avril 2022. Le gouvernement devrait logiquement approuver le décret relatif à l’augmentation du salaire minimum lors du prochain Conseil du gouvernement, avant sa publication au Bulletin officiel», a-t-il assuré, mettant en évidence la précarité actuelle des conditions de vie pour de nombreux Marocains. Selon lui, le SMIG actuel ne permet à une famille composée de trois personnes de subvenir à ses besoins que pour une période de six jours.

Lire aussiHausse du SMIG, une bonne nouvelle ?

Cependant, une atmosphère de doute règne parmi les chefs d’entreprise quant à l’augmentation projetée du SMIG. Cette ambigüité découle de la dépendance de cette mesure vis-à-vis d’autres décisions qui devaient suivre la première augmentation, telles l’adoption d’une législation sur le droit de grève, une mise à jour de certaines clauses du Code du travail et la révision de la loi sur les élections professionnelles.

La CGEM met l’accent sur l’importance de ces prérequis pour appliquer l’augmentation du salaire minimum. En revanche, les syndicats désapprouvent ces conditions et précisent qu’au moment de l’accord du 30 avril 2022, la seconde hausse n’était pas conditionnée à ces mesures, notamment celle du droit de grève qui, selon Miloudi Moukharik, reste un principe fondamental garanti par la Constitution et ancré dans la charte universelle des droits de l’Homme et défini dans plusieurs conventions internationales. «C’est une hausse de quelques dirhams seulement qui n’aurait pas un grand impact sur les entreprises», a-t-il lâché, rappelant que le coût de la vie est élevé au Maroc, ce qui fait que les smicards avec leur salaire actuel ont du mal à boucler leurs fins de mois.

Lire aussi : Hausse du SMIG : un sursis pour les entreprises 

Les syndicats aspirent à un SMIG de 5.000 DH

Pour notre interlocuteur, augmenter le SMIG à 5.000 DH serait un pas significatif vers l’amélioration de l’équilibre social. Il a fait savoir que cette demande sera mise sur la table et examinée en détail avec le chef du gouvernement lors des prochaines discussions du dialogue social, qui sont programmées pour la mi-septembre, et au cours desquelles les syndicats soulèveront aussi le sujet de la réduction de l’impôt sur le revenu.

Néanmoins, la mise en pratique de cette augmentation du SMIG n’est pas garantie. La principale raison de cette incertitude est l’opposition anticipée des employeurs, puisque beaucoup d’entre eux, déjà aux prises avec d’importants défis économiques et financiers, pourraient voir cette augmentation comme un fardeau supplémentaire.

Par conséquent, l’augmentation du SMIG n’est pas une affaire simple à aborder. Toute discussion relative à une éventuelle hausse du salaire minimum revêt une importance cruciale pour de nombreuses parties prenantes, et chaque position défendue est porteuse d’enjeux conséquents pour les différents acteurs impliqués, qui chercheront à défendre au mieux leurs intérêts. C’est pourquoi les futures négociations sont susceptibles de provoquer des tensions notables entre les acteurs sociaux.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 4 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité


Et sur nos réseaux sociaux :

SMIG

Décompensation du gaz butane : le gouvernement passe à l’action

C'est décidé depuis plusieurs mois : le gouvernement Akhannouch a opté pour une suppression progressive des subventions des produits de prem…
SMIG

Classe moyenne marocaine : mirage ou réalité ? Pr. Nabil Adel répond

Dans son étude « Classes moyennes au Maroc : au-delà des perceptions, que disent les chiffres ? » le Policy center for the new South rapport…
SMIG

Vision 2024 : le Maroc investit massivement dans son réseau ferroviaire et aéroportuaire

Face aux défis croissants de la mobilité et au besoin d'innovation dans les infrastructures de transport, le Maroc dévoile un projet colossa…
SMIG

Croissance au Maroc : les prévisions optimistes de la BERD

Le dernier rapport de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) décrit les dynamiques économiques des régions q…
SMIG

Banque mondiale : investissements de 117 millions de dollars dans les infrastructures privées

La Banque mondiale a publié son rapport annuel pour l'année 2023 sur les investissements privés dans les infrastructures des pays à revenu f…
SMIG

Tourisme : la perspective d’une nouvelle année record se confirme

Cette année, le Maroc s'apprête à battre un nouveau record touristique après celui de 2023, où 14,5 millions d'arrivées avaient été enregist…
SMIG

Maroc et cybersécurité : la quête d’une place de leader sur la scène internationale

En 2024, la cybersécurité reste au cœur des préoccupations mondiales alors que l'environnement en ligne devient de plus en plus complexe et …
SMIG

Chômage au Maroc : des chiffres qui inquiètent

Le Fonds monétaire international n’a pas fermé les yeux sur la situation du marché de l’emploi marocain. L’institution a d’ailleurs tiré la …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire