Gitex Africa 2025 : le Maroc booste la coopération numérique en Afrique

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Gitex Africa 2025 : le Maroc booste la coopération numérique en AfriqueOuverture de la 3e édition du Gitex Africa à Marrakech, le 14 avril © LeBrief

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Marrakech accueille la troisième édition du GITEX Africa, vitrine majeure de l’innovation numérique sur le continent. Pendant trois jours, plus de 45.000 participants et quelque 1.400 exposants venus de plus de 130 pays échangeront autour des grandes tendances technologiques, de l’intelligence artificielle à la cybersécurité, en passant par l’entrepreneuriat digital.

Rendez-vous incontournable pour les acteurs du numérique, de l’innovation et des affaires, le GITEX Africa revient pour une 3ᵉ édition qui s’inscrit dans une dynamique ambitieuse : faire du Maroc une véritable passerelle entre l’Afrique et le reste du monde dans le domaine des technologies émergentes.

Au programme : des conférences de haut niveau, des rencontres stratégiques et une plateforme unique de dialogue entre investisseurs, gouvernements, start-up et grandes entreprises, autour des enjeux majeurs du digital sur le continent.

Pour une IA éthique et inclusive

Bien qu’il n’ait pas fait le déplacement à Marrakech cette année, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a tenu à marquer l’ouverture de cette nouvelle édition par une allocution vidéo préenregistrée, dans laquelle il a réaffirmé l’engagement fort du Royaume en faveur d’un numérique responsable, au service du développement, tout en défendant une intelligence artificielle respectueuse des droits humains, inclusive et éthique.

Akhannouch a également mis en avant la participation active du Maroc dans les grands forums internationaux afin de promouvoir un cadre technologique au service de l’intérêt général. Face à la recrudescence des cybermenaces, il a appelé à un sursaut collectif pour renforcer la sécurité informatique sur le continent, insistant sur la nécessité pour l’Afrique d’être un acteur engagé de la révolution numérique, et non un simple terrain d’essai.

Le chef de l’exécutif est ensuite revenu sur les grandes orientations de la stratégie « Maroc Digital 2030 », initiée sous l’impulsion du roi Mohammed VI. Celle-ci s’articule autour de deux axes principaux : la digitalisation de l’administration au service des citoyens et des entreprises et le développement d’une économie numérique créatrice de valeur, porteuse d’innovation et génératrice d’emplois.

Il a, par ailleurs, souligné les efforts déployés par le Royaume pour stimuler l’investissement, soutenir les start-ups à travers des dispositifs de financement adaptés, développer l’offshoring dans les secteurs à forte valeur ajoutée, et instaurer un environnement réglementaire favorable à l’innovation.

Enfin, le chef du gouvernement a insisté sur l’urgence de connecter les zones rurales, de moderniser les infrastructures numériques et de former massivement les jeunes Africains aux compétences liées à l’intelligence artificielle et à la gestion des données. «L’Afrique ne doit pas subir les révolutions numériques, mais les canaliser pour en faire un levier d’émancipation, de souveraineté et de justice sociale», a-t-il conclu, tout en soulignant que le GITEX Africa constitue une plateforme stratégique pour renforcer la coopération numérique à l’échelle continentale.

Le Maroc veut façonner la technologie, pas seulement la consommer

À cette occasion, la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a livré un message fort sur l’ambition numérique du Royaume. «Le Maroc ne se contente plus de consommer la technologie, il veut désormais la concevoir et la façonner», a-t-elle déclaré devant un parterre d’acteurs institutionnels, d’investisseurs internationaux et de représentants du secteur privé réunis pour ce grand rendez-vous continental.

Portée par les hautes orientations royales, la stratégie Digital Morocco 2030 entend impulser une transformation structurelle de l’écosystème numérique marocain. Cette feuille de route s’appuie sur deux leviers majeurs : d’une part, la numérisation des services publics pour les rapprocher des citoyens et des entreprises ; d’autre part, la consolidation d’une économie numérique innovante, compétitive et créatrice d’emplois à forte valeur ajoutée.

La ministre a tenu à rappeler que cette transition digitale ne repose pas uniquement sur une vision stratégique, mais s’inscrit dans une dynamique d’action concrète et continue. Elle a souligné l’importance du GITEX Africa en tant que catalyseur de cette transformation, dans un contexte où l’économie numérique représente déjà 15 % du PIB mondial, soit environ 6.500 milliards de dollars.

Seghrouchni a également mis en avant le rôle croissant de l’intelligence artificielle, soulignant que près de 40 % des start-ups présentes à cette édition du GITEX Africa intègrent l’IA dans leurs offres de base. Une donnée révélatrice, selon elle, d’un bouleversement profond dans la manière dont l’innovation est conçue et structurée sur le continent.

Pour la ministre, le Maroc souhaite jouer un rôle actif dans la définition d’un avenir numérique inclusif, équitable et durable. Elle a appelé à renforcer les synergies entre les secteurs public et privé, à soutenir les jeunes porteurs de projets technologiques et à inscrire résolument le continent africain dans la nouvelle ère de l’économie de la connaissance.

GITEX Africa 2025 : participation des startups du programme Morocco 200

Le GITEX Africa : un levier de coopération Sud-Sud

De son côté, le directeur général de l’Agence de développement du digital (ADD), Mohammed Drissi Melyani, a salué la portée stratégique de ce salon devenu, selon lui, l’un des plus grands rendez-vous technologiques à l’échelle africaine et internationale. Selon lui, cet événement illustre pleinement le leadership numérique du Maroc ainsi que son engagement pour une coopération Sud-Sud renforcée au service de la transformation digitale du continent.

Avec une participation record de visiteurs et d’exposants, l’édition 2025 témoigne, dit-il, de l’attractivité croissante du Maroc comme terre d’opportunités digitales. «Le GITEX Africa ne se limite plus à la présentation d’innovations technologiques, il s’impose désormais comme une plateforme stratégique d’échange, de coopération et de réflexion sur les enjeux numériques en Afrique», ajoute-t-il.

Le patron de l’ADD a également insisté sur la nécessité de faire de ce rendez-vous un moteur de transformation numérique durable, en capitalisant sur les réalisations nationales, en s’inspirant des meilleures pratiques internationales et en s’ouvrant à de nouveaux marchés. Cette ambition, a-t-il précisé, s’inscrit dans une vision claire : bâtir une économie numérique avancée, compétitive, et au service de l’administration, de l’entrepreneuriat et des citoyens.

Mohammed Drissi Melyani a enfin mis l’accent sur les thématiques structurantes abordées lors de cette édition, qu’il considère comme autant d’opportunités de nourrir une réflexion collective sur l’avenir numérique du continent.

Le GITEX, catalyseur de l’innovation africaine

Également présent à la cérémonie d’ouverture, le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Chakib Alj, a salué un événement qui dépasse le simple cadre d’un salon technologique. Pour lui, le GITEX Africa est devenu un véritable espace de dialogues constructifs et d’idées audacieuses, réunissant les acteurs qui ne se contentent plus d’imaginer l’avenir, mais qui le bâtissent activement.

Face à une participation internationale record et la montée en puissance de l’événement, Alj a souligné que le salon consacre la montée en influence de l’Afrique sur la scène technologique mondiale. Marrakech, en accueillant cette grand-messe du numérique, confirme selon lui son statut de hub technologique africain, capable d’attirer investisseurs, partenaires internationaux et pavillons nationaux désireux de collaborer.

Le chef du patronat a insisté sur le rôle stratégique de la technologie pour l’Afrique, un levier capable de contourner les modèles classiques de développement et d’apporter des solutions adaptées aux défis locaux. À ses yeux, GITEX Africa Morocco est un catalyseur de cette dynamique de transformation.

Chakib Alj a aussi évoqué la capacité du Maroc à produire une énergie verte compétitive, un atout majeur pour renforcer son positionnement dans des services numériques à forte valeur ajoutée. Enfin, il a rappelé que la stratégie digitale nationale s’attache aussi à lever les freins au financement des startups et à renforcer les infrastructures numériques.

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