Gaza : une déception palestinienne après le vote algérien à l’ONU

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Gaza : une déception palestinienne après le vote algérien à l’ONUL’ambassadeur des États-Unis auprès de l'ONU, Michael Waltz, prend la parole après avoir voté en faveur d’une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies à New York, lundi 17 novembre 2025. © Eduardo Munoz, Reuters

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L’Algérie, seul pays arabe membre du Conseil de sécurité de l’ONU, se retrouve au centre d’une vive déception palestinienne après avoir voté en faveur de la résolution américaine portant le plan de paix du président Donald Trump pour Gaza. Un vote qui, malgré les justifications avancées par Alger, interroge une partie de l’opinion palestinienne et nourrit un sentiment d’abandon, alors que la bande de Gaza sort à peine d’un cessez-le-feu fragile après deux ans de guerre.

Une résolution adoptée sous pression américaine

Lundi, le Conseil de sécurité a adopté à 13 voix pour, zéro contre et deux abstentions (Russie et Chine), une résolution entérinant le plan américain. Celui-ci a permis la mise en place, le 10 octobre dernier, d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, ainsi qu’un échange d’otages et de prisonniers.

Dans sa dernière mouture, le texte prévoit le déploiement d’une force internationale chargée de sécuriser les frontières avec Israël et l’Égypte, de faciliter l’aide humanitaire et de mettre en œuvre la démilitarisation de Gaza, notamment via le désarmement des groupes armés. Il crée en outre un « Comité de la paix » présidé par Donald Trump, mandaté jusqu’en 2027 pour assurer une gouvernance transitoire du territoire, le temps de réformer l’Autorité palestinienne (AP).

Si la résolution évoque désormais, de manière prudente, la perspective d’un chemin « crédible » vers l’autodétermination et un statut d’État palestinien, Israël a immédiatement rejeté toute idée d’État palestinien, quelle qu’en soit la forme ou l’étendue.

Sur le plan politique, les réactions palestiniennes divergent. L’Autorité palestinienne salue le texte, y voyant une consolidation du droit à l’autodétermination. Le Hamas, en revanche, rejette catégoriquement la résolution, dénonçant un « mécanisme de tutelle internationale » et accusant Washington d’imposer un dispositif au service des objectifs israéliens.

Le vote algérien : soutien aux Palestiniens ou calcul diplomatique ?

Le vote favorable de l’Algérie surprend et suscite la critique. Alger, qui affiche un soutien inconditionnel à la cause palestinienne, selon ses propres slogans, se retrouve accusée de briser l’unité arabe sur un texte jugé problématique par le Hamas et accueilli avec prudence par une grande partie de la population gazaouie.

Pour de nombreux Palestiniens, l’abstention de la Russie et de la Chine, deux puissances opposées aux positions américaines, confirme que le dossier était suffisamment controversé pour justifier une position plus ferme.

Cette déception est renforcée par la dimension sécuritaire du plan, en particulier le désarmement du Hamas et la démilitarisation de Gaza, perçus par une partie de la société palestinienne comme une remise en cause de la résistance.

Lire aussi : Palestine : qui reconnaît, qui hésite et qui refuse ?

Les explications d’Alger : priorité au cessez-le-feu

Face aux réactions négatives, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a tenu une conférence de presse pour défendre la position de son pays. Il reconnaît que le plan américain « n’est pas sans insuffisances » et comporte « des ambiguïtés », notamment sur les causes profondes du conflit et la réunification des territoires palestiniens.

Cependant, pour Alger, la priorité absolue est la consolidation du cessez-le-feu, la protection des civils et le déploiement rapide de l’aide humanitaire dans un territoire ravagé par deux ans de guerre et en proie à une situation humanitaire catastrophique, aggravée par les récentes intempéries.

Le chef de la diplomatie insiste : « L’Algérie ne peut se désolidariser de la position de ses frères palestiniens et du consensus arabo-islamique qui soutient le projet de résolution ».

Une justification qui peine néanmoins à convaincre ceux qui estiment que le texte renforce une logique de contrôle extérieur sur Gaza plutôt que d’ouvrir la voie à une réelle souveraineté palestinienne.

Si Alger espère que cette résolution constituera une étape vers la reconstruction de Gaza et, à terme, vers la création d’un État palestinien souverain, le mal est fait pour de nombreux Palestiniens qui attendent des pays arabes une solidarité sans ambiguïté.

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