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Les équipes nationales à travers le monde, de football notamment, sont composées de joueurs de diverses origines, y compris des joueurs représentant des pays où ils ne sont pas nés, et d’autres qui sont les enfants de migrants.
La Coupe du Monde de 2022 au Qatar a compté le plus grand nombre de joueurs nés à l’étranger de l’histoire du tournoi.
Rapport sur l’état des migrations dans le monde 2024, ONU Migration.
En chiffres : 137 des 830 joueurs (17%) représentent des pays où ils ne sont pas nés. Des pays comme le Maroc et le Qatar comptaient le plus grand nombre de joueurs nés à l’étranger. Dans les équipes nationales du monde entier, de nombreux joueurs d’origine africaine étaient nés à l’étranger. Par exemple, plusieurs joueurs vedettes de l’équipe de France, dont Kylian Mbappé et Paul Pogba, ont des liens familiaux en Afrique. Au Maroc, quasiment toute l’équipe nationale est née ailleurs.
Cependant, il est également important de souligner que, pour la grande majorité des jeunes africains désireux de jouer au football en Europe, les opportunités de migration et d’intégration réussie dans des clubs de football en Europe sont extrêmement limitées.
Pour la plupart, leurs aspirations sont souvent associées à des risques et des dangers considérables. Les passeurs et les trafiquants de migrants peuvent exploiter leurs rêves de jouer dans de grands championnats de football européens, attirant des milliers de personnes de la sous-région avec de faux espoirs de devenir footballeurs professionnels. Souvent déguisés en agents de football, ils exigent de grosses sommes d’argent pour faciliter leur voyage vers l’Europe, pour ensuite les abandonner à leur arrivée, d’autres migrants se retrouvent victimes de travail forcé, d’exploitation sexuelle, entre autres abus et violations.
Des efforts internationaux sont mis en place pour gérer la migration, tels que le Pacte Mondial pour la Migration, et sont renforcés par des examens régionaux visant à évaluer les progrès vers sa mise en œuvre. Ces initiatives sont d’autant plus cruciales dans le contexte de la pandémie de COVID-19, qui a mis en lumière de nouveaux défis pour la gouvernance migratoire.
Lire aussi : Migration : le Maroc, point de départ… et de chute ! (Rapport)
Abderrahim Bourkia nous parle de ce phénomène.
Crédit photo : Institut français Maroc ©
Professeur de sociologie du sport à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université Hassan 1er de Settat et Chercheur associé au Centre méditerranéen de Sociologie, de Science politique et d’Histoire (MESOPOLHIS) à Sciences Po d’Aix-Marseille. Parallèlement, Abderrahim Bourkia est aussi auteur du livre «Des ultras dans la villes », revenant sur les phénomènes sociaux liés aux supporters de football.
LeBrief : Quel rôle le sport joue-t-il dans l’intégration des immigrés africains dans les sociétés d’accueil ?
Abderrahim Bourkia : Le sport en général, le foot en particulier, joue un rôle capital dans la socialisation des jeunes au sein de la société. Je pourrais même dire que le sport est devenu un lieu d’intégration privilégié pour les enfants des immigrés dans les pays d’accueil. Si je prends l’exemple de l’équipe de France, cette dernière est depuis toujours composée de joueurs fils ou petits-fils d’immigrés. On se souvient tous de l’équipe de Michel Platini, malheureux demi-finaliste de la Coupe du Monde de 1986. Cette équipe comptait des patronymes italiens, espagnoles, africains et des DOM-TOM.
Sans parler de la période des colonies françaises des années 30 et 40, où l’on recrutait massivement des footballeurs en Afrique. Haj Larbi Ben Mbarek en est une parfaite illustration. Après avoir joué au mythique Olympique de Marseille et l’Atletico Madrid, notre grand joueur a porté le maillot des Bleus de 1938 à 1954.
Cependant, une certaine réalité nous impose de nuancer l’idée d’une intégration facile par le sport, il faut en parler avec beaucoup de précaution.
LeBrief : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les athlètes immigrés africains dans leur carrière sportive à l’étranger ?
Abderrahim Bourkia : A mon avis, l’une des principales difficultés, qui n’est pas vraiment une difficulté, mais une réalité, est le fait que tous les athlètes immigrés ne vont pas toutes et tous briller dans les grandes compétitions comme les Jeux Olympiques ou les Championnats du Monde. Donc, les attentes pourraient éventuellement virer aux cauchemars et les discours médiatiques et politiques pourraient les accuser et les taxer de tous les adjectifs négatifs en cas d’échec.
D’ailleurs, l’engagement dans l’activité sportive et la poursuite de la carrière est un choix de vie. Si cela fonctionne, tout va bien. Mais l’échec sportif ou l’accident qui met fin à la carrière pose de vrais problèmes. Et on peut même parler de la réalité du marché économique du sport qui miroite souvent de faux espoirs.
Dans le même ordre d’idées, je vais prendre l’exemple français et plus précisément dans le monde du football, certains entraîneurs confirment qu’ils avaient plus de mal à garder les jeunes « arabes » qui se rebellaient et avaient tendance à déserter les entraînements des U17, que les « blacks », plus motivés et disciplinés. L’effet Zidane n’est plus à la mode.
LeBrief : Quels sont les défis spécifiques auxquels sont confrontés les jeunes sportifs africains qui migrent vers d’autres continents pour poursuivre leur carrière ?
Abderrahim Bourkia : On peut ajouter les filets des faux agents ou les agences qui exploitent les jeunes sportifs. Notre continent est sillonné par des personnes sans scrupules qui « acheminent » les jeunes vers d’autres cieux. Ces « crapules » font miroiter un avenir radieux profitant de l’ignorance et de la misère pour démarcher les sportives et sportifs et les presser comme un citron par la suite. Des milliers de jeunes ont vu leur rêve brisé après avoir déboursé les économies de leur famille et mis les pieds sur l’Eldorado européen ou asiatique.
LeBrief : Quelle est l’ampleur du phénomène de la naturalisation des jeunes sportifs ?
Abderrahim Bourkia : C’est de plus en plus fréquent. Les raisons pécuniaires expliquent davantage cet engouement. Puis il n’y a pas que l’argent, il y a les conditions, l’accès aux équipes, la qualité de l’encadrement, la facilité d’insertion dans un cadre professionnel prometteur, les attentes des familles au pays d’origine et les motivations singulières et personnelles.
Nous avons vu cela avec les athlètes et joueurs africains qui participent sous le drapeau de la monarchie qatarie depuis le début des années 2000.
Je pense que derrière ce phénomène il y a un choix individuel de jeunes sportives et sportifs. On ne peut pas leur reprocher d’avoir saisi leur chance et tenter de vivre mieux et d’être utile pour eux-mêmes et les membres de leur famille restés au pays.
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