Épictète, philosophe stoïcien et esclave

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Le stoïcisme aura donné à la philosophie un Empereur (Marc-Aurèle) et un esclave, Épictète, comme pour établir que cette doctrine était destinée à tous les êtres humains, quelle que soit leur condition sociale. La vie d’Épictète est mal connue, mais il est certain qu’il a été esclave avant d’être affranchi, et ce assez jeune semble-t-il. Il fit partie du groupe de philosophes chassés de Rome par l’Empereur Domitien en 90 et termina sa vie à Nicopolis (Grèce du Nord). Il vivait simplement et ne fermait jamais sa maison, dans laquelle il n’y avait, de toute façon, rien à voler.

Épictète n’a rien écrit, et ses Entretiens nous ont été conservés par son disciple Arrien (85-165 ap. J.-C.), qui plus tard fut consul. Ces entretiens font parfois intervenir un interlocuteur fictif (ce qui les rapproche des dialogues socratiques). S’il reste fidèle à la tripartition de la philosophie stoïcienne en logique, physique et éthique, Epictète montre toutefois qu’il privilégie les questions éthiques. Le Manuel, également rédigé par Arrien, est à ce titre une œuvre emblématique passée à la postérité en popularisant la distinction fondamentale entre « ce qui dépend de nous » et « ce qui ne dépend pas de nous ». Se mettre dans la dépendance de ce qui ne dépend pas de nous (amour, ambition politique, attachement aux biens matériels, etc.), c’est se transformer en esclave de ses propres désirs, ce qui est, pour l’ancien esclave Épictète, le pire des esclavages.