Éducation nationale : l’impasse des enseignants en grève

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Éducation : les enseignants exigent la fin des sanctionsManifestations des enseignants, devant le Parlement, à Rabat. © DR

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La grève prolongée des enseignants au Maroc a plongé le secteur éducatif dans une crise majeure. Cette lutte met en lumière les défis persistants du système éducatif marocain et souligne l’importance cruciale de parvenir à une résolution pour le bien-être des enseignants et des élèves. Aujourd’hui, le chef du gouvernement a appelé les syndicats de l’enseignement au dialogue lundi prochain. Cette main tendue aura-t-elle l’effet escompté ? Éléments de réponse.

Le secteur éducatif est actuellement le théâtre d’une crise délicate. Les enseignants ont entamé leur cinquième semaine de grève pour protester contre la réforme de l’éducation et réclament un dialogue national. Cette situation a des répercussions profondes sur des millions d’élèves et d’enseignants à travers le pays.

Les enseignants en grève demandent un dialogue national 

Le secteur de l’enseignement traverse une crise majeure, caractérisée par des grèves prolongées et une radicalisation croissante des enseignants. Le 21 novembre, ils ont entamé leur cinquième semaine de grève, marquant une étape cruciale dans leur opposition à la réforme de l’éducation nationale. 

La participation aux grèves a atteint des niveaux élevés, avec environ 70% de grévistes dans certaines régions, un chiffre bien supérieur aux 30% rapportés par le ministère de tutelle. Cependant, les enseignants, soutenus de plus en plus par les parents d’élèves, envisagent de transformer leurs sit-in en marches, suivant l’exemple de celle de Rabat le 7 novembre. 

Cette situation est aggravée par les tensions entre les syndicats traditionnels et les groupes plus radicaux. Ces derniers, gagnant en influence, contestent la légitimité et l’efficacité des syndicats établis. 

Néanmoins, au cœur du conflit se trouve le statut unifié des fonctionnaires de l’Éducation nationale également perçu par les enseignants comme un « Code pénal bis » en raison de ses sanctions sévères. Ce statut est considéré comme une atteinte à la dignité des enseignants et comporte des procédures d’évaluation controversées. 

Par ailleurs, face à cette crise sans précédent, les grévistes demandent le retrait du statut unifié et appellent à l’ouverture d’un dialogue national. Certains vont jusqu’à demander une intervention royale pour mettre fin à l’impasse qui menace l’année scolaire. 

Lire aussi : Enseignement : plus de 80.000 élèves migrent vers le privé

Les revendications des syndicats

Les syndicats, à leur tour, ont émis un communiqué dans lequel ils critiquent vivement les réactions de certains membres du gouvernement face à la crise éducative actuelle. Ils déplorent l’absence d’un dialogue ouvert avec les professionnels de l’éducation et pointent du doigt l’approche incohérente adoptée par le gouvernement dans cette situation. 

Ces derniers mettent l’accent sur la nécessité de réformer le système éducatif, appelant à un modèle plus équitable et unifié. Ils accusent également le gouvernement de ne pas tenir compte des manifestations pacifiques et de ne pas gérer correctement la crise. 

En appelant à un débat constructif qui respecte la Loi fondamentale, les syndicats expriment leur solidarité envers les travailleurs de l’éducation et soutiennent leur opposition au système actuel. Ils valorisent également le rôle joué par les associations de parents d’élèves. 

De fait, cette grève actuelle des enseignants est un reflet de leur frustration face à l’absence de réponses concrètes et à l’inaction du gouvernement face à leurs revendications. Pour surmonter cette crise, il est essentiel que le gouvernement manifeste une volonté politique sincère et entame un dialogue constructif. L’objectif est d’établir un système éducatif juste et de haute qualité, accessible à tous les élèves du Maroc. 

Lire aussi : Enseignement : entre réformes et résistance, un secteur en ébullition

Le Parlement face au conflit enseignants-gouvernement

Les membres de la première Chambre du Parlement interviennent activement pour tenter de résoudre le conflit en cours entre les enseignants et le gouvernement. Cette intervention fait suite à l’échec d’une tentative de résolution par une commission ministérielle, sous la direction de Aziz Akhannouch, qui avait pour objectif de traiter les problèmes liés au statut des employés de l’éducation nationale. 

Ainsi, une réunion parlementaire a été organisée pour aborder la crise affectant les écoles du pays, actuellement paralysées par des grèves. Ces sit-ins, sont une réaction au nouveau statut mis en place par le ministère de l’Éducation nationale. Rachid Hammouni, membre du Parti du progrès et du socialisme (PPS), a partagé ses préoccupations, déclarant que l’éducation au Maroc est arrivée à un point critique. L’objectif principal des députés est de renouer le dialogue entre les enseignants et le gouvernement, conscients que ces grèves ont des conséquences négatives sur les élèves. 

Par conséquent, les parlementaires se proposent comme médiateurs dans cette crise. Ils entendent d’abord comprendre les revendications des enseignants, puis travailler à convaincre le gouvernement de répondre à ces demandes. Leur objectif ultime est de trouver rapidement une solution pour mettre fin à l’impasse dans laquelle se trouve le secteur éducatif. 

Lire aussi : Enseignement : initiative majeure pour réformer l’éducation nationale

Les parents et les élèves face aux défis de la grève des enseignants 

La grève des enseignants a mis en arrêt 12.000 établissements scolaires, affectant plus de sept millions d’élèves. Cette situation a une répercussion particulièrement sévère sur les familles les moins aisées, avec une perte estimée à 600 millions d’heures de cours. La Fédération nationale des associations des parents d’élèves (FNAPEM) s’alarme des conséquences néfastes sur l’éducation des élèves, craignant une année scolaire blanche. 

Le gouvernement, à son tour, est confronté à un dilemme complexe : répondre aux demandes des enseignants tout en préservant les intérêts éducatifs des élèves. Dans cette optique, le ministère de l’Éducation nationale a lancé «TelmidTICE», une plateforme de soutien scolaire à distance, le 22 novembre. Cette initiative vise à limiter l’impact des grèves sur l’apprentissage des élèves, bien qu’elle soit une solution provisoire. 

Le Syndicat national de l’enseignement (SNE), de son côté, a exhorté les parents à reconnaître les lacunes du gouvernement dans le soutien à l’éducation publique. Depuis 2007, le SNE critique la tendance gouvernementale à favoriser l’enseignement privé. Le syndicat considère les récentes réformes comme un recul pour l’éducation publique et mobilise pour défendre ses droits. 

Ils incitent les parents à se joindre à eux dans leurs manifestations, notamment pour une marche prévue le 3 décembre. De ce fait, leur objectif est de sensibiliser à la nécessité de restaurer la qualité de l’enseignement au Maroc, affirmant que leur lutte est au bénéfice des élèves. 

Vers une résolution ? 

Le chef du gouvernement a appelé jeudi les syndicats de l’enseignement à un dialogue crucial prévu pour lundi prochain. Cette invitation marque un pas significatif vers l’atteinte d’une solution concertée aux défis persistants dans le secteur de l’éducation. Aziz Akhannouch, en affirmant l’attachement de l’exécutif à ses engagements envers une réforme globale du système éducatif, a mis en lumière l’importance de la motivation du corps enseignant pour l’excellence dans l’accomplissement de leur devoir.

Lors de l’ouverture des travaux du Conseil de gouvernement, Akhannouch a réitéré la volonté de l’exécutif à poursuivre le dialogue et à consolider les canaux de communication. Il a souligné que le but ultime est de garantir la qualité de l’école publique, une pierre angulaire pour l’avenir du Maroc. Cette initiative reflète une reconnaissance claire que l’éducation est un pilier essentiel dans l’édification de l’État social et dans la réalisation des aspirations du Roi.

 

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