Croissance, inflation, emploi : ce que dit l’OCDE sur l’économie nationale

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Économie marocaine : croissance projetée à 4,7 % pour le dernier trimestreCroissance économie (illustration) © DR

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Reprise agricole, boom touristique et industrie en pleine croissance… Autant de signaux positifs qui poussent l’OCDE à saluer les perspectives du Maroc. Mais l’Organisation prévient : sans réformes profondes, les défis sociaux et climatiques pourraient freiner l’élan.

Le nouveau rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), paru mardi, dessine un tableau équilibré de l’économie marocaine : robuste, attractive pour les investisseurs, et portée par des secteurs dynamiques comme le tourisme et l’industrie. Toutefois, pour soutenir cette trajectoire, le Royaume devra accélérer plusieurs réformes structurelles, surtout dans le domaine du marché du travail.

Une croissance solide, selon l’OCDE

Selon le rapport 2025 de l’OCDE sur les perspectives économiques du Maroc, l’économie nationale affiche une résilience notable face aux chocs exogènes et climatiques.

Après des années marquées par une sécheresse sévère ayant lourdement affecté le secteur agricole, les conditions météorologiques se sont enfin améliorées, favorisant une reprise progressive de la production agricole.

L’Organisation prévoit que la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel atteindra 3,8% en 2025, légèrement en dessous de la précédente estimation de 4,1%. Ce rythme devrait se maintenir en 2026, porté par une demande intérieure dynamique, une solide performance du secteur touristique, ainsi qu’un essor continu de l’industrie, notamment dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, du textile et de l’agroalimentaire. L’OCDE souligne par ailleurs que plusieurs nouvelles unités de production sont désormais opérationnelles, soutenues par un investissement direct étranger (IDE) en forte progression.

Le secteur du tourisme enregistre une dynamique exceptionnelle, avec un record de 4 millions de visiteurs au premier trimestre 2025. Cette tendance devrait se confirmer avec de nouveaux pics attendus d’ici à la fin de l’année.

En matière de commerce extérieur, le Maroc reste dépendant de la conjoncture européenne. Si les exportations vers les États-Unis sont à présent soumises à des droits de douane de 10%, leur poids dans les échanges commerciaux du Royaume reste limité. En revanche, l’intégration du Maroc dans les chaînes d’approvisionnement automobiles européennes représente à la fois une opportunité et un risque, en raison des tensions commerciales globales.

Les exportations globales ont toutefois légèrement reculé au premier trimestre 2025, en particulier à cause d’un fléchissement dans le secteur automobile, alors que les importations ont augmenté, tirées par les besoins en biens d’équipement et en produits alimentaires.

Lire aussi : Maroc-OCDE : Aziz Akhannouch et Mathias Cormann saluent les avancées du partenariat 

Une inflation maîtrisée et une politique monétaire accommodante

L’OCDE relève que, malgré une remontée temporaire des prix en début d’année, l’inflation globale reste bien contenue. En février 2025, l’inflation annuelle s’est hissée à 2,6%, portée par une hausse modérée des prix alimentaires, avant de redescendre sous la barre des 2% en mars, puis à 0,7% en avril. Sur les quatre premiers mois de 2025, l’inflation moyenne s’établit à 1,7%.

Quant à l’inflation sous-jacente (hors produits volatils), elle s’est stabilisée autour de 1% en avril et s’élève en moyenne à 1,8% depuis janvier 2025. Ce contexte favorable a permis à Bank Al-Maghrib de poursuivre son cycle de détente monétaire. En mars 2025, la banque centrale a abaissé son taux directeur de 25 points de base, le ramenant à 2,25%, contre un sommet de 3% en mars 2023.

Sur le plan budgétaire, le Maroc poursuit une politique légèrement expansionniste, notamment en matière d’investissements publics. Cependant, la réforme de la fiscalité et des subventions a permis d’élargir la base imposable et d’augmenter les recettes, contribuant à maintenir le déficit budgétaire sous contrôle. Celui-ci devrait rester en dessous de 4% du PIB en 2025 et 2026, malgré une progression des dépenses publiques.

Le déficit des paiements courants, quant à lui, continue d’être largement financé par les IDE, ce qui confirme la confiance des investisseurs étrangers dans le tissu productif marocain.

Lire aussi : EEP : Fettah plaide pour une convergence entre standards marocains et normes OCDE

Emploi, climat et inclusion : les défis à relever

Malgré ces signaux positifs, le rapport de l’OCDE insiste sur plusieurs défis structurels persistants. Le taux de chômage, bien qu’en légère baisse, reste élevé, surtout parmi les jeunes. Il devrait néanmoins passer sous les 13% en 2026, selon les projections. Pour accélérer la réduction du chômage, l’OCDE recommande de renforcer les mesures d’activation, de flexibiliser les contrats de travail et de consolider le rôle de l’Agence nationale pour l’emploi.

L’inclusion économique des femmes demeure également une priorité. Le rapport invite les autorités à combattre les stéréotypes de genre et à développer des services de garde d’enfants accessibles, afin d’améliorer leur taux de participation au marché du travail, encore très bas comparé aux standards internationaux.

La formation des compétences reste un autre chantier stratégique. L’OCDE plaide pour une amélioration de la qualité de l’enseignement, la réduction du décrochage scolaire précoce et la revalorisation de la formation professionnelle, dans le but de stimuler la productivité du travail, toujours inférieure aux standards mondiaux.

Enfin, la gestion des risques climatiques et de la rareté de l’eau est plus que jamais une priorité structurelle. Bien que les pluies récentes aient permis un répit, l’OCDE appelle à intensifier les efforts d’adaptation pour protéger l’économie marocaine de la volatilité climatique à moyen et long terme.

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