Cover chronique HARMONIE
Anass Hajoui Publié le 11/09/25 à 10:24
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Tourisme à crédit

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Les chiffres sont tombés. Des millions d’arrivées, des records de nuitées, des classements qui flattent l’égo et les caisses. Le Maroc brille dans les palmarès, s’affiche en vitrine, se raconte en slogans.

Mais que vaut une vitrine quand l’arrière-boutique s’effrite ? Derrière les chiffres, il y a aussi des milliers de problématiques qui ne suivent pas ces prix qui flambent, ces services qui déclinent, ces infrastructures qui saturent. On encaisse aujourd’hui, on hypothèque demain.

Pour le moment, le modèle est assez clair, on séduit par le volume. Des campagnes massives, des vols directs, des packages bradés. On attire, on brasse, on encaisse. Mais en tourisme, un visiteur qui ne revient pas n’est pas un client. C’est une perte.

Le court terme règne. En haute saison, les additions gonflent, l’accueil devient mécanique. Le touriste étranger est un passage. Le touriste marocain, un bouche-trou. On vend l’instant, on sacrifie la relation.

Pourtant, dans les affaires, on le sait que trop, une marque qui surpromet et sous-livre finit par perdre sa crédibilité. Le tourisme n’échappe pas à la règle.
À force de soigner la vitrine sans investir dans le produit, on construit une dette d’image qui se paie plus cher qu’un billet d’avion.

Allons bon, on dira encore que le tourisme est une locomotive de croissance. Mais une locomotive lancée à toute vitesse sur des rails fragiles finit toujours par dérailler. Et ce jour-là, il ne restera des records que de belles affiches… jaunies au soleil.