Chronique CADENCE
Sabrina El Faiz Publié le 12/12/25 à 10:21
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Prévisible enquête

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A Fès, deux immeubles sont tombés dans la nuit. Pour les étrangers, il est important d’expliquer le contexte. Il n’y a pas eu de tempête, pas de séisme, non, rien, rien. Le Maroc de la CAN, de la Coupe du monde est aussi celui des effondrements d’immeubles. Comme ça, sans prévenir. Enfin… le « sans prévenir », on en reparlera ! C’est ce qu’on raconte aux journaux, mais sur place, tout le monde était apparemment au courant.

Tout a commencé avec une fête de baptême. Une maison pleine de joie, de thé chaud, de femmes qui chantent, d’enfants qui courent partout. Et la seconde d’après des cris, puis plus rien. Tu lis ça et tu te dis que c’est trop surjoué pour être vrai. Mais non. Chez nous, le tragique a toujours de l’ironie. Toujours un timing pourri, parce qu’on n’est jamais préparés à RIEN. On attend toujours qu’une catastrophe arrive !

Et puis, le rituel commence. Le Maroc a ses traditions, tu connais. D’abord, on pleure. Ensuite, on accuse la fatalité. Puis, on sort LA fameuse phrase : « Une enquête est ouverte ». A force, elle ne veut plus rien dire ! Une enquête, oui. Comme celles des autres drames, des autres vies écrasées sous des constructions qui ne devaient plus exister depuis longtemps.

Tu sais ce qu’on va trouver à la fin ? Le maçon et peut-être un petit fonctionnaire qui n’a pas rempli un papier. Ne vous inquiétez surtout pas pour les autres, ils paient cher leur innocence.

Et franchement… combien de morts faudra-t-il pour que quelque chose tienne enfin debout correctement ?

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