Chronique CADENCE
Sabrina El Faiz Publié le 12/09/25 à 10:24
Temps de lecture

Enfance enterrée

A A A A A

Encore une gamine massacrée. Cinq ans. A peine le temps d’apprendre à écrire son prénom, déjà réduite en chair à coups de ceinture, de briquet, ou que sait-on ? Par qui ? Par sa propre mère et son amant. Amants illégitimes, bourreaux légitimes ! Bravo. Prix d’excellence en monstruosité familiale. Qu’est-ce qu’il y a ? Cette petite vous dérangeait dans votre vie si parfaite ?

Alors évidemment, comme chaque semaine, en bon pensant, on s’indigne. Vidéo à l’appui. Ah, le spectacle de l’horreur en HD, ça circule, ça s’émeut derrière l’écran, ça fait réagir… Oui, un peu comme ce qu’on fait ici même en ce moment, mais l’exercice devient fatigant de répétition. Et ça repart vers le prochain scandale. Parce que l’indignation, chez nous, c’est un fast-food. On consomme vite, on jette directement.

Mais revenons à ces deux moutons. Ces deux bourreaux ne sont pas une anomalie. Non, non, loin de là, ils sont le produit d’un terreau bien arrosé agrémenté de pauvreté, d’ignorance, de misogynie, de violence banalisée… Bref, notre quotidien quoi ! Et nous, bons citoyens, on se révolte alors que chaque semaine un nouveau scandale frappe ce doux pays. Le cri d’un enfant ? Sûrement une dispute de couple. Des bleus sur les bras ? L’enfant doit sans doute être maladroit, il tombe. Facile. Tout est toujours plus simple que de s’en mêler.

Alors oui, les deux coupables ont été arrêtés. La justice suivra peut-être. Et après ? Après, une autre enfant prendra sa place. Parce qu’on soigne les symptômes, jamais la gangrène. On envoie une ambulance, mais on laisse le virus circuler.

La vérité c’est que nous sommes complices. Tous.