Climat : l’heure n’est plus aux promesses, mais à l’action

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Climat : de la diplomatie globale aux actions locales, les leviers d’un avenir durableImage d’illustration. © DR

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À l’occasion de la Journée mondiale de la Terre, célébrée chaque 22 avril, la planète nous rappelle l’urgence de repenser notre rapport à l’environnement. Alors que les signes du dérèglement climatique se multiplient – vagues de chaleur extrêmes, fonte accélérée des glaces, effondrement de la biodiversité – les initiatives pour inverser la tendance se diversifient à l’échelle mondiale. Des grandes conférences internationales aux stratégies nationales ambitieuses, en passant par des mouvements citoyens portés par une volonté de restaurer les écosystèmes, l’heure est à l’action collective. Tour d’horizon de cette mobilisation globale pour un avenir durable.

Dans une ère marquée par l’urgence climatique, la planète semble plus que jamais à la croisée des chemins. Alors que les températures grimpent et que les catastrophes naturelles s’intensifient, les États, les communautés et les citoyens du monde entier sont appelés à un sursaut collectif. Des grands accords internationaux à l’action locale portée par des initiatives citoyennes ou nationales, voici un panorama de la mobilisation mondiale pour un avenir plus durable.

Les accords internationaux : cadre nécessaire mais insuffisant

Depuis plusieurs décennies, la communauté internationale tente de tisser une gouvernance climatique mondiale. Le sommet de la COP21 à Paris, en 2015, marque un jalon historique avec l’adoption de l’accord de Paris. Ce texte engage 196 pays à limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, idéalement 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Contrairement aux engagements limités du protocole de Kyoto, l’accord de Paris inclut aussi bien les pays développés que ceux en développement, chacun devant soumettre une contribution déterminée au niveau national (CDN).

Mais si le texte constitue une avancée diplomatique majeure, les résultats restent en retrait. Selon les projections du GIEC, les engagements actuels nous mènent vers un monde réchauffé de 2,7°C d’ici à 2100, bien au-delà des objectifs fixés. Les conférences des parties (COP), rendez-vous annuels du climat, ont certes vu émerger des initiatives notables comme la création d’un fonds pour pertes et dommages à la COP27, mais elles sont souvent critiquées pour leur lenteur et l’absence de contraintes juridiques fermes.

En parallèle, des initiatives plus ciblées émergent. L’Union européenne a adopté son pacte vert, et des coalitions volontaires se sont constituées autour d’objectifs précis, comme la sortie du charbon. Ces dynamiques régionales, si elles restent encore disparates, témoignent d’un glissement du pouvoir climatique : les entreprises, les collectivités et les citoyens deviennent des acteurs incontournables de la transition.

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Le Maroc : un modèle africain de transition énergétique

Sur le terrain, certains pays transforment les intentions climatiques en actions concrètes. Le Maroc incarne cette dynamique de transformation. Depuis le lancement de sa stratégie énergétique en 2009, le Royaume s’est affirmé comme un leader dans le domaine des énergies renouvelables. En effet, le pays a posé les bases d’un système énergétique fondé sur trois piliers : d’abord, le développement des énergies vertes, ensuite, l’amélioration de l’efficacité énergétique, et enfin, l’intégration régionale.

Aujourd’hui, 4.600 mégawatts de capacités renouvelables sont déjà opérationnels. Le complexe solaire Noor à Ouarzazate, véritable prouesse technologique au cœur du désert, en est le symbole éclatant. D’autres projets, comme les parcs éoliens de Tarfaya et Midelt, confirment la volonté du Maroc de faire des énergies renouvelables le socle principal de sa production électrique à l’horizon 2030. Cependant, cette ambition se double d’une volonté d’indépendance énergétique. Encore dépendant à 88% de ses importations d’énergie, le Maroc vise à réduire cette dépendance à 17% d’ici à 2050. Pour cela, le pays mise sur des technologies innovantes, notamment l’hydrogène vert, soutenu par des partenaires internationaux comme la France.

Toutefois, des défis subsistent. Le domaine de l’efficacité énergétique reste encore sous-exploité. L’absence de bilans clairs et d’outils opérationnels freine l’adoption de comportements sobres en énergie. Malgré cela, le Maroc s’est hissé à la 8ᵉ place mondiale de l’indice de performance climatique 2025, confirmant son statut de pionnier. À travers une vision stratégique, des investissements ciblés et une diplomatie verte active, le Maroc prouve qu’une transition ambitieuse est non seulement possible, mais aussi bénéfique sur le plan économique, social et géopolitique.

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Restaurer la planète, un impératif de civilisation

Au-delà des grandes politiques publiques et des plans énergétiques, la restauration des écosystèmes devient une priorité absolue. C’est tout l’enjeu de la décennie des nations unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030), qui propose un cadre d’action global, décliné en dix priorités essentielles pour rebâtir un lien harmonieux entre l’humanité et la nature. La première de ces priorités est d’insuffler un mouvement international. Aucun acteur n’a, seul, la capacité de restaurer les écosystèmes mondiaux. La stratégie onusienne vise donc à soutenir les initiatives locales, à les coordonner et à leur donner les moyens de réussir.

La question du financement est cruciale : malgré des bénéfices environnementaux et économiques évidents, les projets manquent souvent de ressources. Les gouvernements, le secteur privé et les citoyens sont appelés à investir, directement ou via du bénévolat, dans des projets de reforestation, de régénération des sols ou de dépollution. D’autres leviers sont identifiés : la reconnaissance du leadership local, notamment des peuples autochtones ; la nécessité de changer les comportements de consommation à l’échelle mondiale ; et le besoin de recherche scientifique pour adapter les pratiques de restauration au contexte du changement climatique.

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La culture de la restauration est également mise en avant. Artistes, conteurs et musiciens sont invités à porter ce message au-delà des sphères expertes, afin d’ancrer dans l’imaginaire collectif une nouvelle manière de vivre avec la nature. Cette culture vise aussi à préparer la nouvelle génération en intégrant la restauration dans l’éducation et la formation, pour que les enfants d’aujourd’hui deviennent les ambassadeurs écologiques de demain. Enfin, l’un des messages les plus puissants de cette stratégie est le renforcement des capacités des groupes marginalisés : femmes, jeunes, populations autochtones. Ce sont souvent eux les premières victimes de la destruction écologique et les plus grands porteurs d’espoir pour la reconstruire.

 

De la scène diplomatique internationale aux projets innovants marocains, en passant par l’appel global à la restauration de la nature, une certitude se dessine : la transition climatique n’est plus une option, mais une nécessité urgente et collective. L’avenir dépendra de notre capacité à faire converger les actions, à fédérer les volontés et à financer les transformations profondes dont la planète a besoin. Si la route est semée d’embûches, elle est aussi éclairée par des exemples inspirants et des stratégies ambitieuses.

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