Chômage, inflation… Et si on parlait des vrais problèmes ?
Image d'illustration, famille marocaine © DR
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Le Maroc a enregistré une croissance de 3,8% en 2024, en amélioration par rapport à l’année précédente. Mais selon le Professeur Nabil Adel, chercheur en géopolitique et géoéconomie, cette performance ne révèle pas tout… elle peut même être considérée comme trompeuse. Le chômage est toujours là, et surtout, les créations d’emplois se sont effondrées. On est passés de 145.000 postes annuels avant 2013 à 6.000 ces dix dernières années. Pour Professeur Nabil Adel, cette stagnation de l’emploi n’est pas un simple effet de conjoncture, mais un symptôme d’un problème structurel plus profond.
Le rapport attribue partiellement la faiblesse de la dynamique de l’emploi aux mauvaises campagnes agricoles, dans un pays de plus en plus exposé au stress hydrique. Mais là encore, le chercheur réagit : « Ce n’est pas un facteur extérieur imprévisible. Nous savons que nous sommes dans un pays semi-aride. Le problème est qu’on ne traite pas cette réalité à la racine ».
Un chômage sans solution ?
Le taux de chômage a atteint 13,3% en 2024, selon le rapport. En particulier dans ce contexte d’urbanisation rapide, ce chiffre est alarmant. « Nous ne pouvons pas continuer à voir ce chiffre comme une simple conséquence de la conjoncture. C’est un défaut structurel de notre modèle productif, marqué par des rigidités du marché du travail, une inadéquation formation-emploi… », détaille Nabil Adel.
Pour lui, la Banque centrale devrait recentrer ses priorités sur l’inclusion économique et la compétitivité, au lieu de s’aligner sur les standards des pays développés. « A force d’emprunter les indicateurs et le langage des économies des pays développés, on oublie que notre réalité est tout autre », regrette-t-il.
Par ailleurs, le rapport détaille que l’inflation est revenue à 0,9% en 2024, après avoir atteint 6,1% en 2023. Un ralentissement spectaculaire, que Bank Al-Maghrib expose comme le fruit de sa politique monétaire prudente. Mais elle annonce aussi un changement de cap en passant par un ciblage d’inflation.
Ce concept technique, déjà partiellement appliqué au Maroc, consiste à fixer un objectif chiffré d’inflation à moyen terme, pour guider les anticipations des agents économiques. « Ce n’est pas une révolution, c’est une formalisation d’une politique déjà en cours », tempère Nabil Adel.
Encore une fois, il faut replacer cette logique dans son contexte. Lorsqu’on est dans une économie à faible industrialisation, avec un tissu productif limité et une forte dépendance à l’importation, le ciblage d’inflation a ses limites. Surtout lorsque la création d’emplois ne suit pas.
Le rapport note une réduction du déficit budgétaire à 3,9% du PIB, en lien avec une hausse des recettes fiscales et un meilleur encadrement des dépenses. Une trajectoire saluée, dans un contexte de pressions sociales croissantes. Mais là aussi, Nabil Adel reste réservé : « Oui, on réduit le déficit. Mais cela ne signifie pas que l’Etat est devenu plus efficace. Il faut voir où va la dépense publique. Est-ce qu’elle favorise la productivité ? Est-ce qu’elle réduit les inégalités territoriales ? »
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Selon lui, l’efficacité de la dépense publique devrait être évaluée selon des indicateurs concrets de développement humain, de valeur ajoutée locale, de qualité des services publics, bien plus que par la simple maîtrise des équilibres macroéconomiques.
Et si on se remettait en phase…
C’est la philosophie même du rapport que Nabil Adel remet en question. « Depuis plusieurs années, ce document donne l’impression d’un exercice de style. Il est très centré sur la conjoncture et trop peu sur les problématiques structurelles ». Pour faire simple, l’on se concentre sur des chiffres tel un pays aux finances très développées, alors qu’il faudrait se pencher sur les problèmes structurels pour y trouver une solution.
L’économiste estime que le Maroc doit aujourd’hui se doter d’une nouvelle génération d’indicateurs, adaptés à sa réalité tels que le niveau d’intégration industrielle, le taux d’encadrement éducatif, la dynamique de l’emploi local, la productivité du capital humain, le niveau de valeur ajoutée agricole, l’efficacité des zones industrielles… « Tant qu’on ne mesure pas ce qui compte vraiment, on continuera à constater les effets sans traiter les causes », avertit-il.
Pour appuyer cette démonstration, prenons l’exemple frappant de l’Egypte. Un pays qui, malgré son instabilité politique, a réussi à attirer 42 milliards d’euros d’investissements. Pendant ce temps, le Maroc peine à dépasser les 5 milliards. « Pourtant, nous avons plus de stabilité, des accords commerciaux et une géographie favorable ».
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