Affaire chlorure de potassium : carte de la transparence… ou diversion ?
Réunion de la Commission des secteurs sociaux au sujet de l'affaire du chlorure de potassium, le mercredi 19 novembre 2025 © DR
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Le 19 novembre 2025, la Commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants a été convoquée pour clarifier l’affaire du chlorure de potassium, dit KCl. Le ministre de la Santé et le directeur de l’Agence marocaine du médicament (AMMPS) se sont retrouvés avec des députés. La réunion devait être diffusée en direct… finalement, elle ne l’a pas été. Pour la transparence, on repassera, soit.
« On est dans le cadre de la loi », explique le ministre. Pendant plus d’une heure, le ministre de la Santé a martelé un message limpide : les opérations autour du chlorure de potassium ont été menées « dans un cadre strictement légal ». Et c’est un fait irréfutable.
Les marchés sont annoncés sur le portail des marchés publics. Selon lui, l’approvisionnement a été attribué à une entreprise locale productrice, pas à une boîte importatrice bénéficiant d’une ATU (l’Autorisation temporaire d’utilisation) comme certains le prétendent. Pour précision, l’ATU a été octroyée à cette occasion et seulement dans ce contexte de pénurie, comme expliqué sur LeBrief.
Il rappelle aussi un principe fondamental : « les marchés publics ne se signent pas avec des individus, mais avec des entreprises légalement constituées ». Autrement dit, rien d’illégal, rien de secret.
Scandale du chlorure de potassium : vrai risque sanitaire ou tempête politique ?
L’AMMPS sort les dossiers
De son côté, le directeur de l’AMMPS a donné des détails techniques jusque-là peu ou pas rendus publics. La production locale injectable de chlorure de potassium, KCl, a fortement chuté : la ligne « injectable » est à l’arrêt, en raison de travaux d’extension et de mise à niveau.
Des inspections ont révélé des équipements non conformes, les normes techniques posent problème. L’agence affirme qu’elle est en train d’accélérer la remise aux normes et la validation des dossiers d’AMM (autorisation de mise sur le marché) pour relancer la production locale. Pendant ce temps, elle a négocié avec les hôpitaux pour optimiser la répartition des stocks existants et éviter des ruptures dans les services d’urgences.
Bref, l’AMMPS plaide l’urgence réelle et prétend avoir pris des mesures concrètes pour éviter le pire.
Par ailleurs, l’Autorisation temporaire d’utilisation revient souvent dans le débat. Certains l’accusent d’être un levier pour contourner les règles, les autorités disent qu’il s’agit d’un recours légitime.
Lire aussi : Bouanou insiste sur la nécessité d’une enquête sur un marché public sensible
L’AMMPS explique que l’ATU ici a été octroyée dans des conditions strictes : justification médicale, quantités limitées, contrôle qualité. Et contrairement à ce que disent certains députés, ce n’est pas un cadeau, c’est un mécanisme d’urgence, prévu par la loi (notamment la loi 17-04), pour éviter une rupture vitale.
Plausible lorsqu’on sait que le nombre d’ATU a grimpé en 2024 avant de redescendre en 2025.
Selon l’agence, on anticipe un retour à une situation dite normale à mesure que la production locale redémarre. Ces chiffres pourraient rassurer, mais pour certains parlementaires, ils ne suffisent pas. En effet, ils demandent la liste des entreprises bénéficiaires, leurs actionnaires et les conditions exactes d’attribution. Et ils sont en droit de le réclamer dans un contexte de transparence.
L’opposition hausse le ton : commission d’enquête ou rien
Du côté de l’opposition, le ton change. Certains députés, notamment ceux proches de Bouanou, exigent la création d’une commission d’enquête parlementaire. Ils veulent creuser plus loin, pousser l’AMMPS à tout dévoiler : ATU, actionnaires, montants…
Pourquoi ? Parce que pour ces parlementaires, le dossier chlorure de potassium n’est pas seulement une question d’approvisionnement, c’est un miroir grossissant des liens entre politique et argent, de la gouvernance pharmaceutique, et de la confiance dans l’Etat. Très politique, donc.
Le silence de minuit que dénoncent certains fait partie de leur argument, car sans plus de transparence, le soupçon persiste.
Le ministère de la Santé assure qu’il n’y a pas d’abus dans cette affaire de chlorure de potassium, selon lui, toutes les décisions ont été prises dans un cadre légal, avec des appels d’offres « ouverts, transparents et contrôlés ». Il insiste aussi : l’octroi d’ATU n’a pas avantagé certains au détriment d’autres et il n’y a pas eu de traitement spécial dans les marchés publics.
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