Canicule : la saison estivale inquiète autant qu’elle réjouit

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Juillet 2025, troisième mois de juillet le plus chaud jamais enregistréChaleur (illustration) © DR

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Le mercure monte au Maroc depuis quelques jours, s’affichant au-dessus des valeurs moyennes de la saison et parfois même très au-dessus, comme c’était le cas hier, lundi 26 juin, avec des températures ayant dépassé les 47 °C dans certaines régions du pays. Cet épisode caniculaire, conjugué à des sols asséchés, favorise les risques des feux de forêt. Et naturellement, les autorités appellent à la prudence.

Le Maroc est touché par sa première vraie vague de chaleur qui a démarré lundi. Des températures élevées ont été observées à l’échelle de tout le pays, atteignant jusqu’à 47 degrés dans certaines provinces. Un retour des températures à un niveau plus supportable n’est prévu qu’à partir de la semaine prochaine.

Et, comme chaque année, les risques naturels liés à cette période estivale font leur retour avec notamment les feux de forêt. Le Maroc redoute le scénario de l’an dernier quand les flammes ont ravagé des milliers d’hectares.

Lire aussi : Été 2023 : la vague de chaleur n’en est qu’à ses débuts

Doit-on s’attendre à un été très chaud ?

Une canicule exceptionnelle déferle sur tout le pays cette semaine. Couplé à la sécheresse, cet épisode fait craindre le pire, alors que l’été vient de débuter. Selon les dernières prévisions météo, des pics de chaleurs extrêmes atteignant les 45 à 47 °C sont enregistrés ces jours-ci dans plusieurs provinces marocaines et peineront même à descendre en dessous des 20 °C la nuit. «C’est une vague inédite, si tôt dans la saison», alarme les spécialistes.

Contacté par LeBrief, le professeur de climatologie à l’Université Hassan II de Casablanca, Mohamed Saïd-Karrouk estime que la canicule arrive en avance et que ces températures sont supérieures à la normale. «Ce que nous vivons est une conséquence directe de l’augmentation de la température terrestre. Elle est due à une hausse du bilan énergétique planétaire. C’est pour cela que depuis 2010, je considère notre climat comme étant un nouveau climat par rapport à celui que nous avons abandonné à partir la fin du siècle dernier», a-t-il expliqué.

Selon l’expert en climatologie, quand la température augmente, elle chamboule beaucoup de composantes environnementales sur le plan planétaire. «On parle de la chaleur océanique. Que ce soit de l’Atlantique, ce qui nous intéresse particulièrement, ou aussi du Pacifique. Pour l’océan Atlantique et principalement dans la zone intertropicale, la température atmosphérique, mais surtout océanique, a atteint des niveaux très avancés à des profondeurs remarquables (plus de 100 mètres). Ceci est important parce que l’atmosphère s’alimente énergétiquement de l’océan, avec lequel le contact est sur plus de 72% de la surface terrestre», ajoute-t-il.

Un constat qui explique les évènements que nous vivons actuellement et ceux que nous allons vivre à l’avenir. «C’est la raison pour laquelle les chaleurs deviennent excessives au Maroc avec cette vague de chergui que nous connaissons, mais celle-ci est un peu différente. La température a atteint, sur plusieurs côtes marocaines, des degrés beaucoup trop élevées par rapport à ce que nous savons», poursuit-il.

Pour le professeur Saïd-Karrouk, il va falloir s’y habituer parce que nous vivons visiblement un avant-goût des prochains jours d’été. «Les épisodes de canicule vont certainement se répéter de plus en plus puisque cette énergie océanique ne disparaîtra pas demain et elle sera stockée durablement. Cela veut dire qu’elle va influencer notre atmosphère durant très longtemps aussi», résume notre interlocuteur.

Ainsi, il faut se préparer à un été particulièrement chaud avec des périodes de fortes chaleurs qui vont se multiplier. Des prévisions à prendre avec précaution. Il est donc important d’opter pour les bonnes astuces qui peuvent aider à minimiser les effets sur le corps, surtout pour les personnes les plus fragiles.

Lire aussi : Comment bien s’hydrater en cas de fortes chaleurs ? 

Alerte sur les risques de feux de forêt

Avec le mercure qui grimpe, c’est aussi le risque d’incendie et de feux de forêt qui s’accroît. La vague de chaleur à venir, associée à une intense sécheresse depuis plusieurs années, créent les conditions propices aux départs de feu dans plusieurs provinces du Royaume.

La situation est aujourd’hui préoccupante dans certaines zones, où le risque d’incendie est à son plus haut niveau, comme à Tanger-Assilah et à Taounate. En se fondant sur une analyse des données relatives notamment aux types de forêts et leurs niveaux de combustibilité et inflammabilité et aux paramètres Topo climatiques, l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF) a fait savoir qu’un risque extrême (niveau rouge) d’incendies a été repéré dans ces deux provinces, habituées d’ailleurs à ce genre d’événements.

L’Agence a également signalé un risque élevé (niveau orange) dans les provinces de Chefchaouen, Larache, Kénitra, Sidi slimane, Rabat, Khémissat, Taza, Sefrou, Ifrane, Khénifra, Beni Mellal, Azilal, Essaouira et Agadir ida Outanane, et un risque moyen (niveau jaune) dans les provinces de Tétouan, Ouezzane, Benslimane, Oujda, Berkane et Taroudant.

Face à ce risque, les moyens de lutte sont mis en œuvre. L’ANEF a mis en place un plan d’action avec un budget total de 200 millions de DH pour la prévention et la lutte contre les incendies de forêts. Un budget qui se décline en plusieurs actions, comme l’entretien des tranchées pare-feux, l’aménagement de points d’eau, l’ouverture et la réhabilitation des pistes forestières, la construction et l’entretien des postes vigies, la mobilisation des guetteurs d’incendies ainsi que l’achat de véhicules de première intervention.

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