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Le Soudan au «bord de la famine», une situation «sans précédent»

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Les combats continuent entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR), engendrant une crise humanitaire catastrophique. Vendredi, les bombardements à l’artillerie lourde se poursuivaient à Khartoum, capitale du Soudan, qui ont, à date, fait plus de 1.800 morts et des milliers de déplacés, selon l’ONG ACLED. Dernier épisode meurtrier : une vingtaine de civils ont été tués et 106 autres blessés dans des bombardements sur un marché de Khartoum.

Après presque sept semaines de guerre, les différentes négociations entreprises par la communauté internationale n’ont eu aucun effet sur le terrain. L’Arabie saoudite et les États-Unis avaient annoncé lundi 29 mai un accord pour une prolongation pour cinq jours de la trêve au Soudan. Mais au moment même de cette annonce, des habitants de Khartoum signalaient des combats dans la capitale, et les armes ne se sont jamais tues depuis le début officiel de la trêve.

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L’armée soudanaise a annoncé avoir «suspendu sa participation aux négociations» en Arabie saoudite pour une trêve avec les paramilitaires qui lui disputent le pouvoir, avait indiqué mercredi un responsable gouvernemental soudanais à l’AFP. L’armée a pris cette décision «parce que les rebelles n’ont jamais appliqué un des points de l’accord de trêve temporaire qui prévoit leur retrait des hôpitaux et des maisons et ne cessent de rompre la trêve», avait de plus expliqué ce responsable, sous le couvert de l’anonymat.

Le camp du général Abdel Fattah al-Burhan et celui du général Mohamed Hamdan Dagalo, alias «Hemetdi», se sont mutuellement accusés, affirmant ne faire que répondre aux assauts de l’autre. Washington et Riyad prennent acte des violations répétées du cessez-le-feu par les belligérants, mais n’annoncent aucune sanction. Les États-Unis ont dit jeudi qu’ils restaient prêts à assurer une médiation au Soudan, mais à condition que les deux camps en conflit soient «sérieux» au sujet d’une trêve.

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La situation au Soudan est désormais «catastrophique» à tous les niveaux et le pays «est au bord de la famine», alors que la saison des pluies approche avec le risque d’épidémies, selon l’ONU. Lundi, dans un rapport d’alerte, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a déclaré s’attendre à ce que deux millions et demi de Soudanais se retrouvent en situation de faim aiguë dans les prochains mois, avec des conséquences en cascade sur les pays voisins.

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La persistance des combats empêche toujours les organisations humanitaires d’apporter de l’aide suffisante. Selon l’Unicef, plus de 13,6 millions d’enfants ont besoin d’aide humanitaire au Soudan, dont «620.000 en état de malnutrition aiguë qui, pour moitié, pourraient mourir s’ils ne sont pas aidés à temps».

Le Darfour coupé du monde

Si les accords de cessez-le-feu temporaires obtenus à Djeddah ont réussi à faire baisser la tension dans certaines zones, ce n’est pas le cas au Darfour, frontalier du Tchad. Dans cette région située à l’ouest du pays et autrefois théâtre d’une guerre meurtrière dans les années 2000, la situation a empiré, poussant certains à appeler les civils à prendre les armes. Des affrontements sporadiques violents ont éclaté ces derniers jours dans différentes villes du Darfour, créant le chaos et la désolation et faisant fuir les habitants.

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En l’absence de communications avec ces zones du Darfour, peu d’information filtrent finalement. Des témoignages, recueillis par des humanitaires, indiquent que les milices brûlent maisons, marchés, pharmacies et administrations.

Sur 45 millions de Soudanais, 25 millions dépendent maintenant de l’aide humanitaire, précisent les Nations unies, qui devraient discuter ce vendredi du sort de leur mission dans le pays et dont le mandat expire officiellement samedi.