Covid-19 : les Marocains appréhendent les risques d’une 2e vague épidémique

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Hommes portant le masque, dans une rue d'une ville marocaine © DR

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Le monde a dépassé le seuil des 20 millions de contaminations au coronavirus cette semaine. Pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’espoir n’est pas perdu et la situation peut encore être inversée. Au Maroc, qui connait une grave exacerbation de la maladie, plus de 75% des citoyens appréhendent une deuxième vague épidémique qui conduirait à un nouveau confinement.

Malgré l’expansion rapide du coronavirus, «des bourgeons d’espoir» commencent à éclore. C’est en tout cas ce qu’a assuré, ce lundi 10 août, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Lors de sa conférence de presse en ligne hebdomadaire, ce dernier a tout d’abord déploré que le monde a dépassé le seuil des 20 millions de personnes contaminées au Covid-19, et dont près de 740 mille sont décédées. D’après Le Figaro, le chef de l’OMS a avancé que certes «c’est un moment difficile pour le monde, mais (…) il n’est jamais trop tard pour inverser l’épidémie». Il a ainsi appelé les dirigeants comme l’ensemble des populations internationales à se mobiliser et à adopter de nouvelles mesures pour mettre un terme à cette crise sanitaire.

«Mon message est limpide : éradiquer, éradiquer, éradiquer le virus. Si nous éradiquons efficacement le virus, nous pouvons ouvrir les sociétés en toute sécurité», affirme Tedros Adhanom Ghebreyesus. Dans ce sens, il a cité en exemple certains pays de la région du Mékong, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda et de nombreux États insulaires des Caraïbes et du Pacifique qui ont réussi à vaincre le virus rapidement. Le quotidien français précise que le dimanche 9 août, la Nouvelle-Zélande a marqué son centième jour «sans aucune nouvelle contamination». Au Rwanda, «une combinaison de leadership fort, de couverture sanitaire universelle, d’agents de santé bien soutenus et de communications claires en matière de santé publique» a permis le contrôle et la maîtrise de la pandémie, soutient la même source. Et d’ajouter les efforts déployés par la Grande-Bretagne, qui a renforcé le confinement de certaines zones du nord de l’Angleterre, ou la France, qui a imposé le port du masque en extérieur, sont non seulement à louer, mais aussi à prendre en exemple.

La situation épidémiologique au Maroc est loin d’être rassurante

À l’instar de plusieurs pays étrangers, le Maroc a mis en place une batterie de mesure de prévention, dont le confinement et l’état d’urgence sanitaire, pour lutter contre la propagation du coronavirus. Toutefois, depuis le lancement fin juin du processus du déconfinement progressif, le pays a connu une grave recrudescence des cas de contaminations. Ce lundi, le ministère de la Santé a recensé826 nouveaux porteurs du virus, 18 nouveaux décès et 1177 guérisons, notant que depuis la déclaration du Covid-19 en mars dernier 34.063 contaminations, 516 morts et 24.524 rémissions ont été enregistrés. Selon la MAP, la tutelle précise que sur les 9023 cas actifs que compte actuellement le Maroc,127sont admisdans les unités de réanimation et de soins intensifs, dont 48 intubés.

De son côté, Aujourd’hui le Maroc (ALM) rapporte, dans son édition de ce 11 août, qu’en plus de Fès et de Tanger, Casablanca a connu une inquiétante évolution de la pandémie ces 2 dernières semaines. Le journal explique que trois préfectures de la métropole ont vu leurs indicateurs épidémiologiques grimper d’une manière vertigineuse. Il s’agit notamment de Sidi Bernoussi (24 cas actifs le 6 juin contre 604 le 9 août), Anfa (15 cas actifs le 6 juin contre 252 le 9 août) et Ain Sebaa Hay Mohammadi (21 cas actifs le 6 juin contre 296 le 9 août).

Les autorités publiques ont ainsi renforcé les restrictions au niveau de ses zones à risque, et envisagent même le confinement de certains quartiers. Pour rappel, le Conseil de gouvernement du 6 août 2020 a adopté «un projet de décret-loi autorisant la verbalisation sur place et le paiement d’amendes pour les contrevenants à l’état d’urgence sanitaire». Conformément à cette législation, «une amende transactionnelle forfaitaire de 300 DH» devra être versée par toute personne qui viole les dispositions en vigueur.

Les Marocains appréhendent un 2e vague épidémique

Dans sa livraison du jour, ALM a également publié les résultats d’une enquête portant surles craintes liées à la situation épidémiologique actuelle. Une enquêteréaliséeavec le cabinet de marketing et sondages LMS-CSA. L’investigation en question a vu la participation de quelque 456 personnes (50% d’hommes et 50% de femmes) de plus de 18 ans et de différentes catégories socioprofessionnelles et de divers niveau de scolarité. Elle s’est étalée du 16 au 24 juillet 2020, et a couvert 10 régions du royaume, notamment Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l’Oriental, Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kenitra, Beni-Mellal-Khénifra, le Grand Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Draâ-Tafilalet, Souss-Massa, Guelmim-Laâyoune-Dakhla.

D’après le journal, l’enquête a révélé que 75% des répondants anticipent qu’une deuxième vague du Covid-19 au Maroc conduirait à un nouveau confinement, 55% estiment que cette démarche serait probable, tandis que les 19% restants affirment que c’est inévitable. Le manque de discipline serait à l’origine d’un nouveau pic de l’épidémie selon 54% des personnes interrogées, suivi par «le manque de précautions sanitaires (35%) et l’augmentation du nombre de cas (23%)».

De plus, la même source explique que plus de 70% des répondants ont déploré que la période du confinement était « difficile », dont 47% l’ont même qualifiée de « très difficile ».Les sondésdénoncent que la crise sanitaire actuelle a affecté «la qualité de la scolarité de leurs enfants (77%), leurs revenus et le pouvoir d’achat de leurs ménages (59%), la situation de leurs épargnes (53%), leurs morals (52%), la situation de l’endettement de leurménage (49%), la qualité de leursommeil (44%), la qualité de leur alimentation (36%), leur santé physique (31%) et les relations entre les membres de leurfoyer (14%)».

Par ailleurs, l’écrasante majorité des personnes ayant répondu à cette enquête (86%) estiment que ce virus est un danger, avec 68% qui le considèrent même « très dangereux ». S’agissant de l’information relativeaux mesures de précautions contre le virus, plus de 90% des répondantsassurent avoir été « très »ou « plutôt » bien informés sur lesdites dispositions. 86% estiment également avoir été « très »ou « plutôt »bien informés sur la dangerosité et les risques liés au virus. Concernant leur disposition à effectuer le futur vaccin contre le coronavirus, 81% des participants ont répondu par l’affirmatif, contre 14% qui ne désirent pas se faire vacciner et 5% qui sont restés dubitatifs.

Enfin, une chose est sûre, c’est qu’aujourd’hui et en l’absence d’un vaccin contre le coronavirus, le plus judicieux serait d’appliquer à la lettre les recommandations des autorités sanitaires, à savoir la désinfection régulière des mains, la distanciation sociale, le port du masque de protection… etc.

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