Manifestations de la « GenZ 212 » : de pacifique à violente, la contestation bascule
L’agence Al Barid Bank à Inezgane a été saccagée et incendiée lors des débordements survenus au quatrième jour des manifestations de la « GenZ 212 » © DR
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Depuis le samedi 27 septembre, date du début des manifestations de la « GenZ 212 », les premiers rassemblements avaient été marqués par des revendications pacifiques en faveur de la justice sociale, de la réforme de l’éducation et de l’amélioration du système de santé.
Cependant, la soirée de lundi a connu quelques dérapages, notamment à Oujda, avant que celle d’hier ne bascule dans le chaos dans plusieurs villes du Royaume. Les scènes de violences, largement partagées sur les réseaux sociaux, avec des actes de vandalisme et des affrontements avec les forces de l’ordre, témoignent de l’ampleur et de la gravité de cette escalade.
Voitures incendiées, commerces saccagés : soirée chaotique dans plusieurs villes
À Inezgane, en périphérie d’Agadir, ce qui devait être un rassemblement pacifique a rapidement basculé en scènes d’émeutes urbaines. Des individus encagoulés, surgis de la foule, ont semé la panique en incendiant du mobilier urbain et en s’attaquant à des biens publics et privés. Une pharmacie a été incendiée, une agence bancaire vandalisée, tandis que des voitures particulières et des véhicules de service ont été réduits à l’état de carcasses calcinées.
Les forces de l’ordre, déployées pour encadrer la manifestation, ont essuyé une pluie de pierres et de projectiles. Dans la même ville, plusieurs voitures de police ont été renversées et incendiées, illustrant la violence des affrontements. À Aït Amira, des scènes similaires ont été observées avec le renversement de véhicules de la Gendarmerie royale.
Plus à l’est, à Oujda, la situation a également dégénéré. Des manifestants ont affronté les forces de sécurité à coups de pierres et de cocktails Molotov, allant jusqu’à bloquer une ambulance de la Protection civile chargée d’évacuer des blessés. Des véhicules et des commerces ont également été endommagés.
À Berkane, la soirée a été marquée par l’incendie de la voiture et de la moto appartenant à un agent d’autorité, toutes deux réduites en cendres. À Béni Mellal, des affrontements violents ont conduit à la destruction de plusieurs véhicules, tandis qu’à Skhirat-Témara, des dégâts similaires ont été recensés.
Manifestations de la « GenZ 212 » : un bilan très lourd
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Rachid El Khalfi, a dressé ce mercredi à Rabat un bilan inquiétant. Au total, 263 membres des forces de l’ordre et 23 civils ont été blessés, dont un cas grave à Oujda. Les dégâts matériels sont considérables : 142 véhicules des forces de sécurité et 20 appartenant à des particuliers ont été détruits ou endommagés.
La liste des villes touchées est longue : Béni Mellal, Oujda, Berkane, Inezgane, Aït Amira, Skhirat-Témara, Errachidia, Tiznit, mais aussi Rabat, Agadir, Marrakech, Casablanca et d’autres régions. Partout, des agences bancaires, commerces et administrations ont été vandalisés. À Berkane, la voiture d’un agent d’autorité a été incendiée ainsi qu’une moto lui appartenant.
Le ministère a recensé notamment :
- Inezgane-Aït Melloul : 69 blessés parmi les forces de l’ordre, 7 véhicules et plusieurs agences bancaires et commerces endommagés.
- Oujda-Angad : 51 blessés, 40 véhicules et deux commerces touchés.
- Skhirat-Témara : 44 blessés, 47 véhicules de police et 13 voitures privées endommagés.
- Béni Mellal : 28 blessés et 7 véhicules détruits.
- Errachidia : 13 blessés et 8 véhicules endommagés.
- Berkane : 10 blessés et 12 véhicules détruits.
- Tiznit : 8 blessés et une voiture privée endommagée.
- Chtouka Aït Baha : 5 blessés, 13 véhicules touchés.
- Rabat, Guelmim, Nador, Khénifra, Meknès, Ouarzazate, Casablanca et Taroudant : plusieurs blessés et dégâts matériels recensés.
Lire aussi : Manifestations de la « GenZ 212 » : 263 agents blessés, 409 interpellations et de nombreux dégâts
Des interpellations massives
Face à cette flambée de violence, les forces de l’ordre affirment avoir agi dans le strict respect du cadre juridique. Sur l’ensemble du territoire, 409 personnes ont été placées en garde à vue sur instruction du parquet, tandis que d’autres interpellés ont été relâchés après vérification de leur identité.
Le ministère de l’Intérieur souligne que la majorité de ces rassemblements étaient non autorisés, déclenchés par des appels anonymes circulant sur les réseaux sociaux. Selon le porte-parole du ministère, Rachid El Khalfi, l’interdiction de certaines manifestations récentes dans plusieurs régions du Royaume s’explique par le non-respect des dispositions légales en vigueur.
Dans une déclaration à la presse, El Khalfi a précisé que « des attroupements non encadrés et d’origine inconnue ont été enregistrés ». Il a ajouté que « la décision d’interdiction prise par les autorités publiques visait à garantir un équilibre entre le droit des citoyens à manifester pacifiquement (article 29 de la Constitution) et le droit de la société à la sécurité, à la stabilité et à la sûreté (article 21 de la Constitution) ».
« Assurer cet équilibre est au cœur des responsabilités des autorités publiques », a conclu le porte-parole, insistant sur la nécessité de protéger à la fois les libertés individuelles et l’ordre public.
Liberté de manifester et ordre public : les précisions du ministère
Rachid El Khalfi a fait savoir que les services du ministère de l’Intérieur poursuivront l’exécution de leur mission constitutionnelle visant à protéger la sécurité et l’ordre public tout en préservant les droits et libertés individuels et collectifs.
Le porte-parole du ministère a également rappelé que le Royaume a accompli de grands progrès en matière de liberté d’expression, notamment en ce qui concerne la liberté de manifester pacifiquement dans le respect des dispositions légales en vigueur. Il a souligné que les statistiques disponibles confirment cette évolution, avec plus de 600 protestations enregistrées chaque mois, la grande majorité s’étant déroulée dans des conditions normales.
En outre, il a précisé que la plupart des interpellations lors des récentes manifestations visaient uniquement à vérifier l’identité des participants, tandis que les gardes à vue ont concerné exclusivement les individus ayant commis des actes criminels avérés, tels que l’entrave à la circulation, les incendies, les jets de pierres sur les forces de l’ordre ou l’atteinte aux biens publics et privés.
Enfin, El Khalfi a assuré que toutes les opérations d’intervention ont été conduites dans un cadre légal et transparent, permettant aux médias de suivre et de couvrir librement leur déroulement, sans restriction ni ingérence. Selon lui, cette démarche témoigne du respect du droit à l’information et de la garantie d’une surveillance ouverte des mesures sécuritaires.
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