Éthiopie : inauguration du Grand barrage de la Renaissance

Temps de lecture :
Éthiopie : inauguration du Grand barrage de la RenaissanceLe chantier du barrage de la Renaissance, le plus grand barrage d’Afrique, dans l’est de l’Éthiopie, dans la région du Benishangul. © Clothilde Hazard / RFI
A A A A A

Après 14 ans de travaux, l’Éthiopie a officiellement inauguré ce mardi son Grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil, le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique. Le premier ministre Abiy Ahmed a salué une « grande réussite pour toutes les personnes noires », malgré les tensions persistantes avec l’Égypte et le Soudan, situés en aval.

Le GERD, lancé en 2011 pour 4 milliards de dollars, s’étend sur près de deux kilomètres de largeur pour 170 mètres de hauteur et peut contenir 74 milliards de mètres cubes d’eau, selon l’entreprise italienne Webuild, maître d’œuvre du projet. Il est l’un des rares sujets d’unité dans un pays marqué par des conflits armés, encore actifs dans les régions d’Amhara et d’Oromia, tandis que le Tigré a récemment émergé d’une guerre civile qui a fait près de 600.000 morts, selon l’Union africaine.

Une révolution énergétique pour l’Éthiopie

Pour le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, où près de 45% des 130 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité, le barrage représente une véritable « révolution énergétique ». Pietro Salini, patron de Webuild, a souligné que le GERD allait « changer la vie de 30 à 40 millions de personnes ». Avec une capacité de production finale de 5.150 mégawatts, il permettra à Addis-Abeba de plus que doubler sa production actuelle d’électricité et de générer jusqu’à un milliard de dollars par an grâce à l’exportation vers les pays voisins, notamment le Soudan et le futur accord annoncé avec le Sud-Soudan.

Les festivités, retransmises à la télévision publique, ont mêlé feu d’artifice et essaims de drones, suscitant une vague de félicitations sur les réseaux sociaux. Tant le TPLF, parti tigréen au pouvoir jusqu’en 2018, que le Parti de la prospérité d’Abiy Ahmed revendiquent le succès de l’ouvrage.

Lire aussi : Nouvelles tensions en perspective après la fin du remplissage du mégabarrage sur le Nil 

Tensions et inquiétudes en aval

À l’extérieur de l’Éthiopie, le GERD suscite de vives critiques, notamment en Égypte, qui qualifie le barrage de « menace existentielle ». Le Caire dépend à 97% du Nil pour ses besoins en eau et l’a dénoncé auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, parlant d’une décision « unilatérale » violant le droit international. Le Soudan, situé entre l’Éthiopie et l’Égypte, a également exprimé ses inquiétudes.

Malgré ces tensions, l’Éthiopie se veut rassurante. Abiy Ahmed a assuré que le barrage « n’affectera en rien le développement » des pays en aval. Selon Pietro Salini, le GERD, conçu pour produire de l’électricité, ne modifiera pas le débit du Nil, précisant qu’il ne s’agit pas d’un système d’irrigation consommant de l’eau.

Recommandé pour vous

Madagascar : le mouvement GenZ exprime son ras-le-bol

Afrique - Depuis le 25 septembre, Madagascar est secoué par le mouvement Gen Z, qui dénonce les coupures d’eau et d’électricité et réclame des réformes politiques urgentes.

Près de 100 km de côtes touchées par une marée noire au sud du Gabon

Société - Une nappe d'hydrocarbures impacte la côte près de Mayumba, affectant gravement l'écosystème marin et les communautés locales.

Afrique du Sud : épidémie de fièvre aphteuse à Merafong

Une épidémie de fièvre aphteuse frappe la municipalité sud-africaine de Merafong, touchant déjà 16 exploitations. Les services vétérinaires ont lancé des campagnes de vaccination malgré une pénurie de doses.

Incendie en Namibie : le feu d’Etosha désormais maîtrisé

Afrique - Un gigantesque incendie qui a ravagé un tiers du parc national d’Etosha en Namibie est désormais maîtrisé.

La Namibie déploie l’armée pour combattre l’incendie dévastateur d’Etosha

Société - Des centaines de soldats sont déployés pour maîtriser les incendies dévastateurs en Namibie, touchant un tiers du parc d'Etosha.

Madagascar : cinq morts en 24 heures de manifestations

Afrique - Initialement centrée sur les délestages quotidiens, la mobilisation s’est transformée en révolte politique à Antananarivo.
pub