Chronique CADENCE
Sabrina El Faiz Publié le 04/07/25 à 10:29
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Douleur de lycéennes

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Il y a des jours où on lit un rapport et on a juste envie de le balancer par la fenêtre. Ce type de rapport qui fait remonter un sentiment acerbe d’une douleur adolescente non soignée. C’est ce recueil présenté le 2 juillet dernier à Rabat, par l’Association démocratique des femmes du Maroc. Un pavé sur les stéréotypes sexistes dans nos lycées. Un petit aperçu : année après année, ça ne change pas beaucoup. On n’est pas sortis de l’auberge.

Que dit le rapport ? Que l’école au Maroc continue, inconsciemment ou PAS, de faire la différence entre filles et garçons. Pas dans les discours, bien évidemment là, tout le monde est pour l’égalité. Mais dans les manuels, les réflexes, les comportements… les filles sont toujours considérées comme calmes, sensibles, peureuses ET littéraires (bin voyons, on sait additionner, ne vous inquiétez pas pour nous). Les garçons, eux, sont estimés plus logiques, faits pour diriger. Pourtant, Dieu seul sait Ô combien de managers hommes ont foiré leur gestion d’équipe. Mais le pire, c’est que ce ne sont pas seulement les élèves qui le pensent. Les profs’ aussi ! Des années de bourrage de crâne ont eu raison de leurs neurones.

« Mais non, tu parles d’un autre temps ! », je vous vois arriver tout de suite avec cet étonnement outré qui répond précisément aux attentes sociales actuelles. Pourtant, il suffit d’ouvrir le bon œil, c’est partout ! Dans les cours de sport, les mecs prennent tout le terrain, les filles s’adaptent, voire s’effacent. En classe, ils s’installent souvent chacun de leur côté (Ô enfants d’écoles privées, protégés de cette réalité). Et quand une fille ouvre la bouche, on lui demande si elle est sûre, si elle n’est pas trop émotive pour raisonner. Ah ce « trop émotive », qu’on retrouve bien des années plus tard dans le monde du travail. D’aucun diront d’ailleurs que cette chronique est la preuve de mon émotivité. Encore une fois, hommes de grande valeur, ne vous inquiétez nullement pour nous.

Et puis, il y a un autre monde, que les femmes de ma génération n’ont pas forcément connu. Le harcèlement stéréotypé sur les réseaux sociaux. Avec MSN et Facebook, nous n’en connaissions que les prémisses, et c’était déjà suffisant ! Aujourd’hui, la bataille se poursuit sur TikTok, Insta’, YouTube, Snap’… Les adolescents baignent dans un océan de clichés, où la femme doit être douce, maquillée, silencieuse. Et l’homme ? Fort, musclé, autoritaire. Tu veux parler d’égalité à des gamins qui scrollent 6 heures par jour dans cette bouillie numérique ? Bon courage.

Et puis il y a ces hommes « de grande valeur », qui y croient à l’égalité… mais en privé attention ! La vaisselle, il peut la faire, mais oh n’allez pas le dire en public.

L’école est censée éduquer dès le plus jeune âge, pas recycler les conneries de la rue. Et ce n’est malheureusement pas avec une chronique qu’on va changer la donne… mais on va tout de même essayer.

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