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Grippe saisonnière : faible approvisionnement en doses de vaccin

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Grippe saisonnière : faible approvisionnement en doses de vaccin

Avec un retard de plus d’un mois, la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière a enfin démarré ce lundi 2 novembre. Contrairement aux années précédentes, seules 300.000 doses sont aujourd’hui disponibles et les pharmaciens d’officine ne doivent les dispenser que sur ordonnance nominative. De plus, un nouveau vaccin antigrippal a été introduit cette année sur le marché marocain : le Vaxigrip quadrivalent. De leur côté, plusieurs élus de la Chambre des conseillers ont interpellé le ministre de la Santé, exigeant des explications quant au manque et au retard d’approvisionnement.

Le ministère de la Santé a enfin démarré la campagne nationale de vaccination contre la grippe saisonnière. Lancée ce lundi 2 novembre, cette opération, dont le slogan est « Certains sont plus fragiles face à la grippe : Vaccinons-nous, protégeons-nous et nos proches ! », bénéficiera principalement auxfemmes enceintes, auxpersonnes atteintes de maladies chroniques, telles que les maladies rénales chroniques, le diabète, les maladies cardiaques et les maladies pulmonaires chroniques. D’après la livraison du jour d’Aujourd’hui le Maroc, la tutellea également précisé que cette campagne concerne les personnes âgées de 65 ans et plus, les enfants de moins de cinq anset lesprofessionnels de la santé.

Contexte inédit, campagne rafraichie

En effet, en raison de la pandémie de la Covid-19, cette année la campagne de vaccination ne sera pas similaire aux précédentes. Dans une circulaire, datant du 1er novembre 2020, adressée aux directeurs régionaux de la Santé, au président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et celui de l’Ordre national des médecins,Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, a prévenu que «la co-circulation du virus grippal et du virus SARS-CoV2 n’est pas exclue» lors de la saison hivernale. Le ministre a ainsi souligné qu’il est impératif de mettre en place «une couverture vaccinale antigrippale élevée chez les personnes à risque», rapporte L’Opinion. Le journal préciseque «les pharmaciens d’officine doivent dispenser le vaccin uniquement sur ordonnance nominative, dont ils gardent une copie». En outre, ajoute Les Inspirations Éco, cette année, le vaccin grippal disponible est le Vaxigrip quadrivalent, dont la composition améliore l’efficacité vaccinale et est «adaptée annuellement, suivant la recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)». Son prix de vente public a été fixé à 123,50 dirhams, indique la même source.

Retard et faible approvisionnement

Selon Yabiladi, qui cite des élus de la Chambre des conseillers, le lancement de cette campagne de vaccination devait en principe prendre effet en septembre, avant d’être reporté à mi-octobre puis à ce début de novembre. Le Parti de l’Istiqlal (PI) a d’ailleurs interpelé Aït Taleb à ce sujet, exigeant qu’il dévoile les raisons du «retard d’approvisionnement du marché national en vaccins contre la grippe saisonnière». Le PI a également interrogé le ministre sur la quantité de doses achetées par son département et qui au lieu d’être de 600.000, ne sont cette année que de 300.000.

3 questions à Abdelmajid Belaïche, analyste des marchés pharmaceutiques

– Les 300.000 doses dont dispose le pays sont-elles suffisantes pour couvrir les besoins de la nation?

L’Organisation mondiale de la Santé préconise une couverture d’au moins 75% de la population à risque et un peu partout dans le monde, les états ont mis les bouchées doubles pour atteindre cet objectif en commandant des quantités suffisantes de vaccins cette année de pandémie Covid-19, surtout en cette période particulière. Les états ont pris conscience du danger représenté par une conjonction de la grippe saisonnière avec la Covid-19. En effet, la grippe partage avec la Covid-19 beaucoup de symptômes et représente un danger non moins grave, pour les personnes les plus fragiles. Ces personnes sont représentées par les femmes enceintes, les personnes âgées de 65 ans et plus, les diabétiques, les personnes obèses, les personnes souffrantes de cardiopathies, les insuffisants rénaux sans oublier les professionnels de la santé médecins, infirmier(e)s et pharmaciens, du fait de leurs contacts permanents avec les patients. Voici quelques chiffres : les diabétiques représentent 10,6% des Marocains adultes soit près de 2,6 millions de personnes. Les personnes âgées de 65 ans et plus totalisent au Maroc 2,6 millions de personnes. Les obèses représentent près de 20% de la population adulte, soit 4,9 millions sans compter les insuffisants rénaux, les enfants âgés de 6 mois à 3 ans, les personnes atteintes de cardiopathies et bien entendu les professionnels de la santé qui ont déjà payé un lourd tribut pour leur engagement contre la Covid-19. Ces chiffres ne s’additionnent pas forcément, car une même personne peut être à la fois âgée de plus de 65 ans, diabétique et hypertendue et globalement on peut estimer que la population cible est plus proche de 10 millions de personnes.

– Comment les autres pays ont-ils pu gérer ce genre de campagne en marge de la pandémie de la Covid-19 ?

Les USA par exemple ont commandé entre 194 à 196 millions de doses de vaccins pour une population de 330 millions de personnes ce qui représente 59 à 60% de la population générale. La France a déjà distribué bien avant la campagne de vaccination, 15,8 millions de bons de vaccination gratuite pour sa population à risque. Pour rappel, la France compte près de 67 millions d’habitants. La petite Belgique qui ne compte que 11,5 millions d’habitants dispose de 2,9 millions de doses. Et on peut multiplier les exemples. La question qui se pose alors est pourquoi avoir commandé une si petite quantité de vaccin dans un contexte épidémiologique dangereux et alors que la courbe pandémique connait une trajectoire tragique.

– Quelles sontles raisons derrière le retard du lancement de cette campagne de vaccinationqui devait démarrer en octobre au Maroc ?

C’est au ministre de la Santé de répondre à cette question. Pourquoi ce retard (d’habitude les vaccinations grippales commencent en début octobre) ? Pourquoi avoir réduit les quantités de vaccins commandées par rapport à l’année dernière au lieu de les augmenter ? Pourquoi n’avoir pas suivi l’objectif des 75% de la population à risque à couvrir ? Et enfin, pourquoi avoir compliqué les procédures d’accès au vaccin de la grippe en le considérant comme un médicament à tableau B avec obligation d’ordonnance, etc., comme pour les psychotropes ? Pourquoi avoir limité le nombre de vaccins livrés à 5 boites par pharmacie, alors que toutes les pharmacies n’ont pas la même proportion de patients à risque dans leur clientèle ?Toutes ces questions doivent être posées par nos parlementaires au ministre de la Santé.

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