Collectif des 670 contre Manifeste des 400 : la division des artistes marocains

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Collectif des 670 contre Manifeste des 400 : la division des artistes marocains

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Près de 700 artistes marocains de renom ont signé cette semaine une pétition, dans laquelle ils affirment avoir confiance dans les institutions marocaines. Cette pétition, appelée « Collectif des 670 », vient en réponse au manifeste « Cette ombre est là » lancé le 10 août 2020 par 400 autres artistes du pays, qui dénoncent pour leur part les persécutions et la répression politique que subissent les voix critiques et la communauté artistique et culturelle au Maroc.

Les artistes marocains se déchaînent les uns sur les autres.670 artistes marocains de renom, dont le musicien Moulay Ahmed Alaoui, le peintre Mohamed Melehi et l’architecte Rachid Andaloussi, ont crée le « Collectif des 670 » etpublié une pétition intitulée « Les artistes et créateurs marocains font confiance aux institutions de leur pays ». Sur ladite missive ces derniers martèlent : «Nous, les artistes marocains, sommes attachés à œuvrer pour un Maroc meilleur, sous une monarchie constitutionnelle». Les signataires ont évoqué l’engagement d’un certain nombre d’entre eux en faveur des libertés durant les «années de plomb» ainsi que«le chemin parcouru par le Maroc dans le domaine du respect des droits de l’Homme», rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du 27 août 2020. Le journal indique que les auteurs de la pétition ont également tenu à saluer les efforts consentis par le gouvernement pour freiner la propagation de la Covid-19, tout en appelant àdavantage d’implication nationale.

Contre-pétition

L’initiative du « Collectif des 670 » fait suite à un manifeste signé par 400 autres « artistes »marocains. Ce dernier, intitulé « Cetteombre est là », a été lancéle 10 août 2020 pour dénoncer la persécution politique et la répression de la communauté artistique et culturelle ainsi que des voix critiques au Maroc. Selon H24Info, le texte déplore «plusieurs cas d’emprisonnement politique, de harcèlements et de répression, parmi lesquels l’arrestation des journalistes Omar Radi et Hajar Raissouni, ainsi que les répressions subies par des mouvements sociaux». Et d’ajouter que «la situation a été exacerbée par la pandémie et l’état d’urgence d’urgence sanitaire» dus à la Covid-19.

D’aprèsChallenge, bien que ce manifesteait été signé par les écrivains Abdellatif Laâbi et Abdellah Taïa, le cinéaste Faouzi Bensaïdi ou encore la chanteuse Oum, le reste de ses signataires ne sont pas connus dans le pays. Un constat, poursuit la même source, qui a été soulevé par le « Collectif des 670 », qui ajoute que «l’écrasante majorité des noms du « Manifeste des 400″ ne sont pas des contributeurs majeurs au patrimoine culturel marocain».

Dans une publication sur Facebook,le chanteur et compositeur marocain Nouamane Lahlou, qui fait partir du Collectif, a rejeté «le manifeste diffamatoire». «Je pratique la créativité et la critique dans mon pays depuis trois décennies. Personne ne m’a jamais parlé ou reproché le choix des sujets de mes [chansons]. J’ai chanté sur le chômage et les enfants sans abri, entre autres, et personne n’a opprimé mon opinion», a-t-il lancé.

Enfin, la dernière pétition des artistes marocains condamne également l’«instrumentalisation» de la communauté artistique dans son ensemble, précisant queles opinions des signataires du Manifeste des 400 ne s’appliquent pas à la majorité des acteurs culturels du pays. Les pétitionnaires appellent ainsi à «une critique constructive et non à des postures qui ne font qu’alimenter la réflexion de ceux qui prennent [notre] pays pour cible». Notons que parmi les signataires du « Collectif des 670 » figurent la chanteuse Najat Aatabou, le chanteur Omar Sayed, l’écrivaine Rajae Benchemsi, l’architecte Rachid Boufous, le cinéaste Lahcen Zinoun, le styliste Hicham Lahlou, les acteurs Mohamed El Jem et Nouzha Regragui ainsi que les compositeurs et des producteurs de musique RedOne et Hassan Al-Qadmiri.

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