Aimane Cherragui : «la présence des jeunes dans les sphères du pouvoir doit être renforcée»
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LeBrief : Le rapport du nouveau modèle de développement porte plusieurs espoirs pour le Maroc de 2035. Quel rôle peut jouer la jeunesse marocaine dans la réalisation de ces objectifs ?
Aimane Cherragui : L’avenir du Maroc ne peut être construit qu’avec et à travers sa jeunesse qui jouera indéniablement un grand rôle dans la réalisation des objectifs du nouveau modèle de développement (NMD). La première étape serait d’abord de renforcer la présence des jeunes dans les sphères du pouvoir. Les élections auront bientôt lieu,et il faut par la suite voir de jeunes ministres, de jeunes députés parlementaires, de jeunes élus locaux, provinciaux et régionaux, l’activation du Conseil consultatif de la jeunesse et de la société civile…, etc. La jeunesse ne pourra jouer un rôle important dans la réalisation des objectifs du NMD que par une forte présence dans ces instances électives ou nominatives.
LeBrief : On parle de doubler le PIB par habitant, une maîtrise des apprentissages de base à la fin du cycle primaire par 90% des élèves, augmenter le nombre de médecinspar habitant pour atteindre les normes de l’OMS, réduire la part de l’emploi informel à 20%, pensez-vous vraiment que c’est possible ?
Aimane Cherragui :Je le pense, oui. Doubler le PIB par habitant, c’est possible. Pareil pour la maîtrise des apprentissages à la fin du cycle primaire qui peut atteindre 90%, notamment après la mise en place de la nouvelle stratégie de l’éducation nationale 2015-2030. Pour la réduction de la part de l’emploi informel à 20%, je pense que c’est possible également, car nous sommes aujourd’hui à un pourcentage d’entre 38 et 40%. Réduire de moitié ce taux en l’espace de 14 ans est possible surtout avec l’instauration de deux grands chantiers, le nouveau code fiscal et l’implémentation des recommandations des assises de la fiscalité de 2019 en plus de la généralisation du projet de la couverture sociale. Par contre, j’ai quelques doutes sur la capacité du Maroc à atteindre les normes de l’OMS en termes de nombre de médecins par habitant. On n’atteindra peut-être pas les normes de l’OMS, mais il y aura sans doute une amélioration indéniable dans ce sens d’autant plus que cette pandémie a largement montré l’importance du corps médical devant de telles crises.
LeBrief : Quels sont les freins qui s’opposent aujourd’hui à l’émancipation des jeunes, et que faire pour y remédier ?
Aimane Cherragui :Il y a plusieurs freins qui se présentent devant les jeunes. L’obligation légale pour l’éclosion des jeunes dans certaines instances électorales, partisanes n’est pas renforcée. Les partis politiques ne sont aujourd’hui pas obligés par la force de la loi d’intégrer ou bien d’impliquer les jeunes avec certains seuils ou quotas dans la vie politique. Sur le plan économique, les freins sont relatifs à la difficulté d’accéder au financement. En général, une startup lancée par un jeune se confronte à la dure réalité du marché économique et à la difficulté d’accès au financement. Sur le plan culturel, je pense que nous sommes très en retard par rapport aux autres pays de la région. L’offre culturelle adressée aux jeunes d’aujourd’hui laisse à désirer et n’est pas très développée, que ce soit de la part du ministère de la Culture ou de la part des acteurs culturels qui sont très rares sur la scène nationale. Je pense aujourd’hui que pour une éclosion de la jeunesse, il faut adopter une politique nationale intégrée de la jeunesse, cette politique tarde à venir et n’existe que dans les tiroirs du ministère de la Jeunesse et des Sports. De l’autre côté, il faut également activer, et au plus vite, la nomination des membres du conseil consultatif de la jeunesse et de la société civile.
LeBrief: En tant qu’enseignant et expert en jeunesse et société civile, à quoi ressemblerait le Maroc idéal pour vous ?
Aimane Cherragui :En chiffres, ça ressemblerait à cela : un Maroc avec un PIB par habitant ou revenu annuel moyen compris entre 70.000 et 90.000 dirhams. Un Maroc ou le coefficient GINI (indice de développement humain) se situe au même niveau que lespays de l’OCDE et un Maroc qui aura réussi à dépasser deux obstacles majeurs : l’abandon scolaire au niveau du collège et lycée, et qui aura résolu ses problèmes d’inclusion économique et financière. Une bonne partie de la population gagne sa vie dans des circuits informels qui ne bénéficient ni à l’État en termes de récupération d’impôts ni à la dynamique économique, et ça, c’est un vrai manque à gagner.
LeBrief : Comment jugez-vous ce travail fait par la CSMD ? A-t-ellefait le tour de tous les problèmes liés à la société marocaine ?
Aimane Cherragui :La Commission n’a pas touché à d’autres facettes des problèmes de la société marocaine qui sont plus graves et plus importantes. Le rapport de la commission nous laisse sur notre faim par rapport aux mesures qu’on doit adopter pour combattre certains problèmes. Comment combattre la corruption ? Comment mieux gérer les deniers publics ? La Commission a proposé un pacte et un engagement, ce n’est pas une feuille de route, c’est un engagement national verbalisé autour duquel le secteur public, le privé et la société civile doivent se mobiliser. Le Maroc a toujours été un pays qui n’avait pas de réponses claires, chiffrées, visibles sur la question : que voulons-nous ? Que voulons-nous devenir ?Aujourd’hui, le travail de la CSMD apporte des éléments de réponse à ces questions.
Lebrief.ma : Comment se déclinera le pacte national pour le développement ? Et comment garantir l’atteinte des objectifs fixés ?
Aimane Cherragui :Je pense que l’on devrait d’abord attendre la formation du prochain gouvernement pour cela. Il était important d’avoir les résultats de ce rapport avant les élections afin que les partis et les forces politiques puissent décliner leurs programmes électoraux sur la base de ces grandes orientations, mais à mon avis le pacte national pour le développement ne peut avoir lieu qu’à travers la naissance de l’appareil exécutif des cinq prochaines années. Maintenant, pour garantir l’atteinte de ces objectifs, je pense qu’il y aura une cellule qui sera chargée du suivi de l’état d’avancement de ce développement. Cette instance peut être soit supra-gouvernementale (niveau hiérarchique entre le palais et gouvernement) soit rattachée au chef du gouvernement. Ce sont des détails techniques qui seront exposés et dont les réponses seront connues à partir de la fin d’année 2021 suite à la formation du nouveau gouvernement.
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