L’année 2025 du Maroc en 9 événements politiques
Du Sahara aux palais de justice, de la diplomatie culturelle aux réformes constitutionnelles, 2025 a été une année riche en transformations politiques pour le Maroc. Cette rétrospective revient sur les 9 événements phares qui ont marqué la vie politique nationale.
1 et 2- Reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine sur le Sahara
La résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU est LE tournant historique que tout le monde attendait. Adoptée en faveur du plan marocain d’autonomie pour les provinces sahariennes, cette décision survient alors que le Maroc célèbre le 50e anniversaire de la Marche Verte et le 70e anniversaire de son indépendance, conférant au pays un moment de reconnaissance symbolique et politique à la fois. Driss Aissaoui, analyste politique, souligne que cette résolution, soutenue notamment par les Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump, consacre la souveraineté du Royaume sur le Sahara et fait avancer la reconnaissance internationale du plan d’autonomie marocain.
L’analyste insiste sur le rôle central de la diplomatie marocaine sous la conduite du roi Mohammed VI. Selon lui, cette diplomatie a permis de structurer le dossier sur des bases juridiques solides et de renforcer l’implication des populations sahariennes dans le développement socio-économique et le respect des droits de l’Homme.
Concernant l’absence de l’Algérie au vote, l’expert considère qu’il s’agit d’une protestation symbolique, mais aussi d’un signe d’isolement régional et international. Le représentant algérien a exprimé des réserves et décidé de ne pas participer, ce qui, selon Aissaoui, reflète la marginalisation d’Alger sur ce dossier crucial du Maghreb. Dans ce contexte, le discours du roi Mohammed VI du 31 octobre a mis l’accent sur le dialogue et la coopération régionale, invitant l’Algérie à des discussions directes et appelant à une approche constructive pour l’ensemble du Maghreb. Le Roi a souligné que cette affaire n’était pas un jeu de « gagnant-gagnant » ou « gagnant-perdant », mais une construction collective bénéfique pour tous les citoyens de la région, y compris ceux d’Algérie et de Tunisie.
Aissaoui met également en avant la dimension stratégique et économique des provinces sahariennes. Le Maroc y a développé des projets importants, tels que le port atlantique de Dakhla, essentiel pour les pays du Sahel, le gazoduc Nigeria-Maroc et des initiatives économiques, touristiques et logistiques. Ces infrastructures transforment la région en un véritable arrière-pays pour l’Afrique de l’Ouest, favorisant l’exportation de ressources et de connectivité plutôt que de tensions.
Suite au vote de l’ONU soutenant le plan d’autonomie marocain pour le Sahara, le roi Mohammed VI proclame le 31 octobre en une nouvelle fête nationale appelée « Aid Al Wahda » (Fête de l’Unité). Elle célèbre l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Maroc.
3- Discours du Trône 2025 : un Maroc plus résilient et solidaire
Prononcé le 29 juillet 2025, à l’occasion de la Fête du Trône, le discours du roi Mohammed VI s’inscrit dans la continuité des grandes orientations stratégiques du Royaume, tout en prenant acte d’un contexte national et international marqué par l’incertitude. Plus qu’un simple rendez-vous institutionnel, ce discours a résonné comme un moment de clarification sur les priorités économiques, sur les urgences sociales, mais aussi sur la trajectoire globale du modèle de développement marocain.
Le Souverain y a accordé une place centrale au développement économique et humain, rappelant que la croissance ne saurait être une fin en soi si elle ne se traduit pas concrètement par une amélioration des conditions de vie des citoyens. Emploi, pouvoir d’achat, accès aux services essentiels… autant de chantiers appelés à être traités de manière plus intégrée, avec une attention particulière portée aux populations les plus vulnérables et aux territoires en retard de développement.
La cohésion sociale s’est imposée comme un autre pilier fort du discours. Face aux inégalités persistantes et aux fractures territoriales, le roi Mohammed VI a insisté sur la nécessité de politiques publiques plus efficaces, capables de renforcer la confiance des citoyens et de consolider le lien social.
La résilience économique a aussi été largement mise en avant. Le Roi a salué la capacité du Royaume à faire face aux chocs externes, tout en appelant à poursuivre les réformes structurelles, à renforcer l’investissement productif et à accélérer les grands projets nationaux, notamment dans les infrastructures, l’industrie et la transition énergétique.
Enfin, le discours du Trône 2025 a réaffirmé l’importance de l’approfondissement du modèle de développement, invitant à passer d’une phase de conception à une phase d’exécution rigoureuse, mesurable et orientée vers des résultats tangibles. Un appel clair à transformer les ambitions en actions concrètes, au service d’un Maroc plus juste, plus fort et plus inclusif.
4- Entrée en vigueur de la loi n°03.23 sur la procédure pénale
Le 8 décembre 2025, le Maroc a modernisé son système judiciaire avec l’entrée en vigueur de la loi n°03.23 relative à la procédure pénale. Cette réforme, attendue depuis plusieurs années, renforce les garanties fondamentales pour les citoyens, notamment la présomption d’innocence, le droit à un procès équitable et l’accès élargi à l’assistance juridique.
Cette réforme marque également un tournant dans la lutte contre les pratiques judiciaires obsolètes et inefficaces, garantissant que chaque citoyen puisse bénéficier d’une justice rapide et équitable.
Procédure pénale : une réforme qui redonne confiance aux citoyens, victimes et institutions
5- Lancement du dialogue national sur la réforme constitutionnelle
Dès le début de l’année, le Maroc a ouvert un dialogue national autour de la réforme constitutionnelle. Cette initiative a rassemblé parlementaires, partis politiques et représentants de la société civile, dans le but d’actualiser le cadre institutionnel et d’améliorer la gouvernance.
Le dialogue a permis de soulever des questions essentielles concernant le rôle du Parlement, la transparence politique et la participation citoyenne. Pour la première fois, une attention particulière a été portée à l’inclusion des jeunes et à la représentation des femmes, renforçant ainsi l’idée d’un Maroc tourné vers l’avenir et soucieux de moderniser sa démocratie.
6- Participation politique : ouvrir davantage les élections aux moins de 35 ans
En proposant de simplifier les conditions de candidature pour les moins de 35 ans et de mettre en place des mécanismes de soutien financier, la loi cherche à lever des obstacles longtemps identifiés comme dissuasifs pour l’engagement électoral des nouvelles générations.
Jusqu’ici, l’accès aux élections restait largement conditionné par des exigences administratives, financières et organisationnelles qui favorisaient les profils déjà installés dans les appareils partisans. Pour de nombreux jeunes, l’entrée en politique relevait davantage du parcours d’obstacles que d’un choix citoyen. La loi entend corriger ce déséquilibre en allégeant certaines contraintes, tout en offrant un appui financier destiné à couvrir les frais de campagne, souvent hors de portée pour de jeunes candidats sans réseaux solides.
Au-delà de l’aspect technique, cette réforme porte l’ambition de réconcilier la jeunesse avec les urnes. Dans un contexte marqué par une défiance croissante à l’égard des institutions représentatives et une abstention élevée chez les jeunes électeurs, l’Etat mise sur un renouvellement des visages et des discours pour redynamiser la vie politique.
La sécurité en 3 dates

7- Le 24 juin 2025, le Maroc et la France ont signé un plan d’action conjoint entre la Sûreté nationale et la Police nationale française, lors d’une cérémonie officielle tenue à Rabat. Ce plan, paraphé par Abdellatif Hammouchi, directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire, et Louis Laugier, directeur général de la Police nationale française, établit une feuille de route commune pour lutter contre la criminalité transnationale organisée et renforcer les mécanismes d’assistance mutuelle entre les deux pays. Il vise notamment à intensifier l’échange d’informations, la formation, l’assistance technique et la coordination opérationnelle pour faire face aux défis sécuritaires contemporains.
8- Le 24 novembre 2025 : la 93ᵉ Assemblée générale d’Interpol s’est ouverte à Marrakech, réunissant plus de 1.000 délégués de 181 pays, dont ministres et chefs de police, dans un contexte de criminalité transfrontalière en mutation. Pendant quatre jours, les participants débattent des grandes menaces sécuritaires : réseaux criminels internationaux, cybercriminalité, terrorisme, escroqueries et renforcement des capacités policières. Les travaux portent aussi sur l’élection des instances dirigeantes d’Interpol, de nouveaux outils de coopération et la place des femmes dans la police. Les responsables d’Interpol ont salué le rôle du Maroc, reconnu pour son expertise sécuritaire et son engagement en faveur d’une coopération multilatérale fondée sur l’efficacité, l’innovation et le respect des droits humains, faisant de Marrakech une vitrine de la sécurité collective mondiale.
9– Par ailleurs, un accord quadripartite antiterroriste réunissant les parquets spécialisés du Maroc, de la France, de l’Espagne et de la Belgique a été mis en avant lors d’une réunion à Rabat le 11 décembre 2025. Cette initiative judiciaire multilatérale illustre une stratégie renforcée de coopération visant à prévenir et combattre le terrorisme tout en respectant les libertés fondamentales et les droits de la défense.