PLF 2026 : quelle stratégie pour les dépenses ?

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PLF 2026 : quelle stratégie pour les dépenses ?Photo d'illustration © DR

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Le projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2026 marque une étape cruciale dans la stratégie économique et budgétaire du Royaume. À travers ses articles 36 à 44, le texte trace les grandes orientations d’une politique publique soucieuse de concilier la rigueur de la gestion financière avec la poursuite des investissements nécessaires au développement. Entre maintien de l’équilibre macroéconomique, gestion active de la dette et rationalisation des dépenses, ces dispositions dessinent les priorités du gouvernement pour l’année à venir.

 

L’article 36 ouvre cette séquence budgétaire en réaffirmant la continuité des opérations des comptes spéciaux du Trésor. Par dérogation à la loi organique relative à la loi de finances, l’exécution des comptes ouverts au 31 décembre 2025 se poursuivra durant l’année 2026 dans le cadre des réglementations en vigueur. Cette mesure traduit une volonté de stabilité dans la gestion des fonds publics affectés à des missions spécifiques, qu’il s’agisse de projets d’investissement, de développement social ou de programmes sectoriels. Elle vise également à éviter toute interruption des paiements relatifs aux traitements, salaires et indemnités imputés sur certains de ces comptes.

Un équilibre budgétaire fondé sur la rigueur

L’article 37 présente le cœur chiffré du PLF 2026, établissant les montants de ressources, de dépenses et de soldes budgétaires. Les recettes ordinaires du budget général sont évaluées à 421,3 milliards de dirhams, dominées par les recettes fiscales (376 milliards), dont 165,7 milliards proviennent des impôts directs et assimilés, et 167,8 milliards des impôts indirects. Les dépenses ordinaires, quant à elles, s’élèvent à 391,5 milliards de dirhams, dont 195,3 milliards destinés aux dépenses de personnel.

Après déduction des dépenses, le solde ordinaire ressort à 29,7 milliards de dirhams, tandis que les dépenses d’investissement atteignent 136,1 milliards, entraînant un déficit du budget général de plus de 106 milliards de dirhams. En intégrant les opérations des services de l’État gérés de manière autonome et les comptes spéciaux du Trésor, le solde global du budget de l’État s’établit à -107,6 milliards de dirhams.

Les besoins bruts de financement, avant emprunt, sont estimés à 171,7 milliards, un chiffre conséquent mais cohérent avec l’effort d’investissement public et les impératifs de remboursement de la dette. Pour couvrir ces besoins, le gouvernement prévoit 123 milliards de dirhams de recettes d’emprunts à moyen et long termes, répartis entre 63 milliards internes et 60 milliards externes, laissant un besoin résiduel de 48,7 milliards de dirhams.

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Un recours encadré à l’emprunt

Les articles 38 et 39 autorisent le gouvernement à recourir à l’endettement, tant sur le plan national qu’international, pour couvrir les besoins de financement du Trésor. L’exécutif est habilité à émettre des emprunts extérieurs dans la limite des prévisions inscrites au budget général, ainsi qu’à mobiliser des emprunts intérieurs et d’autres instruments financiers pour répondre aux charges de l’État. Cette double autorisation reflète une gestion flexible du financement public, cherchant à concilier attractivité des conditions de marché et soutenabilité de la dette.

L’article 40 introduit une approche proactive de la dette intérieure. Le gouvernement pourra émettre de nouveaux emprunts, racheter ou échanger des titres existants, et recourir à des mises en pension des bons du Trésor. L’objectif est clair : optimiser le coût du service de la dette et atténuer les risques liés à la fluctuation des taux d’intérêt.

Dans le même esprit de prudence, l’article 41 autorise l’application d’une réserve de précaution de 15% sur les crédits d’investissement du budget général. Cette mesure vise à garantir une marge de sécurité budgétaire, permettant d’ajuster les dépenses en fonction de l’évolution des recettes et du contexte macroéconomique. En d’autres termes, le gouvernement se dote d’un instrument de pilotage pour prévenir tout dérapage dans l’exécution des investissements publics.

Des moyens importants pour le fonctionnement et l’investissement

Les articles 42 à 44 détaillent la répartition des moyens budgétaires entre les différentes catégories de dépenses. Les crédits de fonctionnement du budget général sont fixés à 347,5 milliards de dirhams, couvrant les dépenses courantes de l’administration publique. Ces montants seront répartis par chapitre conformément aux annexes de la loi de finances.

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S’agissant des dépenses d’investissement, le texte prévoit 215,6 milliards de dirhams de crédits d’engagement, dont 136,1 milliards en crédits de paiement. Ces ressources doivent financer les grands chantiers de développement, l’infrastructure, l’éducation, la santé ou encore la transition énergétique. Ce volume d’investissement témoigne de la volonté du gouvernement de poursuivre la dynamique de relance économique tout en préservant l’équilibre des comptes publics.

Enfin, l’article 44 fixe à 108,2 milliards de dirhams le montant alloué au service de la dette publique, confirmant le poids significatif de cet engagement dans les finances de l’État. Ces crédits, répartis selon le tableau « D » annexé au PLF, couvrent le remboursement du principal et le paiement des intérêts, gage de la crédibilité financière du Royaume sur les marchés.

Pris dans leur ensemble, les articles 36 à 44 traduisent un équilibre délicat entre prudence budgétaire et ambition de développement. La maîtrise de la dette, la gestion prévisionnelle des dépenses et la stabilité des comptes spéciaux témoignent d’un souci de continuité et de rigueur. Mais derrière cette rigueur comptable se dessine aussi une orientation stratégique : consolider les fondements de la croissance tout en préservant la soutenabilité des finances publiques.

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