Le pape François s’est éteint, laissant derrière lui un héritage de paix, de dialogue et de solidarité. Au Maroc, sa mémoire reste vivante, marquée par des gestes forts envers un peuple qu’il n’a jamais cessé de soutenir.

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La nouvelle du décès du pape François, survenu ce matin à Rome à l’âge de 88 ans, résonne comme la fin d’une ère pour des millions de fidèles à travers le monde. Premier pape issu d’Amérique latine, Jorge Mario Bergoglio aura marqué son temps par son humilité, son ouverture et sa volonté constante de dialogue. Parmi les moments forts de son pontificat, sa visite historique au Maroc en mars 2019 reste un symbole puissant de rapprochement interreligieux et d’espérance partagée entre les peuples.

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Un moment historique

La visite du pape François au Maroc, les 30 et 31 mars 2019, fut un moment fort de son pontificat, symbolisant un engagement sincère en faveur du dialogue interreligieux et de la fraternité entre les peuples. Invité par le roi Mohammed VI, le souverain pontife avait répondu à l’appel avec gratitude, saluant le rôle historique du Royaume dans la promotion de la tolérance et de la coexistence. Reçu avec les honneurs à Rabat, le pape François avait souligné l’importance du «leadership spirituel» du Roi, dont les prières et l’engagement au service du vivre-ensemble avaient, selon lui, une valeur précieuse pour le monde.

Le point culminant de cette visite a sans doute été la déclaration conjointe signée par le pape François et le roi Mohammed VI sur Jérusalem. Les deux chefs religieux avaient réaffirmé «l’unicité et la sacralité» de la ville sainte, en tant que «patrimoine commun des trois religions monothéistes». Un message à forte portée symbolique dans un contexte géopolitique toujours tendu au Proche-Orient. Au cœur de son discours, le pape a aussi insisté sur la nécessité d’un dialogue sincère entre musulmans et chrétiens. Il a salué «les efforts du Maroc pour promouvoir un islam modéré, ouvert à la diversité et respectueux des droits de l’Homme», citant notamment l’expérience de l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams. Dans l’enceinte monumentale de l’esplanade de la Tour Hassan, devant des milliers de personnes, il a appelé à ne pas céder à la peur de l’autre : «Le respect de l’autre n’est pas une faiblesse, mais une victoire contre l’intolérance», a-t-il affirmé.

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Sur cette même esplanade, le roi Mohammed VI avait délivré un discours à la portée universelle, saluant la présence du Saint-Père comme un «acte de foi en l’avenir» et un appel commun à la paix. «En tant que Commandeur des Croyants, je partage avec le Saint Père la conviction d’une spiritualité agissante, au service du bien commun», avait affirmé le Souverain. Cette rencontre au sommet entre deux figures spirituelles majeures s’est inscrite dans une volonté partagée de défendre les valeurs humaines face aux replis identitaires. Elle reste l’un des temps forts du pontificat de François, à la fois spirituel et politique, salué bien au-delà des frontières marocaines.

La visite avait également une dimension pastorale forte. Le pape François avait rencontré la petite communauté catholique du Maroc, environ 30.000 fidèles, et célébré une messe à Rabat, dans une ambiance empreinte de ferveur et d’émotion. Le père Daniel Nourissat, curé de la cathédrale de Rabat, garde un souvenir ému de ce moment : «Nous avons vu François grimper les marches de la cathédrale, venir jusqu’à nous, nous saluer très chaleureusement, et immédiatement aller prier un petit moment devant le Saint-Sacrement». Pour beaucoup, cette visite a insufflé un nouvel élan missionnaire à l’Église du Maroc, qui œuvre discrètement mais activement au sein de la société.

Une voix de soutien pour le Maroc

Au-delà de sa visite historique en 2019, le pape François a maintenu des liens sincères avec le Maroc, témoignant à plusieurs reprises de sa solidarité avec le peuple marocain. Son regard bienveillant sur le Royaume et ses élans de compassion ont marqué les esprits, bien après son passage à Rabat.

En février 2022, alors que le pays retenait son souffle face au drame de l’enfant Rayan, tombé dans un puits à Chefchaouen, le souverain pontife avait salué l’union et la mobilisation exemplaire des Marocains. Depuis Rome, il avait évoqué «un peuple uni dans l’effort et la prière», rendant hommage à cette émotion collective qui avait saisi le monde entier.

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Un an et demi plus tard, en septembre 2023, à la suite du séisme meurtrier qui a frappé la région d’Al Haouz, le pape François avait de nouveau exprimé sa proximité avec le Maroc. Dans un télégramme adressé au roi Mohammed VI, il présentait ses condoléances les plus attristées aux familles endeuillées, assurant de ses prières pour les victimes et les secouristes.

Aujourd’hui, à l’annonce de sa disparition, le Maroc rend hommage à un homme de foi et de paix, dont la mémoire reste vive dans les cœurs. Jorge Mario Bergoglio, premier pape jésuite et sud-américain, restera dans les annales comme un artisan du dialogue interreligieux, un défenseur des plus vulnérables, et un ami fidèle du Royaume.

 

 

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